avril 24, 2024

Books of Blood – Un Peu de Barker

De : Brannon Braga

Avec Britt Robertson, Freda Foh Shen, Nicholas Campbell, Anna Friel

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Mary, une brillante psychologue mystico-sceptique fait face à la mort de son fils de 7 ans. Son nouvel amant, Simon, la convainc de pouvoir parler à son fils mort. Ses certitudes sont chamboulées… Au même moment, Jenna, une fille qui souffre de misophonie – une aversion pour les bruits – se met en route pour Los Angeles. Parallèlement, Bennett, un tueur professionnel apprend de la bouche de sa dernière cible, l’existence d’un livre à la valeur inestimable… Afin de le récupérer, Bennett va devoir affronter des menaces surnaturelles.

Avis :

Scénariste depuis les années 90, Brannon Braga est surtout connu pour son travail sur la franchise Star Trek. De l’écriture de quatre saisons de Star Trek Voyager à l’intégralité de Enterprise, il va passer à la réalisation sur la série Cosmos, puis sur quelques épisodes de la série Salem avant d’entamer celle de The Orville. Books of Blood est donc son premier film, et qui plus est, son premier film dans un genre horrifique. Edité entre 1984 et 1985 en Angleterre, les Book of Blood de Clive Barker sont devenus des références dans l’horreur contemporaine, ce qui a donné un premier film en 2009, intitulé sobrement, Le Livre de Sang. Ici, le mot livre est au pluriel, puisque Brannon Braga a décidé de livrer trois courtes histoires qui se recoupent pour former un film entier. Est-ce là une bonne idée ? Il faut croire que oui.

Misophonie

Après une introduction tonitruante où un type égorge un libraire après lui avoir soustrait une information, on va faire la rencontre de Jenna, une jeune fille atteinte de misophonie. Elle ne supporte pas le bruit et souffre d’un grand stress, surtout quand sa mère lui parle. Elle décide alors de fuguer vers Los Angeles et s’arrête dans une maison d’hôtes, avec des propriétaires d’une grande gentillesse. Cependant, Jenna va découvrir des choses étranges dans cette maison et le segment va nous offrir un retournement inattendu et d’une grande violence. Sans jamais tomber dans le fantastique, si cher à l’auteur des livres, ici, on plonge dans une sorte de thriller qui vire à l’horreur, avec des éléments saisissants et quelques plans qui nous feront frémir. La résolution de ce segment est assez impressionnante et on est agréablement surpris par la tournure des choses.

Car oui, le démarrage est tout de même assez laborieux. Jenna est une jeune fille pénible, qui souffre vraiment de son handicap, mais qui ne fait rien pour combattre cela. Elle est plus victime, mais souhaite vivre comme tout le monde. Ou tout du moins, elle voudrait que tout le monde fasse des efforts pour elle. Heureusement, petit à petit, on va se rendre compte de sa souffrance, de son passé traumatique et de sa mère qui s’en fout. Le segment prend le temps de construire son personnage et cela peut parfois être un poil longuet. D’autant plus que la suite des évènements est forte, avec un twist dingue et un couple d’hôteliers qui cache bien son jeu. Les effets de peur sont sordides et fonctionnent à plein régime, permettant même au réalisateur de livrer quelques plans solides. Seule grosse ombre au tableau, Britt Robertson qui en fait des caisses.

Livre de Sang

Une fois le premier segment terminé, on va faire la rencontre d’une psychologue qui va perdre son enfant de sept ans d’une leucémie. Bouleversée, elle va faire la rencontre de Simon, un beau jeune homme qui prétend être capable de discuter avec les morts, dont son fils. Après une expérience traumatisante, Mary va tomber amoureuse de Simon. Mais elle va vite découvrir son secret, ce qui l’amènera à une vengeance froide et cruelle. Ce deuxième segment est un peu plus complexe à appréhender, et cela pour deux raisons. La première est qu’il fonce tête baissée dans le fantastique, avec un homme capable de parler aux esprits. On se retrouve donc avec tous les tropes propres à ce genre de film, à savoir des lettres de sang, un type qui convulse et des apparitions fantomatiques. La rupture avec l’histoire d’avant est brutale, surtout que cela se passe dans le même quartier.

La deuxième chose un peu troublante, c’est la narration complètement éclatée de l’histoire. On va faire des allers-retours incessants sans que cela ne soit indiqué, et il va falloir être attentif pour ne pas être largué. Mais le jeu en vaut la chandelle, puisqu’à chaque fois l’histoire nous rattrape et bénéficie d’un final grandiloquent, aux images puissantes et à la finalité cruelle. Le crime ne paie pas, surtout quand on s’attaque à une femme blessée. Visuellement, ce segment tente plus de chose et offre même quelques moments gores assez dérangeants. Non pas que ce soit sale, mais ça fait mal et on souffre pour le bonhomme. Personnage directement connecté au troisième segment, qui suit le personnage de l’introduction, ce voyou qui cherche un livre valant un million de dollars, soit Le Livre de Sang. On aura ici une aura malsaine dans un quartier délabré, profitant à une ambiance mortifère.

Connexion

Le film ne lésine pas trop sur sa conclusion avec ce troisième et dernier segment. Les choses s’embrayent assez vite et font liant entre les trois histoires. En effet, le livre que recherche Bennett dans ce troisième segment n’est autre que Simon, le personnage de la deuxième histoire, et alors que Bennett cherche à fuir ce quartier maudit, il tombe dans la maison du couple du premier segment, pour y finir son périple. Le film se conclut alors sur une note désespérée et nihiliste au possible, qui renvoie immédiatement à l’absurdité de l’être humain et à son incapacité à être rassasié. Ici, la recherche de calme et d’obscurité atteint son paroxysme sur un final à la fois poétique et glaçant, tout ce qui représente Clive Barker en quelques mots. D’ailleurs, le plan final du métrage fait écho au cinéma fantastique des années 80, rendant même quelque chose de malsain.

Au final, sans être un incroyable film d’horreur, Books of Blood remplit parfaitement son contrat et ne trahit jamais vraiment l’œuvre de Clive Barker. Si on peut lui reprocher des longueurs en son début et un premier segment qui prend trop de place en l’absence d’éléments fantastiques, le film de Brannon Braga tient largement la route, surtout en cette période de vache maigre, et contient son lot de moments assez flippants. Alliant le thriller au film de fantôme, en partant même sur le fantastique ésotérique, Books of Blood est une bonne surprise assez étonnante, qui ne fait pas beaucoup de bruit…

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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