De : Coz Greenop
Avec April Pearson, Lynne Anne Rogers, Toby Osmond, Jon Campling
Année : 2017
Pays : Angleterre
Genre : Horreur
Résumé :
Amy part retrouver son ancienne amante dans un phare loin de tout. Elle y retrouve la fille de cette dernière, Maya, qui ne parle plus depuis la mort de son père. Très vite, Amy se rend compte que tout ne tourne pas rond en ce lieu.
Avis :
Etre indépendant dans le cinéma, cela comporte des avantages qui ne sont pas négligeables. On peut faire ce que l’on veut sans pour autant être brimé par des producteurs un peu frileux ou des exigences de studio. Cela peut donner lieu à de véritables envolées créatives et des délires visuels incroyables. Mais cela a aussi ses inconvénients. Des budgets plus que limités, des acteurs pas toujours au top et surtout une validation d’idées parfois complètement farfelues, voire débiles. Dark Beacon est donc un film d’horreur indépendant qui vient tout droit d’Angleterre et qui n’a pas fait grand bruit depuis sa sortie en VOD et dans différents festivals. Et on peut comprendre aisément pourquoi. Outre le fait que le scénario soit un vide abyssal, Dark Beacon souffre d’un rythme lénifiant, d’acteurs tâtonnants et surtout, d’une direction artistique complètement aux fraises. Il en résultat donc un métrage qui dure à peine 1h10 et qui semble pourtant en durer trois heures, avec pour ligne de fond, une histoire d’amourette et de suicide qui ne tient absolument pas la route.
Pour la faire courte, on va suivre Amy, une jeune femme qui souhaite rejoindre son ex petite amie qui vit dans un phare éloignée de tout. Alors qu’elle arrive sur place, l’ambiance est glaciale et elle fait la connaissance de Maya, la fille de son ex (mais dont elle est encore secrètement amoureuse) qu’elle a eu avec un homme, bien évidemment, mais qui ne parle pas. Alors que le train-train quotidien s’installe dans le phare, certains démons ne vont pas tarder à resurgir, comme le père de Maya en version zombie et une sombre histoire de possession. Bref, on ne comprend pas grand-chose à tout ça, mais Amy va tout faire pour sauver Maya des griffes de sa mère qui perd pied petit à petit. Dark Beacon est le genre de film qui va essayer plusieurs choses pour susciter l’empathie et la crainte, mais qui ne va jamais réussir à toucher le spectateur. Le principal problème vient de la caractérisation des personnages qui sont monolithiques. On aura droit à un triangle amoureux en flashback qui doit impacter sur ce qui se passe dans le présent, mais rien ne sera vraiment clair. On tombe dans une histoire de jalousie, avec un homme tellement jaloux qui préfère le suicide avec sa femme que de la laisser dans les bras d’une autre femme, et cela va avoir des conséquences sur la vie familiale. C’est très obscur et le film fait exprès de rendre l’ensemble très flou histoire de jouer au petit malin.
Sauf qu’en faisant ainsi, le film se fourvoie complètement et perd plus le spectateur qu’autre chose. Non seulement on s’ennuie, car le film n’avance pas, sclérosé dans son décor fainéant et ses trois personnages insipides, mais en plus de cela, il ne pointe pas du doigt les sentiments forts qui unissent ses femmes. Plutôt que de faire front commun, les deux femmes vont se désirer rapidement puis se détester pour avoir l’amour de la petite fille muette. On n’y comprend goutte, tout va très lentement ou bien trop vite. La découverte d’une chambre fermée n’y changera rien, les explications en flashback ne servent qu’à rendre l’ensemble un peu plus compréhensible sans pour autant nous attacher aux personnages. Bien au contraire, on va vite avoir envie de les voir mourir dans d’atroces souffrances. Ce qui ne sera jamais le cas, la faute à un scénario indigent et une absence de montée en pression. Le film échoue là aussi à créer de la peur alors que le décor s’y prête à merveille.
Le réalisateur n’exploite jamais son phare et ses décors naturels, préférant filmer de jour, même quand on nous dit qu’il fait nuit et n’arrivant pas à créer une ambiance angoissante. Les quelques plans du père en mode zombie des mers sont expédiés manu militari certainement à cause d’un maquillage hasardeux et la montée de la musique ne se fait qu’avec des plans éloignés pour montrer une silhouette ou encore pour faire croire à une apparition soudaine mais qui prend des plombes à arriver. L’aspect le plus intéressant aurait été l’espèce de possession de la mère, ou tout du moins sa folie grandissante, car là aussi, le film laisse un énorme flou et on ne comprend pas bien ce qu’il se passe. Malheureusement, la prestation est acteurs est calamiteuse, à un tel point que l’on va se surprendre à rire plutôt que d’être inquiété. D’ailleurs, les personnages sont tellement antipathiques que l’on ne peut que se réjouir de ce qui arrive à la fin. Cependant, là aussi c’est mal foutu, essayant d’enchainer une blessure avec une course-poursuite, et à l’image, c’est tout aussi lénifiant, Coz Greenop n’arrivant pas à trouver un axe intéressant ou une énergie désespérée pour sauver son film. Le plan final sera d’ailleurs complètement ridicule, avec une volonté de créer un sursaut, mais on restera de marbre face à un réalisateur qui veut jouer au petit malin et qui livre un film indigne d’un youtubeur.
Au final, Dark Beacon tire plus de l’arnaque que du vrai film d’horreur, voire du film tout court. Refusant obstinément un côté sulfureux ou un côté horrifique, le réalisateur livre un film indépendant qui essaye de se prendre la tête sans jamais voir qu’il nage dans la bêtise crasse. Rien n’est vraiment intéressant dans ce film, les psychologies des personnages sont à peine esquissées et les relations sont complètement improbables. Il réside dans ce film un non-sens incroyable, que ce soit dans l’écriture du scénario, des personnages, ou même dans la mise en scène. Bref, une purge.
Note : 01/20
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Par AqME