mars 28, 2024

Spider-Man

De : Sam Raimi

Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Willem Dafoe

Année : 2002

Pays : Etats-Unis

Genre : Super-Héros

Résumé :

Orphelin, Peter Parker est élevé par sa tante May et son oncle Ben dans le quartier Queens de New York. Tout en poursuivant ses études à l’université, il trouve un emploi de photographe au journal Daily Bugle. Il partage son appartement avec Harry Osborn, son meilleur ami, et rêve de séduire la belle Mary Jane.
Cependant, après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée, Peter voit son agilité et sa force s’accroître et se découvre des pouvoirs surnaturels. Devenu Spider-Man, il décide d’utiliser ses nouvelles capacités au service du bien.
Au même moment, le père de Harry, le richissime industriel Norman Osborn, est victime d’un accident chimique qui a démesurément augmenté ses facultés intellectuelles et sa force, mais l’a rendu fou. Il est devenu le Bouffon Vert, une créature démoniaque qui menace la ville. Entre lui et Spider-Man, une lutte sans merci s’engage.

Avis :

Sam Raimi est un réalisateur qui s’est fait un nom dans le domaine de l’horreur. Avec des films comme Evil Dead, il a marqué aux fers rouges l’histoire du cinéma horrifique. Mais le cinéaste ne s’est pas uniquement contenté de raconter des histoires à faire peur, allant voir du côté du policier cartoonesque avec Mort sur le Gril, ou encore du western foutraque avec Mort ou Vif. Fan de comics, il fait ses premiers pas dans l’univers des super-héros en 1990 avec Darkman. Douze ans plus tard, il va faire des pieds et des mains pour mettre en images Spider-Man, son héros favori. Il va convaincre les producteurs de le prendre en mettant en avant le côté humain du héros, ne voulant pas d’un film qui aligne les effets spéciaux. Alors 18ème sur la liste des réalisateurs, il va coiffer au poteau des noms comme David Fincher ou Ang Lee.

Une araignée au plafond

Le pari le plus difficile pour Sam Raimi était de retranscrire le comic au plus près, afin de rester fidèle à l’œuvre matricielle. Créé dans les années 60 par Stan Lee et Jack Kirby, Spider-Man est une figure importante de l’univers Marvel, et peut-être celui auquel il y a le plus d’attachement. Ainsi donc, le réalisateur se devait d’être fidèle aux écrits de l’homme-araignée, tout en rendant un film dynamique avec des thématiques importantes. Pour ne pas tomber dans le piège de l’origin story sans ampleur, Sam Raimi a su mettre en avant son personnage pour le rendre empathique, et surtout, pour lui montrer qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Le film aboutira donc à une réussite, notamment grâce à l’écriture de son personnage principal, Peter Parker. Un adolescent un peu gauche, maladroit avec les filles, et qui se fait embêter par les brutes de son école.

A partir de cette introduction qui montre un jeune adulte mal dans sa peau, fou amoureux de sa voisine, Sam Raimi va montrer, par petites saynètes, l’apprentissage d’une nouvelle vie, les bienfaits de ces super-pouvoirs, mais aussi les déboires que cela peut entrainer. Loin d’être monolithique, Peter Parker se redécouvre, s’apprivoise et commet aussi des erreurs dans cette nouvelle vie, se rendant compte que brutaliser ses harceleurs n’est pas forcément la solution aux yeux de tous. Pire, il apprendra aussi qu’être revanchard peut coûter cher, en témoigne la terrible scène où son oncle se fait abattre par un voyou qu’il a laissé sciemment fuir. Le cinéaste offre un personnage au chemin tortueux, mais qui apprend, évolue en même temps que le spectateur, et commence à entrevoir le chemin de la bienveillance, notamment lorsque le Bouffon Vert fait son apparition. Un bad guy qui, lui aussi, a ses cicatrices.

Bouffon vert et compagnie

Car Spider-Man n’est pas le seul personnage travaillé et tous les protagonistes, même secondaires, bénéficient d’une écriture particulière. Ainsi donc, Norman Osborn va devenir fou, la faute à un traitement expérimental qu’il s’injecte afin de ne pas se faire couper les subventions par l’armée. Il deviendra alors schizophrène, un fou qui se venge de son sort en tuant des personnalités politiques. Tiraillé entre son rôle de père et son envie de vengeance, il se perd complètement et se laisse bouffer par son côté obscur. Nous voilà face à une belle alternative du Dr Jekyll et Mr Hyde. On peut aussi compter sur Mary-Jane, une jeune femme dont la vie est triste et terne et qui trouve en Peter Parker (et Spider-Man), une bulle d’air frais la sortant de son quotidien. Son idylle aura des conséquences sur la vie de Spider-Man, mais aussi sur sa relation avec son meilleur ami.

Un meilleur ami qui possède aussi son bagage, avec une relation qui s’étiole avec son père, et qui crée un sentiment de jalousie en l’encontre de Peter Parker, plus doué et qui fait briller les yeux de son paternel. Sam Raimi ne laisse personne sur le bas-côté et peaufine son écriture, que ce soit dans les personnages eux-mêmes, ou encore dans leurs relations. Mais ce n’est pas tout, ce qui fait que ce Spider-Man soit une réussite, c’est sa qualité de ne pas en faire trop et d’utiliser des bribes de conversations pour créer un environnement qui a de l’épaisseur. L’idylle entre Peter et MJ est possible car on évoque un joli passé au détour d’une conversation. On croit en l’amitié entre Peter et Harry car on nous raconte brièvement leur jeunesse commune.

Le film ne s’éternise pas sur certains points, mais évoque, à des moments clés, un passé qui permet de construire des choses solides sur moins de deux heures. Chose qui manque cruellement aux films de super-héros d’aujourd’hui, qui durent plus de 2h30…

Pas une ride

Enfin, le film continue de tirer son épingle du jeu par deux aspects, sa technique irréprochable et ses instants de bravoure. Le métrage n’est pas avare en action et certains moments restent en tête, comme ce choix dichotomique sur le pont, ou encore cette fin qui met en scène un combat à mort entre Norman Osborn et Peter Parker. Sam Raimi le sait, il faut du dynamisme, mais aussi garder à l’esprit que l’on sur une adaptation de comics. Son découpage rappelle bien évidemment les cases de la BD américaine, et certains passages continuent de marcher aujourd’hui. Les effets visuels sont beaux et n’ont quasiment pas vieilli. Que ce soit Spider-Man qui virevolte sur les immeubles, ou l’arrivée du Bouffon Vert sur son aéroplane, tout cela reste crédible, alors que le film vogue sur ses vingt ans d’existence. Sam Raimi est un artisan qui a un œil incisif.

Au final, ce premier Spider-Man est une véritable réussite, et certainement la meilleure adaptation à ce jour. Sam Raimi reste très fidèle au matériau de base et tisse une intrigue à la fois intimiste et grandiloquente. Le réalisateur trouve le parfait compromis entre des personnages très travaillés et empathiques et des séquences d’action épiques qui restent, à ce jour, prenantes. Ne tombant jamais dans le piège de la démonstration ou dans l’accumulation d’action et d’humour lourdingue, le cinéaste explore ses personnages, leur donne vie et permet d’installer un univers solide, cohérent, et qui va connaître un succès fulgurant.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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