mars 28, 2024

Monster Hunt

Titre Original : Zhuo Yao Ji

De : Raman Hui

Avec Bai Baihe, Jing Boran, Wu Jiang, Elaine Jin

Année : 2015

Pays : Chine, Hong-Kong

Genre : Fantastique, Aventure

Résumé :

Dans un passé lointain, les hommes et les monstres vivaient dans la paix et en harmonie jusqu’au jour où̀ les hommes chassèrent les monstres de leurs terres. Le jeune maire d’un village, enceint du bébé́ de la reine des monstres rencontre une apprentie chasseuse de monstres. Le couple va alors devoir protéger le bébé́ recherché tant par les hommes que par les monstres.

Avis :

Quand on évoque le nom de Raman Hui, cela n’évoque pas grand-chose au commun des mortels. Pourtant, il s’agit d’un nom que l’on retrouve chez Dreamworks dès les années 2000, notamment parce qu’il est le superviseur des effets spéciaux sur Shrek, mais aussi et surtout parce qu’il est le réalisateur du troisième opus des aventures de l’ogre vert. C’est d’ailleurs avec ce film qu’il fait ses premiers pas dans la réalisation, enchaînant ensuite avec deux courts-métrages toujours dans le monde de Shrek et un autre long, Shrek, Fais moi Peur en 2010. Pour ravoir des nouvelles du cinéaste, il faudra patienter cinq ans, puisqu’il repart dans son pays d’origine, la Chine, et se lance dans la réalisation d’un film live, Monster Hunt. Succès phénoménal dans les salles chinoises, Monster Hunt va pourtant avoir le cul entre deux chaises, nous laissant dubitatif sur le résultat final.

Entre Moche et Beauté

Bien avant le scénario, qui reste très simpliste, la première chose qui frappe quand on regarde le film, c’est la faiblesse de ses effets spéciaux. On voit rapidement les images de synthèse, on devine aussi que le budget n’a pas dû être très élevé, ceci expliquant cela. Néanmoins, l’entrée en matière fait très mal aux yeux. On nous explose un monde de monstres, qui mène une guerre sans merci, avec une reine enceinte qui doit fuir son monde pour rejoindre celui des hommes. Malgré la date de sortie du film (2015), on reste dans quelque chose de simplement affreux. Les monstres n’ont aucune texture, l’incrustation sur les paysages est hideuse et on va avoir du mal à prendre cela au sérieux. Le film loupe complètement son introduction, au point que l’on puisse avoir envie d’appuyer sur le bouton stop de la télécommande.

Pour autant, il faut se forcer un peu, car du point de vue de la mise en scène, le film va falloir le coup au fur et à mesure de son déroulement. Lorsque l’on lâche un peu les monstres et que le film oublie ses CGI affreux, on retombe sur quelque chose d’honorable, voire de très beau. Les décors naturels sont superbes, on navigue dans un esprit féodal plutôt plaisant, et surtout, il y a une belle mise en valeur de la part du réalisateur. Les plans larges sont chouettes, laissant alors la caméra respirer pour mieux nous imprégner d’un bel univers. Même en intérieur, dans des endroits plus intimistes, il y a un réel effort pour rendre l’ensemble beau. Et cette dichotomie, on va la retrouver aussi dans le scénario, dans le ton du film et dans certains passages qui oscillent constamment entre génie créatif et blagues ostentatoires.

Manque d’équilibre

L’histoire du film est assez simple à comprendre. Les monstres et les hommes vivent sur deux terres bien distinctes et ils n’ont pas le droit d’aller sur la terre des autres. Sauf que chez les monstres, une guerre fait rage et la reine est obligée de fuir chez les hommes pour mettre son bébé à l’abri. Du côté des hommes, depuis cette trêve, les chasseurs de monstres sont au chômage. Le nouveau roi sait que le fils de la reine est sur le continent des hommes et il lance une chasse pour le retrouver et le faire déguster dans son grand restaurant. Au milieu de tout ça, une chasseuse de monstres va se lier d’amitié avec un tavernier un peu gauche et ensemble, ils vont tout faire pour protéger le bébé. Bref, c’est simple à suivre et la narration linéaire ne va rien compliquée, ce qui est un plus.

Mais il réside dans le film des ruptures de tons qui sont assez malvenus. Si la majorité du métrage s’adresse à un public plutôt jeune, avec des blagues lourdingues et de l’action à gogo, on va vite se rendre compte que certains passages sont un peu trop osés. On pense bien évidemment à l’accouchement du tavernier, qui doit montrer son sexe à la chasseuse et qui font des jeux de mots sur le cordon ombilical qu’il faut couper. C’est de très mauvais goût et cela s’insère très mal dans le récit. Certains passages frôlent aussi le ridicule, comme le coup du bébé qui marche sur les poutres, ou encore la bagarre pour faire cuire ce pauvre bébé monstre, qui va en faire voir de toutes les couleurs aux cuisiniers. Le film ne se positionne jamais sur son public cible, et surtout, il ne va jamais trouver un juste équilibre.

Arts martiaux

Et ce qui est très étonnant, c’est que malgré le manque de justesse dans le ton, malgré des effets spéciaux désastreux, malgré un côté enfant à moitié assumé, Monster Hunt se montre généreux et maîtrisé, notamment lorsqu’il faut aborder des séquences de combat. Et là, ça envoie du lourd. Les séquences sont belles, la mise en scène est claire et les combats sont lisibles. Même lorsque viennent s’ajouter des effets spéciaux douteux, avec des monstres tout moche. On retrouve d’ailleurs cette patte chinoise, avec des personnages qui volent presque lorsqu’ils font des sauts, mais cela rajoute un aspect épique intéressant et une certaine densité dans les affrontements. Et on retrouve des armes exotiques aussi, ce qui est intéressant d’un point de vue graphique.

Au final, Monster Hunt est un film qui souffle le chaud et le froid et qui risque d’en rebuter plus d’un. Doté de monstres ridicules et mal fichus, d’un scénario qui frôle souvent le ridicule et d’une tonalité pas toujours juste, le premier film live de Raman Hui avait tous les ingrédients pour se ramasser. Pour autant, avec un rythme effréné, une bonhommie joviale communicatrice et des combats savamment orchestrés, on ne s’ennuie jamais vraiment devant ce métrage imparfait, mais pourtant presque attachant dans ses maladresses. Reste à savoir ce que vaut le deuxième opus, puisqu’avec son succès en salles, il fallait bien qu’un deuxième film voit le jour.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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