avril 26, 2024

La Cité des Dangers

Titre Original : Hustle

De : Robert Aldrich

Avec Burt Reynolds, Catherine Deneuve, Paul Winfield, Ben Johnson

Année : 1976

Pays : Etats-Unis

Genre : Policier

Résumé :

Gloria Hollinger est retrouvée morte sur une des plages de Malibu. Sur les instances de son supérieur, Philip Gaines, le lieutenant chargé de l’enquête, est sur le point de classer l’affaire en pensant qu’il s’agit d’un suicide. Cependant, il poursuit officieusement ses recherches à la demande des parents de la victime.

Avis :

Immense cinéaste américain, Robert Aldrich fait partie de ces réalisateurs légendaires, qui ont laissé derrière eux une filmographie des plus passionnantes à découvrir qui ne comporte pas moins de trente titres. Entrant dans la dernière période de sa vie, Robert Aldrich, qui a vu passé les plus grands devant sa caméra, va tourner coup sur coup deux films avec Burt Reynolds. Et deux films qui sont à l’opposé l’un de l’autre, puisque Aldrich, en touche à tout, fera une comédie, « Plein la gueule » (comédie qui aura un remake en 2005, « Mi-temps au mitard« ) et un film noir avec « La cité des dangers« .

Et c’est sur ce deuxième film que l’on va s’arrêter aujourd’hui. Film d’enquête, tenu par un duo improbable, Burt Reynolds et Catherine Deneuve, « La cité des dangers » s’est révélé être un film très surprenant, car s’il a vieilli d’un côté, il demeure résolument moderne et beau dans certains pans de son intrigue. Prenant et rythmé, cette enquête à « tiroirs », qui peut faire penser au « Hardcore » de Paul Schrader, aura su tenir ses promesses jusqu’à son final, et quel final d’ailleurs !

Une jeune femme est retrouvée morte un matin sur une plage de Malibu. C’est Philip Gaines qui sera en charge de l’affaire. Très vite, l’enquêteur s’oriente sur la piste d’un suicide. Sur le point de classer l’affaire, ce dernier, touché par les parents de la victime, va officieusement pousser son enquête et c’est ainsi qu’il va découvrir le portrait d’une jeune femme plus complexe qu’elle n’en avait l’air. Par conséquent, son enquête va elle aussi être plus complexe…

Ce soir-là, je me suis engouffré dans ce polar avec une grande curiosité face à son casting qui réunissait donc Burt Reynolds et Catherine Deneuve. Aimant le cinéma de Robert Aldrich, je ne peux pas dire non plus que j’attendais grand-chose de ce film, pensant trouver finalement une petite série B presque lambda et à ma grande surprise, « La cité des dangers« , sans être l’un des meilleurs films de son réalisateur, s’est posé comme un excellent et surtout surprenant polar.

S’il est clair que le film a pris un petit coup de vieux, notamment dans certains pans de sa réalisation, qui sonne aujourd’hui comme vieillotte, mal fichue, et parfois même assez étrange, tenant un sacré décalage par exemple entre ce qui se passe à l’écran et dans l’histoire et le choix d’une BO guillerette, qui ne convient absolument pas. Deux salles, deux ambiances qui essaient de cohabiter et c’est laborieux.

Mais voilà, ces petits défauts ici et là, mis bout à bout, vont finalement être bien peu face aux qualités que le film peut avoir. Et la première, et plus belle, de ses qualités, c’est son écriture et ce que « La cité des dangers » va nous raconter.

Le film de Robert Aldrich va être bien plus qu’un simple polar, avec son enquête à résoudre. « La cité des dangers« , c’est plusieurs histoires en une, et c’est ce qui va faire tout son charme et son intérêt. Ainsi donc, d’un côté, il y a cette enquête qui, au fur et à mesure qu’elle se dessine, va se fait plus complexe, plus prenante, plus touchante, plus dure, bref, elle s’aventure sur plusieurs sentiers intéressants. Fait de petits indices et de petits doutes, on se laisse très volontiers balader par son réalisateur qui petit à petit va nous emmener vers un final assez osé, qui apportera une saveur supplémentaire au film. Un final qui posera plusieurs questions intéressantes (des questions qui auraient même mérité qu’on s’y arrête bien plus).

Puis derrière son enquête, « La cité des dangers » développe aussi des sous-intrigues qui vont être toute aussi intéressantes que l’enquête. J’aurais même tendance à dire que lorsque le film s’aventure à peindre le portrait de son couple, il se fait bien plus touchant et intéressant. Il y a quelque chose de résolument moderne dans la façon de parler du couple, de l’amour et des concessions et autres faits qu’on peut accepter (ou non) par amour. Et d’ailleurs, le film se paye le luxe d’un double final, concluant aussi, après son enquête, son couple, ce qui apportera une touche d’émotion très surprenante, qui pour le coup, me rend le film encore plus beau et assurément inoubliable.

Du côté de sa réalisation, « La cité des dangers » est un film qui est là encore surprenant. Alors que les polars américains des années 70 sont souvent violents, sales et percutants, Robert Aldrich livre un film qui est tout autre. Un film qui prend son temps, et qui, s’il demeure noir dans l’histoire qu’il raconte, se permet surtout d’être mélancolique, car Robert Aldrich s’intéresse beaucoup à peindre son couple, et leur relation, ce qui rend le film très beau. Un film qui est aussi étonnant sûrement à cause de la présence de Catherine Deneuve, se faisant très français en un sens, puisque dans « La cité des dangers« , on écoute du Charles Aznavour, on va voir du Lelouch au cinéma ou encore, on parle de Paris.

Enfin, on ne peut pas passer à côté de son très bon et très inattendu casting. Ici, Burt Reynolds casse son image de macho, composant un flic impliqué et viril dans son métier, et en privé, un homme amoureux, sentimental et émotionnel. Cette facette de l’acteur est plaisante et touchante à découvrir, d’autant que Reynolds est parfait. Face à lui, on trouvera une Catherine Deneuve en call-girl qui s’assume tel quel. Elle compose un personnage intéressant, qui s’écarte des clichés habituels pour ce genre de rôle. Le duo est très touchant, et se pose comme le cœur du film d’Aldrich. On trouvera aussi çà et là, Paul Winfield, Ben Johnson, Ernest Borgnine, et même un petit rôle pour Robert Englund.

Malgré Aldrich, Reynolds et Deneuve, je n’attendais pas grand-chose de cette « … cité des dangers« et le film fut une très belle surprise. Bien plus subtil et profond qu’une simple petite enquête, le film de Robert Aldrich, malgré un côté vieillot dans sa mise en scène, s’est surtout imposé comme un film moderne et touchant. Bref, un joli coup de cœur, que j’ai d’ores et déjà envie de revoir.

Note : 16/20

Par Cinéted

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