mars 19, 2024

Freud, Passions Secrètes

Titre Original : Freud, The Secret Passion

De : John Huston

Avec Montgomery Clift, Susannah York, Larry Parks, Susan Kohner

Année : 1962

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic, Drame

Résumé :

A Vienne, en 1885, les recherches de Freud sur l’inconscient de ses malades et le sien propre l’amènent à ses principales découvertes et à un scandale qui ébranlera toute la médecine viennoise.

Avis :

John Huston a eu mille vies. Lorsque l’on s’aventure sur sa biographie, on y trouve tout, aventurier, collectionneur d’art, clochard, boxeur, peintre, écrivain, comédien, mais il est surtout connu comme un grand dialoguiste et un immense réalisateur. En tant que cinéaste, John Huston a réalisé une quarantaine de films, parmi lesquels on trouvera des œuvres qui ont marqué le cinéma américain, « Le faucon maltais« , « L’homme qui voulut être Roi« , « Quand la ville dort« , « Dieu seul le sait« , « Misfits, les désaxés » ou encore « Reflets dans l’œil d’or« , pour ne se citer que ceux-là.

Moins d’un an après « Misfits, les désaxés« , John Huston change de registre et réembauche Montgomery Clift, pour cette fois-ci lui donner les traits de Sigmund Freud. Très intéressant (du moins sur le papier), « Freud, passions secrètes » est un film qui tient autant de qualités que de défauts. Partagé à la sortie du film, ce Huston aura su se faire passionnant d’un côté grâce à un Montgomery Clift incroyable, qui tient là son avant dernier rôle avant sa disparition prématurée, et d’un autre côté, cette biographie sur le père de la psychanalyse se fait longuette, parfois confuse et au-dessus de ça, elle se pose comme ennuyante, tant de manière personnelle, le film n’aura jamais réussi à pleinement m’emporter.

1885, Sigmund Freud est un jeune médecin de Vienne qui s’intéresse aux travaux du Professeur Charcot, ce dernier travaillant sur l’hypnose pour soigner certains troubles. Après avoir rencontré Charcot à Paris, Freud rentre à Vienne, et continue ses recherches, malgré l’opposition quasi-générale du corps médical face à l’hypnose. Seul le Docteur Breuer le soutient. S’intéressant au cas d’une patiente, le jeune Freud va alors pousser ses recherches et ainsi développer ses théories qui vont bousculer le monde de la médecine.

Le cinéma aime les personnages historiques et des films sur Freud, il en existe quelques-uns, mais John Huston pourrait bien se poser comme le premier à s’être intéressé au père de la psychanalyse.

S’aventurant dans un tournage des plus difficiles, notamment parce que la santé de Montgomery Clift déclinait à vue d’œil, « Freud, passions secrètes » est un film duquel je ressors assez partagé, car bien des ingrédients réunis sont intéressants, comme cette idée de parler de Freud avant qu’il n’expose ses théories qui vont tout changer, ou encore l’axe du film qui nous fait découvrir les travaux d’un jeune homme qui va se passionner par ce qu’il fait et ose aller envers et contre tous. Si ces ingrédients, ajoutés à la performance magnétique de son acteur principal, sont indéniables, rendant le film intéressant dans ce qu’il raconte, cela n’aura pas été suffisant pour que cette « … passions secrètes » soit le film passionnant comme l’idée même d’un film sur Freud par John Huston pouvait l’être.

Certes, le film creuse son personnage, d’ailleurs, c’est la psychologie de Freud que son réalisateur explore le plus, qui est le plus intéressant ici. Certes, le film nous entraîne en psychanalyse et de ce côté-là, ce qui est très intéressant de voir, ce sont les pensées de l’époque et ce contre quoi Freud a dû batailler pour ne serait-ce qu’exposer ces travaux, et ce qu’il a pu découvrir.

Mais voilà, si tout ceci est intéressant, et même prenant parfois, face à cela, le scénario de « Freud, passions secrètes » a une fâcheuse tendance à se répéter sur deux heures vingt de film. Oui, l’intrigue avance, mais elle avance à petits pas et bien souvent, John Huston construit son film sur la même ligne, c’est-à-dire que son scénario pose un problème, un défi ou une pensée, il explore le tout grâce à de l’hypnose, et ainsi de suite, il renouvèle l’expérience. Ce schéma a tendance à abîmer l’ensemble, car il rend le film de Huston assez plat finalement, et même si ce qu’il raconte est intéressant, on ne peut s’empêcher de voir les minutes défiler sur certaines séquences et plus particulièrement sur la fin, qui donne la sensation de traîner en longueur, pour finalement évoquer ce qu’on sait déjà.

Ce sentiment mitigé, on le trouvera aussi dans sa mise en scène, qui techniquement parlant est parfaite. Dotée d’une lumière sublime, de plans magnifiques, de séquences qui démontrent encore une fois l’étendue du talent de John Huston. Le film peut se vanter aussi d’avoir une ambiance très intéressante, car elle oscille entre drame et tension. Bref, ce « Freud, passions secrètes » est un très bel objet, mais derrière ça, c’est aussi un film qui manque de rythme. Avec un récit plus dynamique, « Freud, passions secrètes » aurait à coup sûr gagné en intensité et il aurait ajouté tout l’intérêt que le film de John Huston n’a pas réussi pleinement à nous offrir.

L’intérêt qu’il nous manque, l’un dans l’autre, on va en partie le combler grâce à la performance passionnante et habitée de Montgomery Clift qui est tout bonnement incroyable dans la peau de Freud. D’ailleurs, l’acteur est si bon, si présent, si marquant, qu’il en vole la vedette à tout le monde tant on ne retient que lui au final. Beau, magnétique, perturbé, névrosé, assumé, curieux, bref, l’acteur livre une grande performance et compose un personnage passionnant dans ses névroses, ses faiblesses et ses fêlures.

Si je ressors, c’est vrai, déçu de ce John Huston consacré à Freud, je ne regrette en aucun cas de m’y être arrêté, tant finalement, au-dessus des longueurs et des répétitions, John Huston livre avant tout un film qui offre un personnage terrible. Un personnage qui, je le répète, est tenu par un immense acteur, qui livre là une très grande performance. Performance encore plus forte quand on sait dans quel état se trouvait Montgomery Clift sur le tournage. Ainsi donc, « Freud, passions secrètes » n’est pas le meilleur des John Huston, mais il reste un petit cru qui mérite qu’on s’y arrête.

Note : 11/20

Par Cinéted

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