décembre 9, 2024

Voyage au Bout de la Terre

Titre Original : Amundsen

De : Espen Sandberg

Avec Katherine Waterston, Pal Sverre Valheim Hagen, Mads Sjogard, Christian Rubeck

Année : 2020

Pays : Norvège

Genre : Biopic

Résumé :

Au début du 20ème siècle, Roald Amundsen n’a de cesse de repousser les frontières des territoires encore inconnus pour l’homme. Fasciné par les pôles depuis l’enfance, il accède à la célébrité lorsqu’il réussit le premier passage maritime entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique à travers l’Arctique. Infatigable explorateur, il s’embarque alors dans sa plus grande expédition, la conquête du Pôle Sud, objet de convoitise de tous les aventuriers…

Avis :

On ne parle jamais assez de la richesse du cinéma norvégien actuel. Erik Poppe, Joachim Trier, Roar Uthaug, André Øvredal, Mikkel Braenne Sandemose, Ole Giæver et d’autres encore sont des auteurs qui démontrent, si besoin est, qu’on devrait bien plus souvent s’arrêter sur le cinéma norvégien et plus largement sur le cinéma nordique. Parmi les cinéastes norvégiens, il y a un duo qui nous a offert de très belles heures de cinéma. Ce duo, c’est Espen Sandberg et Joachim Rønning. Ensembles, outre le plaisir coupable « Bandidas« , ils ont réalisé deux bijoux, « Max Manus » et « Kon Tiki« . Deux films passés inaperçus, qui méritent pourtant tout notre intérêt. Par la suite, le duo a cédé aux sirènes d’Hollywood et sont partis tourner « Pirates des Caraïbes : la Vengeance de Salazar« . Si le film connut un succès, il est aussi le film qui séparera le duo. Joachim Rønning restera aux Etats-Unis et tournera la suite de « Maléfique« , quant à Espen Sandberg, il retournera en Norvège, et nous contera alors les exploits de l’un de ses plus grands explorateurs.

C’est donc trois ans après « Pirates des Caraïbes … » que Espen Sandberg revient et malheureusement ce retour se fait directement en DVD. Après nous avoir raconté les destins de Max Manus, héros de la Seconde Guerre mondiale, et Thor Heyerdahl, un explorateur norvégien qui rallia en radeau, dans les années 40, l’Amérique du Sud à la Polynésie Française, le metteur en scène revient aux sources et cette fois-ci, il va nous conter la vie de Roald Amundsen, un homme parti au début des années 10 à la conquête des deux pôles. Bien que très classique, « Voyage au bout du monde » n’en demeurera pas moins un film beau et majestueux, doublé d’une solide aventure et d’un très beau portrait. Si Joachim Rønning, en restant aux Etats-Unis, aura du mal à convaincre, ce retour au cinéma norvégien pour Espen Sandberg est une belle réussite.

Norvège, 1900, depuis tout petit Roald Amundsen est fasciné par le pôle Nord et ses terres qui demeurent encore un mystère. Adulte, le jeune homme décide alors de se lancer dans une expédition pour découvrir ce qui se cache dans ces terres. Or, il va être devancé par les britanniques. Dès lors, Roald regarde vers le pôle Sud. Sa vie sera alors faite de découvertes, de conquêtes, d’aventures et de rencontres extraordinaires.

Espen Sandberg serait-il le meilleur réalisateur norvégien pour raconter les héros de son pays ? On dirait bien que la réponse est positive tant le metteur en scène, qui avait livré deux très beaux films (dont un qui frôle grandement le chef-d’œuvre) avec son comparse Joachim Rønning, confirme le sentiment avec ce passage en solo derrière la caméra. Pour son premier film seul, Espen Sandberg a décidé de nous conter l’extraordinaire vie de Roald Amundsen, explorateur et héros norvégien, qu’on va se faire un redoutable plaisir de découvrir.

Prenant une idée de narration assez simple, une conversation entre deux personnages qui parlent et brossent le portrait de l’explorateur en question à grands coups de flashbacks, on pourrait être déçu par cette forme de « trame » assez classique et déjà vue finalement. Mais c’est mal connaître Espen Sandberg, qui malgré le classique de son film, arrive sans mal aucun à nous emporter et nous toucher par la vie riche et fantastique de ce personnage, qui n’a aucune frontière et qui en plus de ça, est plus « torturé » qu’il n’en a l’air.

Donc une fois qu’on accepte la trop grande simplicité de cette narration, « Voyage au bout du monde » demeure un film très plaisant et agréable à suivre, et à vivre, tant le réalisateur nous dépayse à plus d’un moment. Ce qui est très bien avec le film de Espen Sandberg, c’est la façon presque documentaire qu’il peut avoir de nous raconter la vie de son personnage. Les conquêtes, l’esprit de découverte, qui se mélange aussi à une certaine forme d’orgueil et d’esprit de compétition. Ces mondes encore inexplorés au début siècle dernier. Les nouvelles technologies et les défis que ces expéditions peuvent engendrer. Puis la vie même de l’explorateur, le pourquoi de ce désir, ses conquêtes, ses difficultés, son orgueil, les relations avec sa famille et notamment son frère. Espen Sandberg peint très bien la vie de cet homme, autant que cet homme lui-même, et nous, spectateur, on se laisse très facilement emporter dans un film qui ressemble, au fur et à mesure des récits, à une odyssée.

Pour incarner son héros, le réalisateur a fait appel à son acteur fétiche, l’excellent et bien trop méconnu Pål Sverre Valheim Hagen. L’acteur qui jouait déjà dans les deux derniers films norvégiens du réalisateur, et qui était même la tête d’affiche de « Kon Tiki« , trouve là un rôle à sa hauteur. Un rôle profond, assez touchant, et bien plus nuancé que le synopsis du film pouvait le laisser paraître. Roald Amundsen est un personnage passionné, téméraire et aventureux, mais c’est aussi un personnage orgueilleux, rancunier et parfois presque au bord de la folie et toutes ces palettes sont parfaitement tenues par Pål Sverre Valheim Hagen. On appréciera aussi, à travers la discussion qui nous raconte le personnage, les comédiens Christian Rubeck, qui incarne le frère de Roald, et l’Anglaise Katherine Waterston, en fiancée de l’explorateur.

Enfin, tout comme « Kon Tiki » l’était, « Voyage au bout du monde » est une invitation à l’aventure et à l’évasion. Le film, s’il est classique dans son montage et son idée de narration, n’en demeure pas moins superbe à regarder. Espen Sandberg livre des plans sublimissimes profitant de ses décors au maximum. On ajoutera à cela des effets spéciaux qui apportent une touche de majestueux à l’ensemble et des effets de maquillage bluffants pour grimer ses personnages qui vieillissent, puisque le film s’étale sur presque quarante ans de vie. Si le montage est facile, le rythme est très bon, et jamais ce qui est raconté n’est superflu. Non, chaque détail des voyages est intéressant, racontant quelque chose sur la difficulté, les conditions ou encore les personnages et les relations qui les unissent ou pas.

Bref, si Joachim Rønning, en restant à Hollywood, s’est quelque peu perdu, ce retour en Norvège d’Espen Sandberg est, lui, excellent. Certes, on aurait préféré un film qui joue moins la carte de la facilité pour raconter son personnage, mais dans ce qu’il raconte, « Voyage au bout du monde » est une belle aventure, et l’on se laisse très (trop) facilement prendre au jeu, au point que ces deux heures passent bien vite. Décidément, le cinéma norvégien mérite vraiment qu’on s’y intéresse et arrête bien plus souvent.

Note : 14/20

Par Cinéted

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