Titre Original : The Mitchells Vs the Machines
De : Michael Rianda et Jeff Rowe
Avec les Voix Originales de Abbi Jacobson, Danny McBride, Maya Rudolph, Michael Rianda
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Animation
Résumé :
Katie Michell, jeune fille passionnée à la créativité débordante, est acceptée dans l’université de ses rêves. Alors qu’elle avait prévu de prendre l’avion pour s’installer à l’université, son père Rick, grand amoureux de la nature, décide que toute la famille devrait l’accompagner en voiture pour faire un road- trip mémorable et profiter d’un moment tous ensemble. Linda, mère excessivement positive, Aaron, petit frère excentrique, et Monchi, carlin délicieusement joufflu, se joignent à Katie et Rick pour un ultime voyage en famille. Mais le programme des Mitchell est soudainement interrompu par une rébellion technologique : partout dans le monde, les appareils électroniques tant appréciés de tous – des téléphones aux appareils électroménagers, en passant par des robots personnels innovants – décident qu’il est temps de prendre le contrôle. Avec l’aide de deux robots dysfonctionnels, les Mitchell vont devoir surmonter leurs problèmes et travailler ensemble pour s’en sortir et sauver le monde !
Avis :
La pandémie aura bien bousculé les sorties en salles de certains films. Outre les reports incessants et incertains, certains métrages ont vu leur destin tomber dans les mains des plateformes de streaming. Comme ce fut le cas d’une des plus grosses sorties pour Sony, Les Mitchell Contre les Machines. Produit par Chris Miller (Shrek) et Phil Lord (La Grande Aventure Lego), mis en images par l’un des responsables de la géniale série Gravity Falls, ce film d’animation avait tous les ingrédients pour devenir un énorme succès en salle. Disponible finalement sur Netflix à la fin du mois d’Avril, Les Mitchell Contre les Machines va tenir toutes ces promesses et même au-delà. Déjanté, drôle, sublime et détenant un fond superbe, le film peut clairement prétendre à être l’un des meilleurs films d’animation de cette année. Pourquoi ?
La technologie, oui mais non
L’histoire du film est assez simple. Une jeune fille souhaite faire des études de cinéma à l’autre bout de l’Amérique, loin de sa famille. Elle ne s’entend pas bien avec son père qui ne comprend pas sa passion, lui étant plutôt un friand de la nature. Alors que les relations sont au plus bas, le père décide de faire un road trip familial pour amener sa fille à son école, espérant ainsi renouer des liens. Malheureusement, dans le même temps, une intelligence artificielle prend le contrôle de robots et souhaite l’extinction de la race humaine. Les Mitchell vont alors devoir faire front commun pour s’en sortir. C’est à partir de ce pitch que l’on va avoir droit à divers thèmes intéressants et intelligents, dont le premier qui tape à l’œil concerne les nouvelles technologies.
Car oui, même si la famille sera le centre névralgique de l’intrigue, il y a dans le film une réflexion dichotomique sur les machines. Et ce n’est pas pour rien que le métrage a un tel titre. Bref, ici, on nous présente les nouvelles technologies comme un potentiel danger. Une intelligence artificielle a des sentiments et va prendre le pouvoir de tous les objets connectés. En un sens, le film nous dit que vivre sans ces machines, sans ces outils, nous mettrait relativement en sécurité. Les connaissances du père en la nature et la survie seront essentielles pour se sortir des différents pièges, et ainsi, on pourrait croire à un film contre l’évolution. Mais ce n’est pas vraiment le cas, puisque derrière ce message, une nuance de taille sera apportée. Celle que la technologie peut aussi servir pour s’en sortir.
Les deux robots qui se reprogramment en son l’exemple même, ou encore les connaissances de la fille en informatique qui vont permettre à l’humanité de s’en sortir. En faisant cela, le film réussit le pari de proposer un message ambivalent et intelligent, qui démontre les pour et les contre de l’utilisation des nouvelles technologies. Mais de facto, ce ne sera pas le message important.
La famille, carte mère
Le premier mot qui arrive dans le titre est le nom de famille des héros. Et ce n’est pas pour rien, puisque derrière ses atours comiques, on aura droit à une jolie chronique familiale. Alors certes, le film veut nous faire croire que les Mitchell sont dysfonctionnels, mais ils ressemblent à une famille lambda. Ils sont imparfaits, un peu fous, avec de nombreuses passionnants, et ils se comparent sans cesse aux voisins qui semblent incarner la perfection (alors qu’ils ne seront qu’une image factice et lisse, en atteste la dernière parole de la voisine). Le film démontre alors que la perfection n’existe pas, n’est qu’une façade, et que les familles les plus folles sont peut-être les plus stables. L’amour règne chez les Mitchell, et cela malgré les tensions. Le film se fait touchant à plus d’une fois, notamment dans la relation père/fille, ce qui est assez rare.
Le plus important dans cette histoire, c’est que même si la fille est le personnage principal, tous les autres membres de la famille ne sont pas occultés. La mère est l’exemple de l’institutrice douce et aimante. Sauf quand on touche à ses enfants, où elle devient un dragon indomptable. Le petite frère, maniaque des dinosaures, est un atout très drôle, mais surtout le seul confident de sa grande sœur, avec qui il partage une complicité touchante. Quant au père, il est ce grand gaillard qui cache ses fissures et ses peurs pour ne pas décevoir ses enfants. Il est le père qui ne comprend pas tout, mais qui essaye de faire de son mieux et a peur pour l’avenir de ses enfants. Pour que ses échecs ne se répètent pas envers ses enfants. En bref, nous faisons face à une famille normale, avec ses failles mais un cœur énorme.
Une animation de dingue
Bien évidemment, il y a encore de nombreux thèmes qui sont abordés, comme l’obsolescence programmée et le refus d’une entité de périr dans l’oubli. Ce qui lui donne toutes les raisons du monde d’être en colère. On retrouvera aussi de nombreuses références sur le cinéma, qui constitue un moteur, sur la fin, pour sauver le monde, affichant un message, tout en divertissant. Bref, Les Mitchell Contre les Machines est très riche et très dense. Cette densité, on la retrouve aussi dans l’animation. On se rapproche fortement d’un Spider-Man New Generation, avec tous ces éléments qui pop, et l’ensemble fait très jeune. On retrouvera des memes, un montage rapide bourré de références et surtout, une animation d’une rare fluidité. Ce qui aurait pu paraître fatiguant car trop excessif par moment donne en fait une énergie de dingue tout en renfermant des tonnes d’informations. C’est vraiment incroyable.
Au final, Les Mitchell Contre les Machines est un formidable film d’animation et même un formidable film tout court. Aussi bien intelligent que beau, le métrage aborde différents thèmes très denses qu’il arrive à condenser dans un peu moins de deux heures. Doté d’une animation fluide et résolument dans l’air du temps, Les Mitchell Contre les Machines sonne presque comme le renouveau de l’animation, tant il y a d’éléments neufs à l’intérieur. Alors certes, on pourrait presque pester contre l’introduction qui est un flash-forward typique pour appeler le spectateur à rester, mais l’ensemble tient si bien la route, est si drôle, est si profond, que finalement, on passe outre les quelques défauts et on se régale.
Note : 17/20
Par AqME
Une réflexion sur « Les Mitchell Contre les Machines »