octobre 14, 2024

Warpath – Bullets for a Desert Session

Avis :

Le Thrash métal n’est pas forcément un genre qui fait dans la finesse. Riffs brutaux, rythme très rapide, chant souvent crié avec une grosse voix, on rentre clairement dans la catégorie des gros bourrins qui n’apprécie pas forcément les sonorités aigues. Fondé en 1991, les allemands de chez Warpath font office de grosse machine qui aime rouler sur les gens. Et dès 1992, le groupe ne va pas lambiner, en sortant trois album en trois ans et un quatrième opus en 1996. Depuis, on pensait le groupe mort et enterré et pourtant, c’est onze plus tard que les teutons signent un retour tonitruant avec Bullets for a Desert Session. Tonitruant car dès le départ, on est embarqué dans une guerre sans pitié, qui va nous écraser les tympans à grands renforts de riffs sauvages. Est-ce bien pour autant ? Tout dépend de ce que l’on cherche.

Le skeud débute avec Reborn, qui annonce clairement le renouveau du groupe. Néanmoins, malgré la violence incroyable qui se dégage du morceau, on va vite s’apercevoir des limites du groupe avec un tel morceau. C’est monolithique. Le titre n’a pas de variations, c’est lourd tout le temps, sans vraiment proposer quelque chose un break ou un pont intéressant. On se retrouve donc face à un titre gras et un peu écœurant à la longue. Ce constat sera le même sur I Don’t Care, même si la rythmique est un peu plus scandée et propose un chant plus maîtrisé, moins rapide que sur le premier morceau. Le problème viendra toujours de cet aspect massif qui manque de variations, ou de moments plus légers, plus techniques. Certes, le gras, c’est la vie, mais parfois, un peu de légèreté permet d’adoucir et d’approfondir des sonorités virulentes.

Avec Believe, les allemands se lâchent complètement avec un morceau qui est peut-être plus lourd que les deux précédents. Il fallait le faire. Cependant, les paroles, anti religion, sont plutôt plaisantes et ce côté machine de guerre convient parfaitement à ce genre de propos. Bien évidemment, c’est sur le morceau juste après que les choses vont devenir presque ridicule. When War Begins peut s’apparenter à une armée de chars d’assaut qui déferle sur nos oreilles. C’est tellement lourd, tellement gras, que l’ensemble ne fonctionne pas vraiment. C’est dommage car cela pourrait envoyer, mais malheureusement, la technique est tellement au rabais que cela en devient ridicule. Comme le travail de la batterie sur ce titre qui est aux abonnés absents. Et Unseen Enemy ne va pas forcément nous réconcilier avec le groupe. Le démarrage est abrutissant à souhait et les choses s’arrangent par la suite.

En effet, le groupe se décide à fournir quelque chose d’un peu plus « léger », en utilisant des chœurs masculins pour scander en rythme le titre de la chanson. Ici, le rythme redescend un peu et permet d’avoir une rythmique qui donne envie de se briser la nuque. Et de chanter avec le groupe. Alors certes, ce n’est pas la panacée, mais ça fait le job et doit certainement faire un carton en live. Par la suite, on retrouvera des morceaux qui font le taf durant l’écoute. No One Can Kill Us a des relents de punk hardcore. Crossing possède des élans de Doom avec des moments aériens qui faisaient cruellement défaut à l’album. Et Offensive Behaviour casse la baraque avec sa rythmique infernale et son aspect groovy graveleux qui donne envie de danser de manière obscène.

Quand on écoute plusieurs cet album, on se rend compte que la qualité augmente au fur et à mesure des écoutes. Mais il y a un gros mais. En effet, l’album est très généreux. On se retrouve avec pas moins de douze titres pour plus d’une heure d’écoute. C’est dire si le groupe propose des titres longs et qui se veulent percutants. Malheureusement, rien ne restera vraiment en tête. Le plus gros défaut de cet album, c’est qu’il manque d’un morceau qui reste en tête. Un titre qui est pensé pour marquer les esprits, pour taper dans le dur et éclater des nuques lors des prestations scéniques. Là, on manque un peu de mordant et d’une paire de titres plus courts, plus concis, mais tout aussi efficaces. Pour son retour, on sent que Warpath a mis les petits plats dans les grands, et à trop vouloir en faire, il s’est un peu égaré en chemin.

Au final, Bullets for a Desert Session n’est pas un mauvais opus en soi. Warpath délivre une galette qui tabasse fort, peut-être trop, et qui manque de finesse. On se retrouve face à un effort bien trop gras, souvent indigeste, et qui a du mal à convaincre pleinement, malgré des pistes plus sympathiques que d’autres, ou avec des moments plus légers. Les allemands tapent tellement fort pour leur retour qu’ils en finissent presque par devenir ridicules à certains moments. C’est dommage, il y avait matière à faire quelque chose de costaud.

  • Reborn
  • I Don’t Care
  • Believe
  • When War Begins
  • Unseen Enemy
  • No One Can Kill Us
  • Crossing
  • Offensive Behaviour
  • God is Dead
  • No More Time to Bleed
  • The Liar Knows the Truth
  • Bullets for a Desert Session

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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