décembre 9, 2024

La Vie et Rien d’Autre

De : Bertrand Tavernier

Avec Philippe Noiret, Sabine Azéma, Maurice Barrier, François Perrot

Année : 1989

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

1920. La Première Guerre mondiale est achevée depuis deux ans. La France panse ses plaies et se remet au travail. Dans ce climat, deux jeunes femmes d’origines sociales très différentes poursuivent le même but, retrouver l’homme qu’elles aiment et qui a disparu dans la tourmente. Leur enquête les conduit à la même source d’information, le commandant Dellaplane. Du 6 au 10 novembre 1920, Irene, Alice, le commandant se croisent, s’affrontent et finalement apprennent à se connaître…

Avis :

Très grand réalisateur français, Bertrand Tavernier est une institution à lui tout seul. Il faut dire qu’en presque soixante ans de carrière le metteur en scène a fait très fort, posant ici et là quelques chefs-d’œuvre, et d’immenses moments de cinéma. Après des débuts très forts avec « L’horloger de Saint-Paul » et « Le juge et l’assassin« , Bertrand Tavernier fera une très belle et très importante décennie en 1980, « La mort en direct« , « Coup de torchon« , « Un dimanche à la campagne« , « Autour de minuit« , assureront « l’indispensabilité » du cinéaste.

Puis enfin, pour conclure cette grande décennie, Bertrand Tavernier livrera « La vie et rien d’autre » qui n’est ni plus ni moins qu’un immense film. Passionné d’histoire, ainsi, Bertrand Tavernier, en découvrant par hasard le nombre de soldats « disparus » ou « inconnus » quand les corps furent retrouvés, fut surpris, terrifié et très intrigué. Il décida alors de consacrer un film qui évoquerait cette période d’après-grande guerre.

Original, intéressant, magnifique et bouleversant, « La vie et rien d’autre » est de ces films qu’on appelle des claques. Le genre de film qui traîne depuis un bout de temps à la maison et qu’une fois vu, on regrette de ne pas s’y être arrêté plus tôt, tant Tavernier livre là un film passionnant, qui se pose comme deux heures et quart de leçon de cinéma.

France, 1920. Le pays est dévasté et il faut donc le reconstruire. Dans cette France qui panse ses plaies, le nombre de soldats disparus est terrifiant et c’est le Commandant Dellaplane qui est en charge d’en retrouver le plus grand nombre. Irène est femme de soldat et elle cherche désespérément son mari. Allant d’hôpital en hôpital, Irène finit par croiser le Commandant Dellaplane. Si leur rencontre est quelque peu houleuse, pendant quelques jours, à l’aube du choix du soldat inconnu, Irène, Dellaplane, mais aussi une jeune femme du nom d’Alice, qui cherche elle aussi l’homme qu’elle aimait, se croisent, se décroisent et apprennent à se connaître.

Magnifique, grand et magnifique, voilà les mots qui me sont restés en permanence en tête à la découverte de cette œuvre incroyable signée Bertrand Tavernier.

Revenant sur un sujet aussi intéressant qu’il n’est pratiquement pas évoqué, le metteur en scène français nous entraîne avec « La vie et rien d’autre » au lendemain de la Première Guerre mondiale. Tenu par un scénario qui est un bijou à lui seul, « La vie et rien d’autre » est un film qui se fait passionnant dans tout ce qu’il approche. Passionnant pour l’histoire évidemment, pour cette période si particulière, pour les dates choisies et bien entendu les événements qui se sont « inscrits » dans l’histoire de France. « La vie et rien d’autre » sera donc aussi passionnant qu’instructif. Puis le film sera aussi passionnant dans son cinéma. Dans sa reconstitution, dans sa démesure, dans sa mise en scène démente et sobre à la fois. Puis passionnant de par ses acteurs, qui sont tous incroyables, puissants et bouleversants. Leurs personnages sont magnifiques, et il est impossible de rester indifférent face à leurs blessures, le pessimisme, mais aussi et dans un sens, leur envie de vivre, de passer à autre chose, et d’enterrer cette période-là, qui fera toujours partie d’eux. Bref, ce film est une merveille.

« La vie et rien d’autre« , c’est donc un scénario des plus intéressants. C’est un scénario original, qui mélangera fiction et faits d’histoire. Bertrand Tavernier nous plonge dans l’après-guerre et nous fait découvrir cette période si particulière. Ses personnages sont marqués et blessés, tout comme le pays. Bertrand Tavernier livre là un film particulièrement riche. Un film qui parlera aussi bien des familles qui cherchent leurs proches disparus, des soldats qui sont en charge de retrouver ces disparus et de les identifier quand cela est encore possible. Tavernier parle de cette France qui essaie de se reconstruire. Il y parlera aussi d’amour, avec ces personnages qui s’entrecroisent et se découvrent avec tous les regrets, les remords, mais aussi les espoirs qu’il peut y avoir. D’ailleurs, Philippe Noiret, qui reçut un César pour ce rôle, est immense dans la peau de Dallaplane. Tout comme Sabine Azéma qui tient là l’un des plus beaux rôles de sa carrière, en veuve espérant retrouver son mari vivant, quelque part. On soulignera la beauté des dialogues, et l’intensité, comme la poésie, qui se dégagent des confrontations entre les deux acteurs. Puis bien sûr, Bertrand Tavernier évoquera le choix du soldat inconnu qui repose sous l’arc de Triomphe. Le réalisateur ira jusqu’à reconstituer la cérémonie de ce choix, pour un grand moment de cinéma.

Un moment de cinéma qui est grand sur toute sa durée, grâce à la méticulosité de son cinéaste. Bertrand Tavernier prend son temps pour poser son contexte et surtout pour raconter son histoire, ses personnages et plus largement la France à ce moment-là. « La vie et rien d’autre« , c’est une mise en scène forte, élégante et en même temps très sobre. C’est une mise en scène qui ne cesse de nous mettre en abîme, Bertrand Tavernier filmant ces recherches, ces personnages, et cette histoire d’amour dans des décors incroyables de véracité. On notera la photographie de Bruno Keyser qui « illumine » parfaitement la France d’après-guerre, posant une ambiance très particulière et totalement prenante. Une ambiance qui est aussi développée et soulignée la BO incroyablement belle d’Oswald D’Andréa.

Bertrand Tavernier conclut de la plus belle des manières sa décennie 80. « La vie et rien d’autre » est un film grand, très grand film. C’est un film magnifique et passionnant de sa première à sa dernière minute. Bertrand Tavernier sait parfaitement ce qu’il veut raconter et comment conjuguer toutes ces ficelles ensemble. Bref, comme je le disais plus haut, le seul regret que je peux avoir, c’est de ne pas avoir découvert ce film plus tôt.

Note : 20/20

Par Cinéted

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