mars 29, 2024

Supernova

De : Harry Macqueen

Avec Colin Firth, Stanley Tucci, Sarah Woodward, Pippa Haywood

Année : 2021

Pays : Angleterre

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Tusker est en couple depuis des années avec Sam. Il est dément depuis deux ans. Les deux hommes décident de rendre visite à leurs amis, à leur famille à travers un voyage dans l’Angleterre rurale. Leur amour va être mis à l’épreuve comme jamais auparavant…

Avis :

Harry Macqueen est un auteur, scénariste, acteur et réalisateur dont je n’avais jamais entendu parler, jusqu’à ce que celui-ci décide de mettre en couple Colin Firth et Stanley Tucci pour « Supernova« . Comédien au départ, Harry Macqueen débute sa carrière chez Richard Linklater dans le méconnu « Orson Welles et moi« . Par la suite, il reste relativement dans le milieu du court-métrage ou la série télé. Puis, c’est début 2015 qu’il présente son premier long, « Hinterland« , film qui reste encore inédit chez nous et dont il tient aussi le premier rôle.

Fort de cette expérience, Harry Macqueen a trouvé sa voie, il sera réalisateur et il ne va pas vraiment attendre pour retourner derrière la caméra. Prévu en 2020, puis repoussé à 2021, « Supernova » est donc le deuxième film de Harry Macqueen et autant dire de suite que le jeune cinéaste de trente-sept ans revient avec un film ô combien sublime. Un film amoureux, un film d’amour, qui parle de l’amour. L’amour tendre, complice, celui qui fait autant de bien qu’il est capable de faire du mal aussi. Sans pathos, au plus près des regards et des sentiments, ce road trip qui sonne comme un chant du cygne est tout simplement une petite merveille.

Sam et Tursker sont en couple depuis bien des années. Lui est pianiste et Tusker est écrivain, ensemble, à bord de leur vieux camping-car les deux hommes sont partis en vacances, ce qui donne l’occasion par la même de s’arrêter dans la famille. Cela fait quelques années maintenant que Tursker a été diagnostiqué Alzheimer et ce voyage est aussi et sûrement une dernière évasion à deux, un dernier instant de souvenir avant que la maladie finisse par faire son œuvre.

L’amour, vaste sujet et surtout inépuisable sujet. L’amour au début, l’amour à deux, l’amour à la fin, puis l’amour qui reste. Bref, on peut dire que depuis que le cinéma existe, l’amour est son sujet préféré, et par conséquent, un nombre incalculable de réalisateurs ont exploré ce sujet et la multitude de ces merveilles, comme ces tristesses ou encore ces dérives.

Harry Macqueen est un cinéaste amoureux, et l’amour, il l’a déjà exploré avec son premier film qui transforme une vieille amitié en histoire d’amour. Aujourd’hui, cinq ans après ce premier film, le réalisateur britannique est de retour pour une nouvelle fois parler d’amour à travers l’histoire d’un couple dont la maladie s’apprête à les séparer. À première vue, comme ça, on ne peut pas vraiment dire que le sujet soit neuf, bon nombre de films ont comme trame cette ligne et pourtant, malgré ça, le film de Harry Macqueen se pose comme une petite merveille, parce qu’il va éviter tous les déjà-vu, les facilités de cette histoire, ainsi que le pathos, piège lourd dans lequel tant de cinéastes se sont engouffrés.

Si « Supernova » est une merveille, c’est grâce à la pudeur et la simplicité de son regard. Écrit par Harry Macqueen, « Supernova« , au détour d’un road trip, explore la force des sentiments face à l’inéluctable. Très bien imaginé, très bien pensé, et parfaitement mis en œuvre, le jeune metteur en scène fait vaciller son intrigue petit à petit vers le drame. Ce qui commence alors comme des vacances en amoureux, bercé par les paysages absolument sublimes de l’Angleterre, va peu à peu se transformer en une réflexion intime d’un couple qui va devoir voir plus loin que l’instant présent, affrontant la maladie et l’idée de la maladie. Évidemment, avec ce genre d’intrigue, on y trouve les obligations d’usage, les doutes, la douleur, les décisions cruelles, essentielles ou égoïstes. Évidemment, la peur de perdre l’être aimé, la dégénérescence et ce que cela peut entraîner, la force ou non d’accompagner l’autre… Bref, tout un tas de sujets qui peuvent sonner comme déjà-vu et qui, pourtant, sous l’œil de Harry Macqueen, ne résonnent absolument pas comme tel.

Avec cette histoire, Harry Macqueen arrive sans mal à éviter tous les pièges, et il livre un film simple, pur, sincère, qui résonne comme juste, évitant les phrases ou les moments tout fait, pour finalement observer ces deux amoureux profiter d’instants « anodins », comme un dîner entre amis, revoir l’endroit d’une rencontre, ou encore se remémorer un souvenir dans la chaleur simple d’un lit. Ce qui est superbe avec le film de Harry Macqueen, c’est qu’il arrive à capturer de manière très simple des moments d’intimité qui parleront à tous et cette ligne le cinéaste la tient jusqu’au bout et ce final superbe, loin des convenances, concluant de manière merveilleuse son film. Et finalement, le seul petit reproche qu’on pourrait faire à Harry Macqueen, c’est le fait d’avoir voulu à tout prix éviter de tomber dans un pathos trop poussé, car à force de vouloir l’éviter, il est vrai que « Supernova » touche énormément, mais paradoxalement, on aurait adoré être encore plus touché que cela. Après, ce n’est qu’un détail face à un film et surtout une intrigue magnifique.

L’autre force de « supernova » et il est bien difficile de passer à côté, c’est bien entendu son duo de rêve. Ici, Harry Macqueen a eu la formidable idée de choisir pour son couple les immenses Colin Firth et Stanley Tucci et autant dire que les deux acteurs forment un couple des plus divins. Beaux, tendres, amoureux, il se dégage énormément de vérités et de justesse entre les deux acteurs et les deux personnages. A un tel point qu’on aurait pu les suivre dans ce road trip encore des heures et des heures. Les regards de Colin Firth, comme ceux de Stanley Tucci, ne sont que poésie et amour. Les décisions de l’un sont très touchantes et la force et les doutes de l’autre le sont encore plus. Ça fait un bout de temps qu’un couple de cinéma n’avait pas été aussi beau et touchant.

Bercé dans des paysages superbes (franchement, Mcqueen magnifie l’Angleterre, profitant tellement de ses paysages !), faisant preuve d’un œil magnifique, ayant l’idée d’un cinéma simple qui résonne comme tendresse et vérité, ce second film pour Harry Macqueen est ni plus ni moins qu’une petite merveille. Le réalisateur nous offre un road trip amoureux, en compagnie de deux immenses acteurs et au-delà de ça, et c’est là le plus surprenant avec ce film, c’est que Harry Macqueen arrive sans aucun mal à nous toucher et tenir avec une histoire qu’on connaît déjà en un sens. Bref, c’est beau, c’est simple, c’est amoureux, ça explore des sujets universels, et même si on regrette que ce ne soit pas bouleversant, on sera tout de même ému, par la retenue, et tout simplement l’amour qui se dégage de ces personnages.

Note : 17/20

Par Cinéted

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