avril 26, 2024

Les Carnets de Max Liebermann Saison 1

D’Après une Idée de : Steve Thompson

Avec Matthew Beard, Jürgen Maurer, Luise Von Finckh, Jessica De Gouw

Pays : Angleterre

Nombre d’Episodes : 3

Genre : Policier

Résumé :

Vienne, 1906. Au hasard d’une enquête, l’inspecteur Oskar Rheinhardt se voit imposer la présence de Max Liebermann, jeune neurologue anglais, fasciné par les théories de Sigmund Freud. Oskar travaille seul et ne supporte pas la présence de ce simple observateur. Max, qui mène une étude sur le comportement criminel, ne peut s’empêcher de donner son avis.

Avis :

Placées dans un contexte historique, les séries policières permettent autant de se pencher sur des enquêtes criminelles (fictionnelles ou réelles) que de dépeindre l’époque ciblée. Des itérations telles que Les Enquêtes de Murdoch ou les multiples versions du canon holmésien évoquent les balbutiements de nouvelles méthodes d’investigation. Entre déductions, travail sur le terrain et techniques scientifiques, il en ressort des affaires intrigantes et bien menées pour retrouver la piste du coupable. Dernièrement, on a eu droit à des productions, comme L’Aliéniste, qui intégraient une connotation psychologique avec les premières tentatives de profilage.

Les Carnets de Max Liebermann n’est autre que l’adaptation éponyme de la série de romans écrite par Frank Tallis. Cette première saison inaugure la coopération entre l’inspecteur Rheinhardt, policier consciencieux un rien bourru, et Max Liebermann, jeune docteur en neurologie particulièrement fasciné par la psychanalyse et les théories freudiennes. Comme pour des productions similaires, contemporaines ou historiques, on retrouve cette opposition formelle des caractères. Au fil de leurs collaborations, cette divergence d’approche, voire d’opinion, évolue progressivement vers la complémentarité des compétences des deux principaux intéressés.

Cela peut paraître classique, mais l’alchimie fonctionne afin de mieux confronter les points de vue et les techniques d’investigation. Comme évoqué précédemment, la rigueur du travail d’enquêteur va de pair avec des méthodes scientifiques émergentes. On songe aux relevés d’empreintes digitales, ainsi qu’à des analyses sanguines et à l’évocation d’un domaine qui deviendra, par la suite, la science de la balistique. L’approche psychologique est également présente. Elle tient à l’observation des scènes de crime, au comportement des suspects, ainsi qu’à la découverte de nouveaux indices ou de faits ignorés dans le passé des victimes.

En parallèle de ces techniques de profilage, la narration effectue un état des lieux sur l’évolution des sciences et de la médecine. L’hostilité à l’encontre de Freud est évidente et peut même ostraciser professionnellement ses « adeptes ». Le contraste avec les traitements dispensés, essentiellement tournés vers les électrochocs, est probant. D’autres préoccupations s’imposent plus ou moins au fil des épisodes, comme les conditions d’internement des malades ou la condescendance à l’égard de la gent féminine ; dans leur vie domestique ou professionnelle. Cette dernière occurrence tient surtout aux emplois subalternes, au phénomène d’hystérie ou à la minimisation des agressions sexuelles.

Contrairement à la série Freud, Les Carnets de Max Liebermann ne sombre pas dans un propos abscons qui tend à dépeindre la réalité des faits sous un trip hallucinatoire. De même, la reconstitution historique varie davantage le cadre des séquences ; des bas-fonds viennois à l’école militaire, en passant par les quartiers huppés. L’approche se veut plus classique et permet de mieux appréhender la trame de chaque épisode. En somme, le travail de médecin de Max trouve une résonance dans les enquêtes qui l’occupent. Le fait d’avancer la superficialité de la société viennoise s’avère également judicieux pour indiquer que les apparences sont trompeuses.

À ce titre, le contexte expose différentes problématiques sociétales. L’occurrence la plus frappante demeure l’antisémitisme latent, parfois clairement affiché lorsqu’il s’agit de rabrouer Max ou de dénoncer l’immigration des pays de l’Est. La montée des extrémismes présage déjà des dérives du national-socialisme une quinzaine d’années plus tard. Et c’est sans doute dans la banalisation de la violence des mots et des manœuvres que l’on prend pleinement la mesure de l’état du monde occidental, même à la « Belle-Époque ». Ces considérations agissent en filigrane des intrigues, mais restent vivaces et pertinentes dans la bonne progression des enquêtes.

Au final, Les Carnets de Max Liebermann est une série policière historique des plus recommandables. Prenant place dans le Vienne des années 1900, cette production de la BBC 2 se distingue par son duo de tête, la qualité des investigations, ainsi que la rigueur et la véracité du contexte dépeint. Côté enquête, le travail de fond se fait surtout par l’entremise de déductions subtiles pour crédibiliser les habituels retournements de situation censés relancer les recherches. Ajoutons à cela, des méthodes qui tiennent autant aux compétences policières qu’aux balbutiements des techniques scientifiques. Il en ressort une première saison convaincante et réussie. 

Note : 16/20

Par Dante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.