avril 25, 2024

Vérité Apparente

Titre Original : The Invisible Circus

De : Adam Brooks

Avec Cameron Diaz, Jordana Brewster, Christopher Eccleston, Blythe Danner

Année : 2001

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Cela fait aujourd’hui huit ans que Faith O’Connor s’est suicidée en Italie. Sa sœur, Phoebe, qui n’avait que dix ans à l’époque, n’a jamais trouvé les raisons expliquant ce geste ; sa famille non plus.
Ses études secondaires terminées, Phoebe quitte l’Amérique pour l’Europe. Afin d’en apprendre plus sur la mort de sa grande sœur, elle décide de revivre l’itinéraire qu’avait emprunté Faith et qu’elle n’avait pu qu’imaginer par les cartes postales reçues.
Phoebe a toujours vu sa sœur comme une fille libre représentant la jeunesse et la folie des années soixante, époque qu’elle n’a pas connue. Ce voyage au travers de plusieurs belles villes d’Europe permettra à Phoebe de vivre librement son adolescence et de découvrir ces raisons qui font que la vie vaut la peine ou non d’être vécue.

Avis :

Réalisateur canadien, Adam Brooks fait partie de ceux dont on n’entend jamais parler et pourtant, ils arrivent justement et simplement à se frayer un petit chemin et par conséquence à se créer une jolie carrière. La carrière de Adam Brooks commence dans les années 80, quand le jeune cinéaste arrive à faire produire son premier long-métrage « Almost You« . Tournant assez peu, on ne lui compte que quatre films entre 1985 et 2009 (par la suite, il s’exportera = la télévision), entre-temps Adam Brooks écrit des scénarios pour d’autres. Ainsi, il a travaillé sur des films de Lawrence Kasdan, Griffin Dune, Beeban Kidron ou encore (et pour ne citer que ceux-là) Jon Turteltaub.

Après avoir adapté en 1989 « Le petit chaperon rouge » avec Isabella Rossellini entre autres, Adam Brooks va mettre pas moins de douze ans avant de retourner derrière la caméra. Adapté d’un roman de Jennifer Egan, « Vérité Apparente » ou « The Invisible Circus » en VO, ce qui lui correspond bien mieux, est une très jolie surprise. Film totalement méconnu, passé complétement inaperçu au moment de sa sortie et oublié depuis, « Vérité Apparente » gagne à être redécouvert, car Adam Brooks livre là une œuvre sensible et riche. Une œuvre sur une quête de vérité, sur la recherche d’une sœur disparue tragiquement et surtout mystérieusement. Entre voyage initiatique, film sur le deuil et film d’époque, ce troisième film pour Adam Brooks confirme le talent de son metteur en scène.

San Francisco, 1969, Faith, dix-huit ou dix-neuf ans, quitte le foyer familial pour un voyage avec son amoureux en Europe. Faith est une jeune femme pleine de vie et pourtant elle ne reviendra jamais. Quelques mois après son arrivée en Europe, Faith se donnera la mort au Portugal dans l’incompréhension générale. Quelques années plus tard, sa sœur Phoebe, qui vient d’avoir dix-huit ans, est hantée par le départ soudain de sa sœur. Pour comprendre ce geste irréparable, Phoebe décide alors de se rendre en Europe pour suivre les pas de sa sœur et comprendre ce qui l’a poussée, pour comprendre comment la jeune femme pleine de vie qu’elle a vu partir n’a-t-elle pu trouver aucune autre échappatoire quelques mois plus tard.

« Vérité Apparente« , tu m’étonnes qu’avec un titre pareil, un titre qui sent bon le téléfilm M6, le film d’Adam Brooks, malgré son casting, reste encore aujourd’hui dans l’ombre. D’ailleurs, je dois bien avouer que j’avais quelques doutes ou plutôt quelques craintes en me lançant dedans, tant j’avais l’appréhension de tomber sur un film cul-cul la praline et c’est bien tout le contraire que j’ai trouvé là. Je ne peux nier que le film de Adam Brooks est parfois bordélique et son intrigue, notamment dans les flashbacks pour suivre le parcours tragique de cette grande sœur, est plutôt mal exploitée. Tout ce qui est fait par exemple en Allemagne aurait mérité d’être plus approfondi. C’est la partie la plus importante de cette histoire, c’est là que tout va se jouer et les motivations du personnage, ou encore le contexte et les actes ne sont pas vraiment clairs et c’est dommage, car c’est peut-être là que le film aurait pu passer de la bonne surprise qu’il est, à quelque chose d’autre, et peut-être une œuvre exceptionnelle.

Hormis ces hésitations et cette sensation de manque, « Vérité Apparente » demeure un joli film que j’ai pris plaisir à découvrir.

Écrit par Adam Brooks, « Vérité Apparente » est un film qui, dans ses veines, est particulièrement riche. Le scénario et l’intrigue que tient là Adam Brooks sont aussi intéressants, qu’ils sont touchants à suivre. « Vérité Apparente« , c’est une quête de vérité, c’est une enquête pour savoir et comprendre ce qui a pu arriver à un être cher. « Vérité Apparente« , c’est aussi un film qui parle d’un deuil impossible, sans la vérité. Comment avancer avec une blessure qui ne peut cicatriser tant qu’un mystère subsiste. Puis avec cette quête, « Vérité Apparente » tient des allures de voyage initiatique, avec cette jeune fille qui pour avancer dans sa vie, sort de « sa zone de confort » et part redécouvrir sa sœur, mais aussi le monde, voyageant de Amsterdam à Paris, pour finir au Portugal. Puis encore derrière tout ça, le film d’Adam Brooks peut aussi se poser comme un bon film d’époque. Tout ce qui est fait autour du personnage de Cameron Diaz montre une société en pleine mutation. Ainsi, Mai 68, la guerre froide ou encore le Viêtnam sont abordés (ou plutôt survolés) à travers le portrait de cette jeune militante, pleine d’envie de faire bouger les choses, mais qui sera aussi influençable, d’ailleurs, derrière ce dernier point se cache un trauma et un deuil compliqué à faire, et là, un peu comme une boucle, le réalisateur en reviendra à la famille. Bref, si le scénario n’explore pas assez certains de ses sujets, il n’en reste pas moins que l’ensemble est intéressant, touchant, et finalement beau.

Ce qui fait la force et la saveur aussi du film de Adam Brooks, c’est son casting, et notamment ces deux sœurs. Si Christopher Eccleston y est très bon comme toujours, si l’on prend plaisir à découvrir ici et là Blythe Danner, Moritz Bleibtreu, Camilla Belle, ou encore Isabelle Pasco, c’est bien sûr Cameron Diaz et surtout Jordana Brewster qui récoltent toutes les admirations. La première qui n’apparait qu’en flashback est étonnante, démontrant une jolie palette de jeux et d’émotions, quant à la seconde, son regard et son envie de vérité sont bel et bien le cœur de ce film et il est certain que Jordana Brewster tient là l’un de ses plus beaux rôles.

Troisième film pour Adam Brooks, « Vérité Apparente » est une belle œuvre. Très riche, même si le tout aurait mérité d’être plus approfondi parfois, l’ensemble n’en demeure pas moins beau, tendre, intéressant et surtout touchant. Je ne regrette absolument pas ma découverte et il est vraiment dommage que ce petit film, certes pas exceptionnel, mais vraiment touchant, soit totalement méconnu.

Note : 16/20

Par Cinéted

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