avril 24, 2024

Le Déclin de l’Empire Américain

Titre Original : The Decline of the American Empire

De : Denys Arcand

Avec Dominique Michel, Dorothée Berryman, Louise Portal, Geneviève Rioux

Année : 1986

Pays : Canada

Genre : Comédie

Résumé :

Tandis que Rémy, Pierre, Claude et Alain, professeurs à la faculté d’histoire, préparent un dîner de gourmets, leurs compagnes, Dominique, Louise, Diane et Danielle, s’entraînent dans un club de musculation esthétique. Les hommes discutent des femmes, les femmes discutent des hommes. De ces deux conversations jaillissent le mensonge d’une époque et la volonté pour chaque protagoniste d’un bonheur individuel sans arrêt bafoué.

Avis :

Denys Arcand est sûrement l’un des réalisateurs canadiens les plus connus. Alors qu’il réalise depuis plus d’une vingtaine d’années déjà, Denys Arcand demeure un petit cinéaste qui a déjà huit films derrière lui et plusieurs courts-métrages, mais rien ne semble le faire sortir du lot. Enfin, ça, c’est jusqu’à ce « … déclin de l’Empire Américain » qui sera son premier grand succès aussi bien public que critique. Un succès qui l’emmènera jusqu’à une nomination aux Oscar pour le meilleur film étranger. Neuvième long-métrage donc pour Denys Arcand, « Le Déclin de l’Empire Américain » est un film assez audacieux qui dans un sens, peut se poser comme un Woody Allen canadien.

Racontant des hommes, des femmes et des couples, le metteur en scène québécois livre une petite merveille qui mise tout sur ses dialogues pétillants, drôles, un poil clichés, deux poils philosophiques, et même quelque peu provocateurs. Ayant toutefois pris un petit coup de vieux, ce chapitre un de ce qui sera au fil des années la trilogie Arcand, demeure un film très plaisant qui ne manque pas de piquant et surtout, qui ne manque pas de nous amuser avec ses réflexions sur les sexes, enfin non, sur le cul, et les différences entre les hommes, les femmes et toutes les sexualités possibles. Bref, une très jolie et drôle de découverte !

D’un côté, il y a les hommes, quatre amis de longue date, quatre maris, compagnons ou célibataires. Dans la maison de l’un d’entre eux, les hommes préparent le dîner et en profite pour parler des femmes et de cul. De l’autre côté, il y a les femmes, quatre amies de longue date, femmes, compagnes ou célibataires. Les femmes sont au club de musculation esthétique et elles en profitent pour parler des hommes, du cul, enfin non, de l’amour. Ces huit personnes s’apprêtent à passer la soirée ensemble, et le dîner du soir risque d’être quelque peu agité en révélations, désir et autres…

« Le déclin de l’Empire Américain« , voilà un titre bien curieux. Que peut-il y avoir derrière ce titre ? Que peut cacher le film de Denys Arcand ? De quoi va bien pouvoir nous parler Denys Arcand ? Et cette curiosité est encore plus piquée avec cette affiche amusante.

Comédie dramatique, « Le déclin de l’Empire Américain » est un film à l’opposé de ce que l’on imagine. Avec ce film, Denys Arcand livre là une profonde analyse de l’être humain, des hommes et des femmes, et puis derrière ça, entre les lignes, à travers les caractères de ses personnages, à travers le cynisme, leur orgueil, ou encore leur nombrilisme, le cinéaste aborde le déclin de la civilisation, avec des personnages qui ont tout, absolument tout, pour être heureux et qui finalement, ne le sont pas tant que ça, ou alors, ils le sont à travers leur propre jouissance personnelle.

Écrit par Denys Arcand, « Le déclin de l’Empire Américain« , c’est une heure et demie de bavardages. Denys Arcand livre un scénario très intéressant, qui s’amuse des clichés, pour mettre, ou du moins essayer de mettre, au même pied d’égalité les hommes et les femmes. Ici, les hommes sont à la cuisine, pendant que ces dames sont au sport et tout ce petit monde discute de la vie, de l’amour et surtout des plaisirs de la vie. Emporté par des dialogues fous, « Le déclin de l’Empire Américain« , ce sont des punchlines ciselées, percutantes, et souvent crues. Des dialogues souvent hilarants, et au-delà de ça, des dialogues très riches, qui ne cessent d’enrichir et apporter des informations sur les personnages, sur la façon de penser et d’agir, ce qui rend alors ce « … déclin de l’Empire Américain » intéressant à tout instant.

À travers ces dialogues, à travers ces audaces, voire même ces petites provocations, Denys Arcand, se drapant d’une veste à la Woody Allen, parle de l’amour, du sexe, des relations, du couple, du temps qui passe, des sentiments, de l’homosexualité, du désir d’enfant ou non, de l’avenir, du, ou plutôt des, plaisirs sexuels, ça parle capitalisme, social, bonheur, regret, liberté… Bref, ce scénario est une merveille, qui ne cesse d’étonner et d’amuser de scène en scène. Il faudra souligner que même si le scénario est très bon dans ce qu’il raconte, il n’est pas parfait non plus et il se révèle assez souvent maladroit quand il amorce ses flashbacks qui souvent se réduisent à une scène plus ou moins drôle, plus ou moins touchante, qui sert seulement à justifier ou étayer un propos via une expérience passée. Si l’idée est intéressante, si elle permet de développer encore un peu plus certains personnages, c’est souvent très mal amené, assez confus et ça s’en va aussi vite que c’est apparu.

« Le déclin de l’Empire Américain« , c’est un film qui commence comme une petite comédie désuète. Une comédie qui se prête au jeu de la discussion entre potes et Denys Arcand tient bien cette barre. Mais si le film n’avait été qu’une petite comédie, il serait alors une comédie sympathique, mais qui ne serait pas aussi marquante que ça, et c’est pour cela, avec énormément de subtilité, que Denys Arcand fait muter son film. Plus l’intrigue avance, plus les langues se délient et plus « Le déclin de l’Empire Américain » se fait critique, touchant, et même bouleversant, nous laissant avec un final dur et d’une grande tristesse. Pour faire cela, Denys Arcand a choisi une réalisation effacée, qui laisse la part belle à ses acteurs, au dynamisme qu’ils apportent et à l’alchimie qui se dégage entre eux. Une bande d’acteurs qui sont tous assez incroyables dans leur rôle. Et une bande d’acteurs où l’on trouve du beau monde, Rémy Girard, Yves Jacques, Louise Portal, Pierre Curzi, Dorothée Berryman.

« Le déclin de l’Empire Américain » est un morceau de cinéma bien différent de ce à quoi l’on peut s’attendre et c’est très bien comme ça. Ciselé, rythmé, percutant, drôle, touchant, audacieux, Denys Arcand parle des hommes, des femmes, des couples, du sexe, de la société, et même si parfois c’est maladroit, même si l’ensemble a quelque peu vieilli, son film reste une petite merveille qui regorge surtout d’audace et de subtilité.

Note : 13/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Le Déclin de l’Empire Américain »

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