avril 16, 2024

Cobra Kai Saison 1

D’Après une Idée de : Josh Heald, Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg

Avec Ralph Macchio, William Zabka, Courtney Henggeler, Tanner Buchanan

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 10

Genre : Action, Drame

Résumé :

Une suite de « Karaté Kid » se déroulant de nos jours, plus de trois décennies après les événements du film. Johnny, qui cherche la rédemption, rouvre le dojo Cobra Kai et relance sa rivalité avec Daniel. Les deux hommes vont être confrontés aux démons du passé et aux frustrations du présent.

Avis :

C’est en 1984 que John G. Avildsen (le papa de Rocky) va sortir Karaté Kid. Véritable phénomène à l’époque, qui continue aujourd’hui à faire parler de lui, le film va entrainer un déferlement de franchise. A en faire une trilogie, mais aussi une première série en 1989, ainsi qu’une sorte de spin-off avec Miss Karaté Kid. Pendant trente ans, Karaté Kid restera dans les mémoires des trentenaires et quarantenaires de maintenant. Et même si Will Smith tente de raviver la flamme en 2010 en plaçant son fils auprès de Jackie Chan, il restera un goût amer en bouche. Comme une sorte de trahison avec le produit de base. Ce n’est que huit ans plus tard que va débouler sur Youtube Red, Cobra Kai. Projet fou et casse-gueule, on va retrouver tous les personnages du premier film plus de trente ans plus tard, pour le pire, comme pour le meilleur.

Plus que de la nostalgie

Pour resituer l’histoire, nous allons retrouver les deux « héros » du premier, alors qu’ils sont des adultes. Si pour Daniel LaRusso, la vie est belle en tant que concessionnaire auto à succès, ce n’est pas forcément le cas pour Johnny Lawrence. Addict à l’alcool, bagarreur, enchainant les petits boulots, il vivote en ruminant le passé. Voulant s’en sortir, il décide d’ouvrir un dojo et de le nommer Cobra Kai. Daniel voit ça comme une provocation et le destin des deux personnages sera encore lié lorsque Daniel va prendre sous son aile le fils de Johnny, tandis que ce dernier forme son petit voisin, qui se fait harceler à l’école. Forcément, les rivalités vont aller bon train, que ce soit entre les deux hommes, prisonniers de leur passé, mais aussi entre les lycéens qui vont former des clans.

Très clairement Cobra Kai ne cherche pas à faire compliqué, bien au contraire. Mais est-ce un mal ? La réponse est non car le scénario est tout simplement parfait. On reviendra sur la technique un peu plus tard, car c’est un des points faibles de cette saison, mais sur l’écriture, c’est du grand art. Le film joue forcément sur la fibre nostalgique. On prend un plaisir monstrueux à revenir à Reseda, à suivre le parcours plus ou moins chaotique des deux personnages. Mais la série va beaucoup plus loin que la rivalité séculaire des deux personnages principaux. Si on y retrouve des affrontements et des dialogues remplis de rancœur, on va voir le fossé creusé entre Daniel et Johnny. Les deux hommes ont des parcours différents, un passé différent qui trouve comme point d’ancrage ce fameux combat de 1984.

Mais là où la série aurait pu faire du pur nostalgique, elle va aller bien plus loin que cela.

Les fantômes du passé

En effet, le scénario va permettre de voir comment les deux hommes entrevoient le futur et tentent de se racheter ou d’évoluer. Le personnage le plus touchant est bien évidemment celui de Johnny Lawrence. Ecorché vif, à fleur de peau, il tente, par tous les moyens de se racheter et de ne pas instruire les mêmes erreurs que lui a pu faire à cause d’un mauvais sensei. Malheureusement, tous ses choix ne seront pas les meilleurs, la faute à un comportement impulsif et à une réputation terne qu’il doit redorer. C’est un personnage attachant car il est drôle, mais il est aussi très touchant dans sa volonté de se racheter malgré les coups de la vie et son fils qui ne souhaite pas le voir. A côté de ça, Daniel sera peut-être moins percutant, mais il apporte un équilibre et veut incarner la sagesse.

Ce dont il aura du mal à cause de ses a priori et ses jugements à l’emporte-pièce. Avec son personnage, c’est plus la famille qui est évoquée. Père aimant et protecteur, il est un peu tout ce que n’a pas Johnny, et qu’il recherche désespérément. Ces deux électrons contraires vont bien évidemment s’attirer pour faire des étincelles. Mais l’intelligence du récit est de créer de la frustration. On a qu’une envie, c’est de voir l’évolution positive de Johnny, et une sorte de rédemption auprès de Daniel. On a envie de voir ses deux personnages se serrer la main et se pardonner. La série démontre toute la bonne volonté de Johnny, mais elle n’est jamais mise en avant aux yeux de Daniel à cause de quiproquos stupides, de non-dits pénibles et d’un manque de communication. La série est génial grâce à cette écriture fine.

Les monstres du présent

Cependant, Cobra Kai ne s’arrête pas qu’aux deux personnages adultes. Et là encore, c’est un petit miracle qui va s’opérer devant nous. La série ne joue pas uniquement sur la nostalgie, mais aussi et surtout sur le futur que construisent ces deux protagonistes. En fondant son dojo, Johnny va récupérer des lycéens qui se font harceler, et il va leur donner confiance en eux. Il va vite comprendre qu’il ne veut pas commettre les mêmes erreurs que Kreese, son ancien sensei, et il va inculquer la clémence. Si cela ne marche pas forcément avec tout le monde, il va avoir les bonnes grâces de Miguel, un jeune homme timide qui va grandir. Le karaté fait évoluer, inculque de bonnes valeurs et c’est un véritable bonheur de voir ces deux personnages s’aimer autant. Au détriment du propre fils de Johnny, qui va se retrouver chez Daniel.

Tout ce petit monde va alors se mettre au karaté pour diverses raisons. Eli pour prendre confiance en lui et oublier son bec de lièvre. Miguel pour apprendre à se défendre et vaincre sa timidité. Robby pour se sortir de la délinquance et trouver un but dans la vie. Sans vraiment le vouloir, Johnny et Daniel vont modeler de nouvelles perspectives pour cette génération, pour le meilleur, comme pour le pire dans certains cas. La violence est bien présente, et elle est parfois mal maîtrisée, mal comprise. Au fur et à mesure des épisodes, on va voir l’évolution de chacun, la gentillesse de Miguel, la fureur d’Eli, ou encore le remerciement de Robby. Cobra Kai n’oublie pas non plus les amourettes lycéennes, les déceptions et les cas de conscience. En fait, c’est une série pleine, mais qui n’en fait jamais trop.

Poings noirs

Alors bien évidemment, tout n’est pas parfait dans cette première saison. Le budget n’est pas bien gros, mais on peut dire que cela s’efface face à la qualité intrinsèque du show. Ainsi, les combats font parfois un peu cheap, mais ils demeurent très engageants. La série n’est pas là pour montrer des combats gargantuesques, mais plus pour ajouter de la dramaturgie et de l’énergie à l’ensemble. La mise en scène est quelque fois à la ramasse, mais il faut saluer les prises de risque. Certains épisodes utilisent des plans-séquence réussis, ce qui est très étonnant. On pourra aussi regretter des personnages secondaires trop peu marqués, à l’image de Demitri, qui prendra de l’importance plus tard, mais qui reste effacé ici. Cependant, tous ces petits défauts n’entachent en rien la qualité exceptionnelle de la série.

Au final, cette première saison de Cobra Kai est une véritable réussite. Si on peut estimer que la mise en scène est parfois un peu cheap, on reste dans quelque chose de très bien écrit, de parfaitement interprété et qui relève presque du miracle. Qui aurait pu prédire que plus de trente ans plus tard, Karaté Kid renouerait avec le succès pour devenir un véritable phénomène sur Netflix ? Personne. Et pourtant, avec de bons showrunners, des scénaristes investis, respectueux du matériau de base, et une évolution logique et empathique, Cobra Kai est un peu le coup de cœur du moment.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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