De : Brian De Palma
Avec Nicolas Cage, Gary Sinise, John Heard, Carla Gugino
Année: 1998
Pays: Etats-Unis
Genre : Thriller, Policier
Résumé :
Le palais des sports d’Atlantic City contient à peine la foule venue assister au match du siècle, où s’affrontent deux poids lourds de la boxe. Soudain des coups de feu éclatent à proximité du ring et le secrétaire d’Etat à la Defense s’effondre, mortellement blessé. L’enquête commence sous la direction de l’inspecteur Rick Santoro, policier corrompu. Rick va s’efforcer de sauver sa réputation ainsi que celle de son ami Kevin Dunne, chargé de la sécurité du secrétaire d’Etat, et qui s’était malencontreusement absenté au moment du drame…
Avis :
Brian De Palma est un immense réalisateur qu’on ne présente plus. Après avoir passé les années 70 et 80 à ne faire qu’affirmer son talent, il prolonge cette idée dans les années 90 avec de grands films comme « Outrages » (qui est personnellement l’un de ceux que je préfère de De Palma) ou « L’impasse« . En 1996, Brian De Palma tourne « Mission Impossible« , et ce sera le succès qu’on lui connaît tous.
Après avoir travaillé avec David Koepp pour les scénarios de « L’impasse » et « Mission Impossible« , Brian De Palma se laisse séduire par l’idée et l’envie d’un troisième avec le scénariste. Ce sera « Snake Eyes« , un film qui connut un joli parcours lors de son exploitation, et qui a l’air d’être quelque peu oublié depuis, ce qui est bien dommage, car ce petit De Palma mérite amplement son coup d’œil. Prenant, intéressant aussi bien dans son intrigue qui multiplie les rebondissements, que dans sa mise en scène, « Snake Eyes » est un film qui nous plonge dans l’action, et surtout qui offre plusieurs points de vue à son intrigue. Plusieurs points de vue qui assurément construisent le film et rassemblent toutes les pièces de ce puzzle aussi évidemment que l’inverse finalement.
Palais des sports d’Atlantic City, ce soir-là a lieu un match très important entre deux poids lourds de la boxe. Ce soir-là, alors qu’une tempête fait rage dehors, toute la ville ou presque est là pour assister à ce choc des titans. Mais les festivités vont être gâchées avec l’assassinat d’un secrétaire d’état à la Défense. Le secrétaire fut abattu juste à côté de Rick Santoro, un inspecteur de police corrompu. Le secrétaire était sous la protection de Kevin Dunne, un officier militaire, ami de Santoro. Si le secrétaire a été abattu aussi facilement, c’est parce que Dunne s’est absenté l’espace de quelques instants. Pour Santoro, il va de soi qu’il doit couvrir son ami…
Après « Mission Impossible » et son succès fou, Brian De Palma pouvait faire ce qu’il voulait et alors qu’il aurait pu viser plus haut, plus grand, plus démesuré, le réalisateur a décidé de se lancer dans un petit thriller qui va s’amuser à multiplier les points de vue pour construire son histoire et surtout sa vérité.
« Snake Eyes« , c’est un film qui dans son ensemble est assez classique et surtout prévisible dans ce qu’il raconte. Il y a quelques rebondissements, on ne peut pas dire qu’on ne les avait pas vus venir. Mais malgré ce côté classique, le film de Brian De Palma n’en demeure pas moins un honnête divertissement et surtout un film prenant qui offre plein d’idées et qui démontre bien l’envie de cinéma et de renouveau de son réalisateur.
« Snake Eyes« , c’est un meurtre qui a lieu en public. C’est un meurtre qui a lieu aux yeux de tous et Brian De Palma va énormément jouer avec les regards des différents « témoins », afin de recoller les morceaux, pour découvrir le complot qui se cache derrière cet assassinat. Ainsi, petit à petit, empruntant les sentiers d’une enquête, le personnage de Rick Santoro, incarné par un Nicolas Cage aussi excellent qu’il est déchaîné, va voir sa vision des choses peu à peu se transformer. « Snake Eyes« , c’est un puzzle, dont les pièces sont la vision, celle d’un témoin, ou d’une caméra et Brian De Palma orchestre parfaitement son thriller.
Cette idée de thriller visuel (si l’on peut dire), De Palma va aussi la traduire quand les différents « témoins » vont raconter leur soirée. Ainsi, le réalisateur s’amuse à filmer à la première personne, et cette géniale idée nous plonge d’emblée dans l’action et l’on se rend compte que nous, spectateur, on va avoir tendance à chercher le petit indice, le petit détail, qui nous ferait rassembler les pièces du puzzle plus vite que son inspecteur. De plus, ce point de vue à la première personne est assez fou, car Brian De Palma nous offre des plans-séquences dingues qui sont d’une grande virtuosité. Une virtuosité qu’on retrouve dans le souci d’un détail, dans le montage, car le film racontant plusieurs fois la même chose, avec les différents points de vue, on restera scotché par la précision que De Palma apporte pour que tout concorde parfaitement.
Après, tout n’est pas incroyable non plus. Le scénario, en plus d’être assez prévisible, tient quelques éléments qui sont assez gros, comme la fuite d’un témoin. Ou encore le final, qui est très facile et dénote quelque peu. Puis parfois, il est vrai que le film qui a déjà une vingtaine d’années, a pris un petit coup de vieux. Mais c’est bien peu face à toutes les qualités que peut avoir « Snake Eyes« . Face à une mise en scène immersive et intelligente. Face à un film qui tient son idée et ne cesse d’évoluer. Face à la BO incroyablement magnifique de Ryūichi Sakamoto qui livre encore une fois un travail majestueux. Puis face à ce duo d’acteurs qui s’en donne à cœur joie. Certes parfois, c’est un peu trop et on frôle la caricature, mais franchement Nicolas Cage et Gary Sinise sont trop bons et on adore les suivre dans cette enquête qui prend des formes de sombre complot avec comme toile de fond patriotisme, terrorisme et autres défenses de la nation.
Quelque peu oublié aujourd’hui, « Snake Eyes » de Brian De Palma demeure un bon thriller qui ne mérite pas le sort qu’on lui réserve. Oui, il est un peu facile dans ce qu’il raconte, et oui, il est aussi quelque peu dans le cliché, mais il est aussi un film diablement efficace, divertissant et surtout très bien mené par son réalisateur qui déborde d’idées. Cela faisait une éternité que je ne l’avais pas revu et cette redécouverte fut une très bonne surprise. Puis Nicolas Cage chez Brian De Palma, ne serait-ce que pour cette idée-là, « Snake Eyes » mérite un peu plus de lumière.
Note : 15/20
Par Cinéted