Avis :
Quand on est musicien, il faut s’attendre à changer plusieurs fois de groupes et de formations. Il est vrai que parfois, on trouve le bon et on s’y installe pour des années. Mais bien souvent, les échanges et changements de line-up sont nombreux. Prenons à titre d’exemple A Pale Horse Named Death. Groupe américain fondé en 2010 à New York, il doit son existence au batteur Sal Abruscato qui venait alors de quitter Life of Agony et Type O Negative. Pour officier dans le genre qu’il a envie de faire, c’est-à-dire du Doom/Gothic, il s’entoure de l’ex bassiste de First Order, du batteur Johnny Kelly qui a déjà joué pour Type O Negative et Black Label Society et de l’ex guitariste de Doro. Bref, que du beau monde qui à chaque fois à changer de groupe pour trouver un équilibre.
Equilibre précaire et compliqué pour A Pale Horse Named Death, qui va faire une pause après leur deuxième album en 2013. Un hiatus imposé par un Sal Abruscato avec plein de soucis de santé et la naissance d’une petite fille qui a failli mourir dès la naissance. Autant que le type n’avait certainement pas envie de jouer de la musique, qui plus est avec des paroles dépressives, chose caractéristique du groupe. Six ans, c’est le temps qu’il faudra attendre pour voir le troisième effort du groupe alors que Life of Agony, l’ancien groupe de Sal, renait de ses cendres. Ce dernier pousse alors pour que When the World Becomes Undone voit rapidement le jour et puisse exister. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le quintet n’a pas fait les choses à moitié avec un album qui dépasse l’heure d’écoute et qui peut se voir comme une expérience étrange.
Le skeud débute avec un titre entièrement instrumental, As it Begins et dès le départ, c’est assez étrange. On entend des grognements, des cloches, une sonorité un peu inquiétante, mais cela ne décolle jamais vraiment. On entend des pleurs, on a vraiment la sensation d’une fin de monde. Ce ne sera pas le seul titre instru dans l’album, et on retrouvera d’autres moments un peu éthérés comme celui-ci. On peut citer Succumbing to the Event Horizon, qui est un titre très aérien, évoquant un voyage spatial avec des sonorités arabisantes. On peut citer The Woods et ses cantiques tribaux nous donnant la sensation de plonger dans une tribu cannibale. Et on peut rapidement parler de Closure, le dernier morceau de l’album, qui reprend les cloches du début, les pleurs, avec une tonalité plus alarmiste. Et à la fois bucolique, avec quelques chants d’oiseaux, nous donnant peut-être un peu d’espoir après tant de noirceur.
Car oui, A Pale Horse Named Death va rester fidèle à lui-même et continuer à explorer des thématiques dures avec des sons lourds, lents et parfois bien dépressifs comme il faut. Le titre éponyme de l’album débute tout calmement, avec un petit piano tout doux et une voix bien calme. Cela ne va pas forcément durer, puisque après un long riff à la gratte, le morceau s’emballe un peu pour partir vers un Doom assez classique mais très efficace. Le titre suivant va trancher un peu. Love the Ones you Hate est un morceau ultra accessible, qui contient en son sein quelques fulgurances grunge et rock pas si désagréables mais qui ne correspondent pas forcément au groupe. C’est là que l’on voit les influences d’un groupe comme Alice in Chains par exemple. Et cela se ressent aussi sur Fell in my Hole, un titre un peu plus long, plus complexe, au riff bien gras, mais qui fait immédiatement penser au groupe cité précédemment. Alors oui, c’est bien, mais on a la sensation que le groupe peine à retrouver de sa fougue.
Fort heureusement, si ces morceaux sont loin d’être mauvais, A Pale Horse Named Death va jouer avec nos nerfs sur les titres suivants. Vultures tapote bien comme il faut et il donne vite envie de se secouer les puces dans un délire proche d’un Stoner. End of Days pourrait faire penser à du Marylin Manson mais dans une structure bien plus complexe, au sein d’un morceau qui joue avec les tonalités et les rythmiques. We All Break Down reviendra à quelque chose de plus préhensible pour le néophyte, même si l’introduction est un peu longue et que l’on ne comprend pas bien où le groupe veut en venir au démarrage. Lay With the Wicked trouve son originalité dans un violoncelle qui donne le ton dès le départ, mais qui succombe vite à la facilité et Splinters viendra rehausser la barre avec une violence accrue et des riffs qui vont bien mal. Reste alors Dreams of the End et ses sept minutes qui nous laisse sur une bonne note.
Au final, When the World Becomes Undone, le dernier opus de A Pale Horse Named Death, est un bon album. Il est long, complet, plutôt varié et propose un véritable voyage au sein d’une atmosphère pesante. Le groupe de Sal Abruscato a fait un gros travail sur l’ambiance globale de l’album. Néanmoins, on pourra noter quelques baisses de régime, quelques redondances et surtout, des titres instrumentaux pas percutants et qui manquent un peu de verve pour relever tout ça. En bref, un bon album, non dénué de défauts, mais qui devrait ravir les fans.
- As it Begins
- When the World Becomes Undone
- Love the Ones you Hate
- Fell in my Hole
- Succumbing to the Event Horizon
- Vultures
- End of Days
- The Woods
- We All Break Down
- Lay With the Wicked
- Splinters
- Dreams on the End
- Closure
Note: 15/20
Par AqME