avril 25, 2024

Douze Mille

De : Nadège Trebal

Avec Arieh Worthalter, Nadège Trebal, Liv Henneguier, Florence Thomassin

Année: 2020

Pays: France

Genre: Drame

Résumé:

Frank se fait chasser d’une casse automobile où il travaille clandestinement. Dans sa région, c’est la zone, pas de travail. Bien que très attaché à sa vie avec Maroussia, Frank doit partir trouver du travail ailleurs, loin de chez lui. Douze mille euros : c’est la somme dont ils conviennent tous les deux, la somme qu’il devra gagner avant de revenir. Mais Frank va-t-il revenir fidèle ? Au moins fidèle à lui-même ? Va-t-il seulement revenir…

Avis :

Diplômée de la Fémis, Nadège Trebal a commencé sa carrière dans le documentaire. Femme de conviction, ses deux premiers films sont des documentaires qu’elle a consacrés à des ouvriers, plaçant sa caméra premièrement dans une raffinerie pour « Bleu pétrole« , puis dans une casse automobile pour « Casse« . De ces deux documentaires est née alors l’écriture du premier long-métrage de fiction, « Douze mille« .

Il y a des films qui sont capables d’intriguer, et plus encore, de donner envie de s’y attarder avec un tout petit argument et pour le premier film de Nadège Trebal, sorti très discrètement en salle au début de l’année, c’est la présence en acteur principal du très bon et pas assez connu Arieh Worthalter, acteur belge qu’on a pu voir dernièrement dans « Razzia » de Nabil Ayouch, « Girl » de Lukas Dhont ou encore « Un monde plus grand » de Fabienne Berthaud. L’acteur est un concentré de charisme et de talent, alors l’idée de le voir enfin accéder à un premier rôle m’intriguait beaucoup. Ainsi, je me suis lancé dans « Douze mille« , ce premier film de fiction de Nadège Trebal, et quelle déconvenue. C’est bien simple, je suis passé totalement à côté de ce film, qui fut une énorme incompréhension, on ne peut plus agaçante. Prétentieux, sans queue ni tête, mélangeant tout et n’importe quoi, « Douze mille » est une œuvre surréaliste et invraisemblable qui m’a totalement laissé sur le carreau.

Frank travaillait dans une casse de manière clandestine et il vient de perdre ce travail. Frank décide alors de partir de sa région, de chez lui, et de quitter un temps l’amour de sa vie, Maroussia. Son objectif, gagner douze mille euros, ce qui sera alors la même rentrée d’argent que sa femme. Loin de chez lui, Frank fait comme il peut, mais plus il s’éloigne de Maroussia, moins il peut faire l’amour. Frank pourra-t-il lui rester fidèle, puis pourra-t-il trouver cette somme et enfin, s’il arrivait à réunir cette somme, aurait-il l’envie de rentrer ?

Découvrir sans rien en savoir, c’est parfois une très belle surprise et d’autres fois, des surprises bien moins belles et si j’avais lu le synopsis de « Douze mille« , je crois que j’aurais réfléchi à deux fois avant de m’y lancer, tant ce synopsis n’a déjà pas beaucoup de sens.

Mais si sur le papier, c’est pas ça, à l’image, ce sentiment est tout simplement exaspérant. « Douze mille« , c’est un film qui enchaîne tellement d’improbable, d’invraisemblance et de raté, que franchement, j’ai bien du mal à savoir par où commencer.

Si le film avait pourtant bien commencé, très vite, il s’effondre et son scénario rime avec du très grand n’importe quoi. C’est bien simple, cette histoire n’a pas de sens. Si le film a bien des idées et des lignes intéressantes, le tout est noyé sous un très grand n’importe quoi qui s’emmêle les pinceaux, au point que cette histoire ne veut rien dire. A travers « cette histoire », la réalisatrice veut parler (ou dénoncer) le capitalisme, les petits travailleurs exploités, la pauvreté, l’argent, le rapport à l’argent dans un couple, puis le film aborde aussi la clandestinité, les réfugiés, les migrants, l’industrie, l’intérim, et le tout sous couvert d’une histoire d’amour qui se veut lumineuse, en dehors des codes, belles charnelle, poétique, sexuelle, dansée… Bref, en fait, on ne sait pas vraiment de quoi « Douze mille » veut parler.

Le film passe d’un sujet à l’autre, il passe du coq à l’âne en une image, proposant des personnages et des séquences qui ne servent à rien (certaines sont parfois très dérangeantes comme celle très sexuelles entre Arieh Worthalter et l’excellente Florence Thomassin), et au final, le film se perd et s’emmêle les pattes dans sa non histoire. De plus, cette intrigue enchaîne les incohérences, les invraisemblances, les trous, les engueulades et les clashs pour rien, et finalement, plus le film avance et plus cette histoire apparaît très improbable (le final est une véritable énigme !) et surtout, au-delà de ça, plus cette histoire avance et plus on finit par tristement se ficher de ce qui nous est raconté.

On aurait alors pu se raccrocher à ses personnages, parfois, une histoire mal écrite peut être rattrapée par des personnages attachants, mais là encore ça ne fonctionne pas et si Arieh Worthalter est bon, le personnage est si peu consistant et finalement agaçant que là encore, on passe à côté.

Enfin, si Nadège Trebal arrive à capturer de jolis moments, notamment quand on entre dans l’intimité de ses personnages, ce sera tout, car le reste est à l’image de cette histoire, incompréhensible et agaçante. Le film traîne en longueur et a tendance à faire dans le misérabilisme et la caricature. Et à tout ceci, on ajoutera un trait de prétention, Nadège Trebal voulant décaler son film et le rendre poétique avec de jolies scènes où les personnages dansent librement, amoureusement, mais malgré de jolies images, le tout ne fonctionne pas. C’est lourd, on n’en peut plus, et l’on attend le générique de fin avec impatience.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai bien eu du mal à arriver jusqu’au bout de ce « Douze mille« . Incompréhensible, agaçant, interminable, cette première incursion dans le cinéma de Nadège Trebal ne donne vraiment pas envie d’y revenir et c’est bien dommage, car la réalisatrice arrive à deux ou trois moments à capturer quelque chose, et plus que ça, sur son idée de base, des amoureux qui se « séparent » car l’un part travailler loin du foyer, aurait pu donner une intrigue intéressante. Bref, tristement, « Douze mille » est un très beau prétendant à la plus haute place des flops de l’année.

Note : 03/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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