Titre Original : I Want to Live
De: Robert Wise
Avec Susan Hayward, Theodore Bikel, Simon Oakland, Virginia Vincent
Année: 1959
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame
Résumé:
Accusée d’un meurtre qu’elle n’a pas commis, Barbara Graham est condamnée à mort. Seul contre tous, le journaliste Ed Montgomery défend Barbara. Mais l’issue de son combat est tragique.
Avis:
Robert Wise est un réalisateur américain qu’on ne présente plus, tant il a fait pour le cinéma de manière générale. Réalisateur culte qui laisse derrière lui une filmographie passionnante, allant du drame à la comédie, du film de science-fiction au film de guerre, allant du film policier au film romantique et l’histoire d’amour, sans oublier ben entendu ses comédies musicales, ou encore ses westerns. Bref, en presque soixante de carrière, Robert Wise aura touché à tous les styles, il aura fait tourner les plus grands et il fut multi-récompensé.
Peu de temps après avoir fait tourner Clark Gable et Burt Lancaster dans un film de guerre, Robert Wise revenait et surtout, il changeait de registre, puisque cette fois-ci, le metteur en scène a décidé de se faire politique et de livrer avec « Je veux vivre » un réquisitoire contre la peine de mort. Pour cela, Robert Wise va raconter la vie de Barbara Graham, une femme accusée d’un meurtre qu’elle n’avait vraisemblablement pas commis (car oui, dans « la vraie vie », beaucoup d’éléments accusaient Barbara Graham et son innocence n’est pas si évidente que cela). Révoltant et surtout prenant, Robert Wise livre-là un petit bijou qui, plus de soixante ans après sa sortie, demeure intact.
Barbara Graham, trente ans, a déjà un lourd passif derrière elle, mais depuis un certain temps, la jeune femme, qui est devenue mère de famille, essaie de se racheter une conduite. Or, de mauvais choix la font se faire arrêter en compagnie de deux hommes, Jack Santo et Emmett Perkins, qui ont tout deux commis un meurtre. Arrêtés ensemble, Barbara se retrouve accusée du même meurtre alors qu’elle est innocente. N’ayant pas les faveurs de la police, du jury ou encore de la presse, Barbara va être condamnée à mort et devra lutter seule contre tous.
Puissant, dur, parfois même insoutenable et glaçant, « Je veux vivre » est assurément un très grand film. Robert Wise se fait ici politique et il se lance dans un puissant réquisitoire contre la peine de mort. Un réquisitoire qui hantera son spectateur, tant ce film est une véritable descente en enfer dans sa dernière demi-heure.
« Je veux vivre » est adapté de l’histoire véridique de Barbara Graham, une jeune femme accusée de meurtre. Pour ce film, Robert Wise s’est appuyé sur des articles de presse, sur des lettres que la condamnée a échangées avec un journaliste, ou encore sur les récits de gens qui ont côtoyé Barbara Graham.
Si le film est très classique dans sa forme, il demeure puissant grâce à un scénario qui n’est que béton armé et grâce à son interprète principal, la formidable Susan Hayward, qui fut très justement récompensée par l’académie des Oscar.
« Je veux vivre« , c’est un scénario qui est passionnant dans chacun de ses aspects. Passionnant dans la présentation de son personnage, passionnant dans la description de son époque (on peut même parler de choc, quand on voit aujourd’hui certaines lois et méthodes) et passionnant dans son procès et assurément sa dernière partie, qui est une horreur d’inhumanité. Ici, Robert Wise tire à vue, aussi bien sur la justice que sur la presse à scandale ou encore et surtout sur la méthode monstrueuse que les établissements pénitenciers, comme la justice, mettent en place pour prendre une vie en toute légalité. D’ailleurs, si tout le film est superbe et passionnant, cette dernière partie, plus dure, plus sombre, et à la limite de l’insupportable, clôturant le film de manière folle et surtout terriblement marquante. C’est bien simple, le film va nous poursuivre bien longtemps après sa diffusion.
On sera aussi hanté grâce ou à cause de Susan Hayward qui est absolument renversante dans la peau de Barbara Graham. L’actrice, qui de surcroit croyait en la culpabilité de la femme qu’elle interprète, livre là une performance à toute épreuve. Lumineuse, attachante, pleine de vie et d’espoir face à l’injustice qu’elle est en train de subir de plein fouet, elle nous bouleverse à tout instant, amène des frissons, larmes et moments suspendus. D’ailleurs, c’est assez affolant, car l’actrice est si authentique, elle crève tant l’écran, que finalement, on ne voit et l’on retient qu’elle.
Très classique, comme je le disais plus haut, avec « Je veux vivre« , Robert Wise a fait le choix de suivre les événements comme ils se sont présentés, ce qui amène à un film qui, hormis sa dernière demi-heure, demeure presque sans surprise. Pourtant, malgré le côté classique, « Je veux vivre » demeure un film purement passionnant et surtout redoutablement exécuté. Robert Wise, pour appuyer l’horreur de son histoire, ne fera pas de sensationnalisme, le réalisateur va laisser son film se faire envahir petit à petit par l’horreur et l’injustice que vit cette femme. Et plus le film avance, plus l’immonde prend place et plus Robert Wise marque son spectateur. Et qu’on soit pour ou contre la peine de mort, ce qui est excellent avec « Je veux vivre« , c’est que finalement, le metteur pousse au début, provoque des réactions et c’est ce qui fait de lui un grand cinéaste.
« Je veux vivre » est donc une claque, aussi forte qu’elle est passionnante. Robert Wise signe-là un film puissant, un film qui dénonce et tire à vue sur la police, la justice, la presse, et plus largement une partie de la société américaine. Le sujet est grand, son réalisateur est grand, son actrice est au-delà des mots, tout ça donne donc naissance à un grand, très grand film !
Note : 18/20
Par Cinéted