mars 28, 2024

Spéciale Première

Titre Original : The Front Page

De : Billy Wilder

Avec Jack Lemmon, Walter Matthau, Susan Sarandon, Vincent Gardenia

Année: 1974

Pays: Etats-Unis

Genre : Comédie

Résumé :

Rédacteur en chef d’un journal, Walter Burns est en colère contre Hildy Johnson, son meilleur journaliste, qui, absent, risque de lui faire manquer l’exécution d’un dangereux assassin. Mais le reporter désire abandonner le journalisme et toute recherche de scoop, et préfère se marier. Walter va tout faire pour qu’Hildy revienne sur sa décision.

Avis :

Ah le cinéma de Billy Wilder ! S’il y a bien un réalisateur qui peut nous combler en cette période de confinement, c’est Billy Wilder et ses comédies féroces et folles. Immense réalisateur américain, Billy Wilder tient l’une des plus belles filmographies de l’héritage américain, surtout dans le domaine de la comédie, où le réalisateur a fait des merveilles, « Certains l’aiment chaud !« , « La garçonnière« , « La grande combine« , Irma la douce« . Franchement, si vous avez un coup de mou, un coup de blues, arrêtez-vous un soir sur l’une des comédies de Billy Wilder, ça va vous remonter le moral.

Et plus encore avec cette « Spéciale première« , qui est l’un des derniers films du réalisateur qui s’avère être une comédie burlesque aussi tordante qu’elle est féroce dans la peinture qu’elle dresse de la presse à scandale. Mené avec brio par Jack Lemmon et Walter Matthau, « Spéciale première » est un film qui ne s’arrête jamais et qui, en plus de ça, plus il avance, plus il s’enfonce dans des quiproquos et des rebondissements fous, finissant pas devenir jouissif à souhait. C’est bien simple, il est impossible de garder son sérieux devant un film pareil et finalement, le seul regret qu’on ait à la fin, c’est que ce soit fini. Bref, c’est tordant et tordu et l’on en redemande !

Chicago, 1929. Walter Burns est le rédacteur en chef du journal « The Examiner ». Parmi les journalistes qui travaillent pour « The Examiner », Hildy Johnnson est considéré, et de très loin, comme le meilleur d’entre tous. Alors qu’un dangereux criminel va être pendu au petit matin, Walter qui comptait bien envoyer Hildy écrire un papier et surtout prendre en douce une photo de la pendaison, a la très désagréable surprise d’apprendre que Hildy démissionne, car il quitte la ville et veut épouser la belle Peggy. Pour Walter, cette décision n’est pas possible et il va tout faire pour que Hildy change d’avis. Et quand Hildy vient dire au revoir à ses collègues journalistes dans la salle de presse de la prison et que le condamné à mort s’évade, son instinct de journaliste va reprendre le dessus…

Tiré d’une pièce de théâtre de Charles McArthur joué en 1929, pièce de théâtre inspirée elle-même d’un fait divers, quand débarque le « Spéciale première » de Billy Wilder, celui-ci est le troisième à adapter la dite pièce de théâtre.

Tordant, hilarant, fou, joyeux, bordélique, délirant, critique, politique, le « Spéciale première » de Billy Wilder est la comédie parfaite. C’est le genre de film aussi intelligent qu’il est drôle, Billy Wilder arrivant à offrir un film qui fait autant rire qu’il a du fond. Car oui, derrière ses allures de comédie folle, « Spéciale première« , c’est aussi un film qui pointe du doigt la presse à scandale, qui est prête à tout pour un scoop, oubliant presque que la vie d’un homme est ainsi en jeu. Le scénario poussera cette idée assez loin, écorchant génialement l’image de cette presse, qui se jette sur tout et rien, cette presse qui grossit les traits pour être le plus sensationnel possible. Billy Wilder y parle de passion, d’éthique, de mots savoureusement choisis, le scénario nous réserve des magouilles et des manipulations pour que les personnages arrivent à leurs fins et c’est absolument génial de bout en bout.

Puis c’est génial, car le film n’a pas que ça sous son capot, et « Spéciale première » nous amuse aussi avec un film qui aborde l’anticommunisme primaire qui règne en Amérique. Ainsi, entre ce sujet-là et celui plus haut, le film est peuplé de répliques qui font mouche, de petits pics ici et là, il est peuplé d’instants rocambolesques à souhait, Billy Wilder et son duo d’acteurs s’en donnent à cœur joie et cet esprit fou, cet esprit burlesque et absurde est communicatif. Entre critique de la presse, critique de la peine de mort, et plus largement critique de la société américaine, avec « Spéciale première« , le réalisateur américain nous offre un humour grinçant et un humour qui lorgne vers le politiquement incorrect, et l’on adore ça. « Spéciale première » est un tel divertissement, il nous entraîne si facilement dans son intrigue, que c’est le genre de film qu’on serait prêt à suivre encore longtemps sans voir le temps passer.

Si le scénario de « Spéciale première » est un petit bijou, le film peut aussi compter sur une mise en scène qui est rythmée, qui enchaîne les moments rocambolesques, tous plus tordants les uns que les autres. Billy Wilder a un sens inné de la comédie et il le prouve encore une fois et ce qui est génial, c’est qu’à l’heure de la découverte, le film n’a pas pris une seule ride. C’est assez fou la force de la mise en scène de Wilder, la pêche que dégage son film, le sens de la comédie, du comique, ici Wilder passe par plein de styles comiques et alors que c’est bordélique, ça fonctionne tout le temps. Billy Wilder offre un film dense qui nous amuse à tout instant. Bref, c’est fou, c’est jouissif, c’est du génie.

Bien sûr, si « Spéciale première » fonctionne aussi bien aussi, c’est grâce au duo Jack Lemmon et Walter Matthau qui carbure du feu de Dieu. Les deux, dans des caractères tout à fait opposés et en même temps très similaires, sont à mourir de rire. Les deux acteurs se complètent à la perfection et sont tous deux survoltés. Franchement, on adore les suivre, on adore les voir se prendre la tête, se faire des coups en douce, s’admirer, se détester, et surtout se passionner pour leur métier, tout deux convaincus de leur « éthique ». On notera aussi les excellentes performances de Vincent Gardenia en shérif dépassé, d’Austin Pendleton en prisonnier évadé, de Carol Burnett, hilarante en prostituée amoureuse et de Susan Sarandon, en jeune amoureuse.

C’est drôle, c’est frais, c’est cinglant, tout le monde en prend pour son grade (et certains sujets sont encore d’actualité, ce qui est fou), c’est bourré d’énergie, c’est communicatif, c’est du Billy Wilder comme on l’adore. Tordant de bout en bout, c’est bien plus profond que ça en a l’air, ça part dans tous les sens et c’est en même temps tenu. Le tout est servi avec un duo d’acteurs au sommet de leur art, franchement que demander de plus ? Bref, ce « spéciale première » entre directement dans mon panthéon de mes préférés du réalisateur !

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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