De : Michael Bay
Avec Will Smith, Martin Lawrence, Gabrielle Union, Jordi Molla
Année: 2003
Pays: Etats-Unis
Genre: Action, Policier
Résumé :
Les policiers Marcus Burnett et Mike Lowrey enquêtent sur Tapia, un ambitieux baron de la drogue décidé à tout pour inonder Miami d’un nouveau poison et accroître son empire. Au cours de leurs investigations, ils se voient épaulés par Syd, la soeur de Marcus, également agent de la D.E.A. (Drug Enforcement Agency). Mike s’éprendra de la demoiselle, provoquant ainsi quelques tensions entre lui et son partenaire…
Avis :
La carrière de Michael Bay commence à l’aube des années 90 avec un documentaire sur le groupe de métal Meat Loaf. En 1995, il entame alors sa filmographie avec le sympathique buddy movie Bad Boys. Mettant en scène un duo intéressant, à savoir l’expérimenté Martin Lawrence et le newbie Will Smith, le cinéaste fait étalage de son amour pour les films à gros budget où les explosions vont bon train, notamment dans un final destructeur. Continuant sa carrière avec de gros blockbusters plus ou moins réussis, c’est huit ans plus tard que Michael Bay, avec Jerry Bruckheimer, décide de remettre en scène les Bad Boys pour un deuxième volet. La recette est facile, on reprend le même duo, on tisse une intrigue de trafic de drogue et de blanchiment d’argent avec la sœur de l’un d’eux en tant qu’infiltrée, et on colle des courses-poursuites et des explosions de partout. On aurait alors pu craindre un film beauf et déviant où le sale gosse qu’est Michael Bay se la joue boulet de démolition sans aucun fond, mais c’est sans compter sur l’aspect divertissant de la chose et ce rejet en bloc de l’American Way of Life.
Le film débute très vite en présentant le nouveau bad guy et comment il réalise son trafic de drogue entre Cuba et Miami, en passant par divers gangs, dont le Ku Klux Klan. C’est là que nos deux héros rentrent en scène, essayant de remonter le filon de ces cachets d’ecstasy qui tuent des tonnes de gamins à la sortie de boîtes de nuit. Si le scénario fonctionne de façon très simple en remontant pièce par pièce des éléments permettant d’aller vers un trafiquant bien connu des services de police, c’est surtout dans sa satire politique qu’il gagne des galons. Sous son aspect crétinoïde de film d’action sévèrement burné, Bad Boys 2 cache une critique solide du système judiciaire, des méthodes de police souvent limites et d’une DEA qui ne fonctionne pas avec les autres ressources à sa disposition, dont la police. En faisant ainsi, Michael Bay démontre des énormités au sein d’un système qui ne se parle pas et qui veut recueillir toute la gloire, quitte à mettre en péril la vie de certains de ses collègues. Mais ce n’est pas tout, puisque qu’avec ce film, on va vite voir que le méchant de l’histoire ne veut pas vivre aux States, mais à Cuba, où il serait plus libre et bien plus riche. L’American Dream n’existe donc pas et il se révèle même dangereux, quand on voit les méthodes radicales de certaines personnes, dont Marcus et Mike, qui foncent tête baissée.
Cependant, ce n’est pas le côté finaud de l’entreprise qui ressort en premier quand on regarde Bad Boys 2, mais bel et bien sa mise en scène tout simplement incroyable. Alors oui, c’est un divertissement bourrin et nerveux, mais certaines séquences sont tout simplement incroyables. A un tel point que même dix-sept ans plus tard, elles fonctionnent encore et forcent le respect. La course-poursuite sur culte contre les haïtiens, qui a nécessité quatre jours de tournage pour une page de script, est un modèle du genre. Les caméras à ras du sol, les voitures qui volent dans tous les sens, le bateau qui prend feu, les ralentis lors de certaines cascades, c’est très impressionnant et cela en devient même grisant. Et même les fusillades sont vraiment bien mises en scène. Il suffit de voir le raid dans la maison des haïtiens, et cette caméra virevoltante, pour s’apercevoir de toutes les idées de Michael Bay, qui décide de faire fi des lois de la gravité pour imprégner son film de son visuel si marquant. Mais que serait un film de Michael Bay sans explosion ? La séquence finale est un vrai régal, avec son côté patriotique, grosse camaraderie, qui refait surface, et où une maison explose pour de vrai, le cinéaste l’ayant achetée avec ses deniers pour la dynamiter dans un dernier tiers explosif. En bref, la mise en scène est très nerveuse et pourtant, elle reste lisible, même dans des moments plus compliqués à mettre en place.
Le point faible du film reste bien évidemment son humour et ses moments plus intimes. Les relations entre les personnages n’évoluent pas vraiment. Marcus est toujours très en colère et les méthodes bourrines de Mike ne lui conviennent pas vraiment, à un tel point qu’il hésite à demander sa mutation. Le coup de la sœur de Marcus, agent à la DEA, qui est amoureuse de Mike rencontré à New York, manque aussi de finesse et n’est là que pour tenter d’apporter de l’empathie envers ce personnage féminin un peu fade et sans réel background. La sauce ne prend pas vraiment et on reste sur un schéma un peu trop classique pour convaincre. Même le méchant, pourtant joué par le génial Jordi Molla, n’est pas trop charismatique et ressort les mêmes scories que pour le précédent, à savoir un surjeu et aucune nuance. Oui, Bad Boys 2 est manichéen au possible et il aurait pu être tellement plus. Enfin, concernant l’humour, le film manque là aussi de finesse. Aujourd’hui, en 2020, on pourrait dire que le film est homophobe, car les blagues sur les gays, ou tout du moins sur l’orientation sexuelle de Marcus car il s’est pris une balle dans le cul le rendant impuissant, ne sont pas très fines et l’ensemble manque d’une écriture plus rigoureuse. Certes, dans les traits de caractère des personnages, ça passe, mais ça reste constamment sur la tangente et la perte d’équilibre n’est jamais loin.
Au final, Bad Boys 2 est une vraie réussite de la part de Michael Bay, ce gros bourrin au grand cœur. Généreux, gore, drôle, vulgaire mais aussi maîtrisé dans sa mise en scène et plus intelligent qu’il n’y parait, ce deuxième opus des aventures de Mike et Marcus est bien supérieur à son aîné, élevant le Buddy movie en un actioner sévèrement burné presque sans limite. Si par la suite le réalisateur a fait encore mieux avec No Pain No Gain, il est difficile de bouder son plaisir devant ce film, qui affiche presque vingt ans sans avoir pris une ride.
Note : 17/20
Par AqME