mars 29, 2024

Whitechapel – The Valley

Avis :

Rares sont les groupes de métal à garder une formation stable depuis leur création. Il faut dire que bien souvent, entre les débuts compliqués et les brouilles qui peuvent naître pour diverses raisons, la vie d’un groupe n’est pas une sinécure. Pourtant, certains y arrivent et forment de vraies bandes, comme c’est le cas avec Whitechapel. Groupe américain fondé en 2006, si on peut noter quelques changements de line-up au tout début de la formation, les garçons sont là depuis quasiment le début, entre 2006 et 2007. Alors Whitchapel est un groupe de Deathcore, ce qui veut dire que c’est violent, que ça gueule beaucoup et qu’il s’en dégage une forte puissance presque écrasante. Et les américains sont rapidement devenus des monstres dans ce genre, fracassant sur son passage, notamment grâce à la voix et au charisme de son frontman, Phil Bozeman. Et c’est sur lui que l’on va se focaliser très rapidement avec ce septième album, The Valley, puisque l’on peut lire sur la cover que tout l’album est inspiré de faits réels. Des faits qui touchent l’enfance de Phil Bozeman, dont l’enfance semble plus proche d’un cauchemar que d’un rêve gentillet. Entre des parents pas très nets et un garçon qui visiblement à le nombre 666 tatoué dans les cheveux, The Valley promet une descente aux enfers vertigineuse tout en racontant des faits divers plutôt glauques. Doit-on y croire ? Là n’est pas la question, puisque ce qui importe vraiment, c’est la musique de Whitechapel et son évolution vers quelque chose de plus accessible tout en reniant jamais ses origines Deathcore. Le pari est-il réussi ?

D’entrée de jeu, le groupe sort la grosse artillerie mais montre aussi son changement de cap progressif. Petite mélodie tout douce en introduction qui va rapidement virer vers quelque chose d’ultra violent propose au groupe, le morceau, long, va bénéficier d’un énorme break dans la rythmique au niveau du refrain, qui va faire un gros effet. Toujours aussi puissant, le refrain permet pourtant de faire une sorte de pause et de sauter en rythme. Mais le plus étonnant reste la partie en chant clair, qui se permet de dire des horreurs, comme éradiquer l’espère humaine, mais de façon mélancolique et toute gentillette. Une façon pour le groupe de montrer sa face sombre. On retrouvera l’essence même du groupe avec le titre suivant, Forgiveness is Weakness, qui est relativement court, moins de trois minutes, et qui tabasse sans jamais s’arrêter. Il s’agit d’un morceau épuisant, très lourd, mais qui fait le taf à grands coups de latte dans la tronche. Avec Brimstone, le groupe se calme sur la rythmique mais pas sur la puissance. C’est très lourd, presque proche d’un Doom, mais le morceau joue les trouble-fête quand il faut aborder le refrain, se lâchant dans un riff assassin et surpuissant. Pour autant, le titre possède en arrière-plan quelques phases aériennes que l’on entendra surtout lors d’un break qui fait office de micro pause. La surprise viendra clairement de Hickory Creek, le seul morceau de l’album tout en chant clair, très touchant, d’une grande beauté et montrant toute la qualité vocale de Phil Bozeman qui possède un grain vraiment superbe. Etonnement, c’est peut-être le titre le plus marquant de cet album. Par contre, Black Bear nous rappellera à qui nous avons à faire, le groupe se lâchant avec un titre fait pour la scène, vibrant et donnant une énergie de dingue.

Pour entamer la seconde moitié de l’album (car oui, il n’y a malheureusement que dix titres dans ce nouvel album, pour environ 40 minutes d’écoute), le groupe envoie We Are One. Deathcore jusqu’au bout des ongles, le titre ne se démarquera pas forcément de l’album, mais il demeure un bon moment bourrin qui a le mérite de proposer un petit break un peu maladif en son milieu, qui permet de souffler quelques instants avant de repartir à la charge et d’écouter les « we are one » virulents du chanteur. Avec The Other Side, le groupe continue de déverser son énergie et sa hargne à travers des titres qui forcent le respect face à autant de densité. La rythmique est dantesque et les riffs sont très accrocheurs, donnant rapidement envie de claquer la nuque dans tous les sens. Mais c’est véritablement avec Third Depth que le groupe se démarque dans cette seconde partie. Démarrant calmement en chant clair, comme pour Hickory Creek, le morceau va monter crescendo pour livrer une prestation en growl qui va faire très mal à nos cervicales. Non seulement le titre est long, mais il est aussi très puissant, alternant de façon optimale les phases calmes et les moments énervés, très énervés. C’est là aussi un joli coup de maître de la part du groupe, qui montre deux facettes, un aspect virulent, écrasant, et un autre plus aérien, plus doux, tout en gardant une chape lourde, une ambiance anxiogène bien prégnante. Lovelace va permettre au groupe de se relancer dans un torrent de baffes à tour de bras, dégainant avec ferveur une puissance insoupçonnée. Puis avec Doom Woods, c’est l’ambiance sombre qui l’emporte, montrant que Whitechapel, c’est aussi autre chose que du Deathcore, que ça peut être du Doom dans l’âme, rendant l’ensemble cohérent avec des propos pas si faciles que ça à encaisser.

Au final, The Valley, le dernier album de Whitechapel, est une belle réussite. Essayant de s’émanciper du Deathcore dans lequel le groupe baigne depuis ses débuts sans jamais le renier, avec ce septième effort, les garçons montrent qu’ils sont capables de varier les plaisirs tout en prenant soin des fans. Si l’on peut pester contre une durée un peu courte et quelques titres un peu en deçà qui pourraient presque faire office de bouche-trou, The Valley reste un gros morceau qui se révèle un peu plus à chaque écoute, bien loin du côté bourrin que l’on peut lui accorder de prime abord.

  • When a Demon Defiles a Witch
  • Forgiveness is Weakness
  • Brimstone
  • Hickory Creek
  • Black Bear
  • We Are One
  • The Other Side
  • Third Depth
  • Lovelace
  • Doom Woods

Note: 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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