avril 23, 2024

Bad Wolves – Disobey

Avis :

L’industrie du disque est dans une situation un peu particulière depuis l’avènement du dématérialisé. Les ventes de disques ont chuté et paradoxalement, les amoureux de la bonne musique se sont remis au vinyle. Dans ce contexte un peu étrange, les groupes émergents sont rares et les ascensions sont lentes, voire parfois impossibles si l’on n’a pas les bons rapports et les bons pistons. Ce qui ne semble pas toucher les américains de chez Bad Wolves, que l’on peut considérer comme un supergroupe. Formé en 2017 autour de Tommy Vext, ancien chanteur de l’excellent groupe Divine Heresy, avec Doc Coyle à la gratte, ex membre du groupe God Forbid, Chris Cain (ex Bury Your Dead) à la guitare rythmique, Kyle Konkiel à la basse qui a fait partie de In This Moment et John Boecklin aux fûts qui a officié chez DevilDriver, Bad Wolves est géré par un certain Zoltan Bathory, guitariste de Five Finger Death Punch. Dès le départ, toutes les cartes sont présentes pour faire de ce supergroupe un super succès, et c’est exactement ce qu’il va se passer avec ce premier album, Disobey, qui va rapidement faire parler de lui. Déjà parce qu’on y trouve des ressemblances troublantes avec le groupe de Bathory, mais aussi parce que musicalement, le groupe sait mener sa sauce, alternant entre des moments virulents, voire violents, et des plages en chant clair qui transforment n’importe quel titre en Hard FM calibré pour la radio ricaine. Il en résulte donc un album étrange, qui veut faire du métal un objet commercial parfois putassier au possible, malgré des intentions louables.

Le premier titre est Officer Down, et on pourrait croire à un titre ultra punchy, qui lâche des riffs ultra syncopés et qui flirte parfois avec du Prog dans le pincement des cordes. Malheureusement, très rapidement, le groupe se perd dans le refrain quand Tommy Vext lâche le growl pour des refrains en chant clair qui pue un peu la merde. Pas tant que la voix du chanteur est mauvaise, bien au contraire, il possède un organe incroyable, mais tout simplement parce que l’on part dans un délire mercantile assez étonnant. Il en sera de même sur Learn to Live, qui tabasse bien comme il veut dans les moments agressifs, notamment sur la fin, mais le chant clair et la baisse de régime pour faire un refrain catchy casse toute l’ambiance installée. Et oui, ça ressemble grandement à du Five Finger Death Punch, que ce soit dans la musique ou dans la posture, comme on peut le voir sur certains clips. Costumes, tenues, tatouages, tout est fait pour attirer la néo-gothique en manque de mâles en sueur et tout décorés. No Masters sera du même acabit que les deux morceaux précédents, se parant d’un riff imparable, à la limite du bluesy métal, mais qui est noyé dans un sentiment de déjà écouté et c’est bien dommage. Pour montrer à quel point le groupe sait bien y faire, la reprise de Zombie de The Cranberries (RIP Dolores) est une réussite. C’est beau, c’est touchant, mais putain, ça joue tellement à fond dans le sentimentalisme que finalement, on préfèrera se repasser la version originale, moins surjouée, plus poignante.

Alors oui, fondamentalement, on ne peut pas dire que le groupe soit une tripotée de manches. Techniquement, ils sont bons, mais ils sont là pour faire du fric avant de faire de la musique. Il manque une âme à ce groupe. Une âme qui était présente dans Divine Heresy, même lorsque ce dernier faisait des ballades. Il suffit de lâcher une oreille sur le sublime Closure pour s’en rendre compte. Ici, le chant clair prend une place trop importante, notamment dans Run for Your Life, qui n’est pas intéressant pour un sou et crée même une dissonance entre les riffs rapides et un chant clair qui passe en arrière-plan. Remember When sera le genre de morceau qui va diviser grandement, puisque nous sommes clairement en présence d’un titre de Five Finger Death Punch. Couplet presque en rap, refrain un peu plus nerveux et qui rentre de suite dans la tête, bref, c’est calibré, jusqu’au clip, où le groupe se la joue poseur. Cela rejoint d’ailleurs la ballade de l’album, Here me Now, avec un léger featuring de Diamante. Si le titre n’est pas mauvais en soi, c’est du déjà entendu des centaines de fois et l’aspect eau de rose exacerbé est clairement malvenu pour un groupe qui essaye parfois de manier le métalcore et le deathcore. Et le clip… On dirait une préparation pour un tournage porno, c’est terriblement gênant, à l’image de la musique finalement, où un gros tatoué fait des filtres snapchat avec une fille sublime. C’est clairement compliqué d’aborder sérieusement ce groupe puisqu’à côté, on peut trouver des choses sympathiques comme Jesus Slaves et ses riffs tellement gras qu’ils donnent presque du cholestérol ou encore Toast to the Ghost et ses élans puissants.

Au final, Disobey, le premier album de Bad Wolves, est assez difficile à chroniquer. Si certaines choses sont intéressantes et méritent le coup d’oreille, on reste circonspect sur l’aspect marketing global de la formation. Très clairement, on fait un petit frère à Five Finger Death Punch et on le manipule pour que les ballades cartonnent et que l’image du groupe soit le plus lisse possible en touchant le public avec des mélodies gentillettes. Si ce n’est globalement pas mauvais, ça reste très convenu et sans surprise et surtout, on ne peut s’empêcher de voir cet éloge de l’American Way of Life et c’est parfois grotesque. Bref, des loups plutôt obéissants en quelque sorte…

  • Officer Down
  • Learn to Live
  • No Masters
  • Zombie
  • Run for Your Life
  • Remember When
  • Better the Devil
  • Jesus Slaves
  • Here me Now
  • Truth or Dare
  • The Conversation
  • Shape Shifter
  • Toast to the Ghost

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.