avril 25, 2024

Molière

De : Laurent Tirard et Ariane Mnouchkine

Avec Romain Duris, Alban Casterman, Fabrice Luchini, Laura Morante

Année : 2007

Pays : France

Genre : Comédie, Romance

Résumé :

En 1644, Molière n’a encore que vingt-deux ans. Criblé de dettes et poursuivi par les huissiers, il s’entête à monter sur scène des tragédies dans lesquelles il est indéniablement mauvais. Et puis un jour, après avoir été emprisonné par des créanciers impatients, il disparaît…

Avis :

Ex journaliste chez Studio, Laurent Tirard s’est lancé dans la réalisation au début des années 2000. Après du court-métrage, en 2004 sort « Mensonges et trahisons et plus si affinités… » son premier long et le film est une petite réussite. Drôle et touchant, tenu par un Edouard Baer qui deviendra très vite l’un de ses acteurs fétiches, ce premier film réjouit et l’on attendait de voir ce que le cinéaste naissant allait proposer par la suite. Après un arrêt sur la case écriture, pour « Prête-moi ta main » d’Eric Lartigau, Laurent Tirard revient début 2007 avec un film pour le moins étonnant, car Tirard, après avoir livré une comédie très contemporaine, se lance dans une comédie d’époque et surtout une comédie qui ne s’intéresse pas à n’importe quel personnage, car comme vous l’avez compris, avec ce film, Laurent Tirard va parler de Molière.

« Molière » version Laurent Tirard n’est pas un biopic, non, le film de Laurent Tirard est une fiction qui s’amuse à imaginer ce qui a bien pu arriver à Jean-Baptiste Poquelin quand ce dernier a disparu l’espace de quelques mois. Drôle et enjoué, jouant la pièce avant la création de la pièce, ce deuxième film plus ambitieux que la simple comédie qu’est le premier film de Laurent Tirard, est un honorable divertissement, tenu par un duo d’acteurs, Duris/Luchini, aux petits soins.

Paris, 1644, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est très loin d’être l’auteur qui traversera les époques. Non, Molière a vingt-deux ans, il est un acteur qui souvent se couvre de ridicule et il est surtout un acteur criblé de dettes. Alors qu’il vient d’être arrêté, un homme, Monsieur Jourdain, paye ses dettes et lui propose un marché. Monsieur Jourdain aimerait étonner sa femme, il aimerait qu’elle l’admire et comme elle a un faible pour les comédiens, le théâtre et plus généralement tout ce qui a une touche artistique, Monsieur Jourdain propose à Molière de l’aider à reconquérir sa femme, et ses dettes seront effacées…

Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Laurent Tirard a décidé de s’amuser avec l’un de nos plus grands auteurs, Molière. Si les pièces de Molière ont eu le privilège (ou pas) d’avoir des adaptations au cinéma, il y a peu de films qui s’arrêtent sur l’auteur lui-même et c’est entre fiction et un poil de biopic que le jeune réalisateur se lance dans ce projet, et il nous invite à un voyage dans l’œuvre de son auteur.

Ce qui est excellent avec ce film et frappe d’emblée, c’est la reconstitution que fait le réalisateur. « Molière« , c’est une reconstitution aussi amusante qu’elle va être astucieuse. Il y a quelque chose de très cinématographique qui se dégage de ce film, comme si Laurent Tirard avait voulu laisser transparaître que ce « Molière » est un film, qu’il est une comédie et en aucun cas, il va être un film sérieux. Ce choix est plutôt habile, car de suite, on sait où l’on met les pieds. Ensuite, ce « Molière« , c’est un scénario sympathique, qui s’amuse à recréer et surtout faire vivre plusieurs pièces et idées de pièces à son auteur. Laurent Tirard, toujours aidé de Grégoire Vigneron à l’écriture, livre un scénario amusant et plus fin qu’il n’en a l’air. Un scénario qui va créer des situations et des quiproquos drôles, jouant quelque peu la carte de la parodie, sans jamais tomber dans l’excès, même si parfois, on pourra reprocher au film d’être un peu facile.

« Molière« , c’est évidemment l’amour des mots et des répliques et ici, ça fuse et on prend un malin plaisir à suivre les mésaventures de notre pauvre héros. De plus, Laurent Tirard a choisi de s’entourer d’un casting de premier ordre. Romain Duris en Molière est génial, Fabrice Luchini en Monsieur Jourdain est à tomber, quant à Edouard Baer en salaud ou Laura Morante en amoureuse adultère, ils concluent ce joli tour de force.

Demeure alors une réalisation qui déçoit quelque peu, car si le scénario est fin et les acteurs divins, il est vrai que ce « Molière » tient une mise en scène plate. Ou du moins une mise en scène qui manque de caractère. Laurent Tirard se cherche encore, et si on s’amuse devant le film, si l’on est diverti, c’est bien plus par la qualité de ce qui nous est raconté, par l’impact de ses comédiens qui pour certains offrent un show comme on les aime, que par la façon dont le réalisateur nous raconte cette intrigue. Hormis la scène du cheval, ou celle d’une vérité balancée, peu de scènes sont vraiment marquantes et c’est dommage. Après, comme je le disais plus haut, on passe toutefois un bon moment devant ce film, et ses faiblesses sont quelque peu camouflées par tout ce qui est fait autour.

« Molière » n’est pas le meilleur film de Laurent Tirard, il n’est pas non plus un grand cru, mais il demeure une comédie tout ce qu’il y a de plus sympathique. Une comédie qui ose des choses, qui s’amuse avec l’auteur duquel elle parle. « Molière« , c’est aussi bien un film d’époque, qu’une comédie qui vire subtilement à la parodie et le tout est peu à peu ramené au final vers le biopic fantasmé parsemé de petites touches d’histoire. Bref, en s’attaquant à « Molière« , Laurent Tirard réussit son passage au second métrage.

Note : 13/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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