novembre 2, 2024

The King of New York

Titre Original : King of New York

De: Abel Ferrara

Avec Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Wesley Snipes

Année: 1990

Pays: Etats-Unis, Angleterre, Italie

Genre: Policier

Résumé :

L’histoire d’un gangster au grand cœur mais aux méthodes définitives, surnommé par la presse The King of New York et qui rêve de fonder un hôpital, confronté à des policiers opiniâtres qui ont juré de l’abattre…

Avis :

Abel Ferrara n’est pas un réalisateur facile d’accès. Il faut entendre par là qu’il réalise des films durs, âpres, et que sa mise en scène ne fait pas dans la demi-mesure. Il commence sa carrière en 1976 avec un film pornographique, Nine Lives of a Wet Pussy, puis il va alors s’attaquer à l’horreur trois ans plus tard avec The Driller Killer. Film complètement barge où les saturations de rouge côtoient de l’art moderne étrange dans lequel un tueur fait mumuse avec une perceuse. Dès lors, on remarquera cette propension à choquer tout en racontant des choses intéressantes. Il confirmera alors cette façon de faire avec L’Ange de la Vengeance, un rape and revenge éthéré et très étrange. Dans sa filmographie, il faudra remonter en 1990 pour trouver son film le plus accessible à tous, celui qui met généralement tout le monde d’accord et qui prouve qu’Abel Ferrara a une vision et sait faire des films plus mainstream. Ce film, c’est The King of New York.

Originaire du Bronx, Abel Ferrara est ce que l’on pourrait appeler le penchant trash de Woody Allen. Si ce dernier s’évertue à filmer la grosse pomme de manière poétique, Ferrara préfère montrer le côté sale, dur et moite d’une ville qui voue un culte à la perdition et à la solitude. The King of New York n’y échappera pas. Constamment tourné dans les bas-fonds humides d’un New York qui pue l’insécurité, le réalisateur va tisser une intrigue simple, où la dichotomie des personnages va troubler le spectateur, ne sachant finalement que penser des protagonistes. On va suivre Franck White, un baron de la drogue qui sort de prison et qui veut reconquérir son quartier. Pour cela, il possède toute une armada qui lui est dévouée et surtout, il n’hésite à faire parler la poudre quand il n’arrive pas à se faire des associés. Son but, écouler de la drogue pour gagner de l’argent et construire un hôpital dans un lieu défavorisé. Malheureusement, ses méthodes expéditives ne plaisent pas à la police, notamment à trois d’entre eux qui ont juré de tout faire pour l’arrêter, ou s’il le faut, l’abattre. C’est ainsi que débute The King of New York, dans une ambiance délétère et inquiétante, où chacun semble être un gangster en devenir.

La mise en scène de Ferrara est très intéressante car elle joue constamment sur les codes du genre policier, avec son lot de mafieux qui sont dans la caricature. On n’échappera pas à l’italien qui joue aux cartes et parlent avec les mains. On aura droit à l’asiatique dans son quartier de prostituées et de restaurants. Même les blacks auront droit à leur quartier, avec les restaurants de poulet et le rap à fond la caisse. Cependant, ces clichés sont là pour montrer les différentes ethnies qui peuplent les quartiers sensibles de la grosse pomme et mettre en avant un Franck White qui est ouvert à tout le monde, sans aucune forme de racisme. C’est ça qui est très fort avec cette mise en scène et cette histoire, c’est que l’on va ressentir de l’empathie pour le personnage principal, quand bien même c’est un tueur implacable. Il a ses raisons, et elles se tiennent, voulant nettoyer la ville à la place des flics pour pouvoir faire le bien. De ce fait, le scénario va mettre en avant un affrontement constant entre lui et les forces de l’ordre, dont une brigade de jeunes zélés qui veulent briller. Mais leurs méthodes correspondent finalement à celles utilisées par Franck White et on va se surprendre à détester les « gentils » pour apprécier les « méchants ». Tout en y mettant des parenthèses car comme dans tous les films de Ferrara, il n’y a pas vraiment de frontières entre le bien et le mal.

Il s’agit ici du film le plus accessible du cinéaste car sa mise en scène est moins rêche qu’à l’accoutumée. Si on retrouve quelques touches inaltérables de l’auteur, on restera surpris par une folie qui s’emballe moins que d’habitude. On aura toujours droit à des saturations de couleurs, comme ce bleu roi qui habille la soirée rap où tout déraille avec l’attaque des policiers, mais on retrouvera une certaine patte dans les moments plus denses, plus tendus, comme ce règlement de compte à l’abri de la pluie, où la vengeance s’abat sur certains protagonistes. Pour le reste, on aura droit à une belle course-poursuite, des fusillades assez propres dans leur mise en scène, mais bien gores dans leur résolution. Un style proche du réalisateur qui aime mettre en avant un aspect sanglant et violent, laissant exploser la violence et faisant ressentir les coups. Enfin, la dernière vraie réussite du film, c’est la prestation des acteurs et ce casting luxueux. Si Christopher Walken est impeccable en grand magnat de la pègre, il est accompagné par une ribambelle de talents comme Laurence Fishburne qui surjoue à mort le gangster loufoque, David Caruso en flic revanchard et pugnace, Wesley Snipes, tout calme et presque beau avec sa famille ou encore un Victor Argo qui semble cacher un lourd secret. Bref, la crème de la crème et c’est un véritable bonheur de les voir jouer des rôles si différents et pourtant si proches.

Au final, The King of New York est une vraie réussite et signe le début de la gloire pour Abel Ferrara. A la fois simple et direct, le film se veut aussi complexe dans le traitement des personnages qui ne sont ni bons, ni mauvais, possédant leurs démons et voulant construire un futur meilleur mais avec des méthodes trop radicales. Il en résulte un film dur, mais très accessible dans sa mise en scène, prouvant que le cinéaste américain est capable de garder sa patte tout en fournissant quelque chose d’un peu plus grand public. Il confirmera cette belle époque par la suite avec Bad Lieutenant, certainement son film le plus culte.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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