avril 20, 2024

Shaun le Mouton le Film: La Ferme Contre-Attaque – Au Poil Laineux

Titre Original : A Shaun the Sheep Movie: Farmageddon

De: Will Becher et Richard Phelan

Avec les Voix de Justin Fletcher, John B. Sparkes, Amalia Vitale, Kate Harbour

Année : 2019

Pays : Angleterre

Genre : Animation

Résumé :

Un vaisseau spatial s’est écrasé près de la ferme de Shaun. A son bord, une adorable et malicieuse petite créature, prénommée LU-LA.
Avec ses pouvoirs surnaturels, son goût pour l’aventure, et ses rots venus d’un autre monde, elle est immédiatement adoptée par le troupeau. Mais lorsqu’une sombre organisation gouvernementale se lance à sa poursuite, bien décidée à capturer la petite alien, la ferme contre-attaque ! Shaun et le troupeau vont tout faire pour aider LU-LA à rentrer chez elle.

Avis :

Dans la grande guerre des studios d’animation, on a souvent tendance à comparer Disney/Pixar avec Dreamworks. Malheureusement pour ce dernier, si les films produits sont souvent de qualité, il a du mal à suivre le rythme effréné de la firme aux grandes oreilles et la majorité de nos chères têtes blondes sont nourries à grands coups de Disney et de produits marketing. Alors ne crachons pas dans la soupe non plus, Disney, c’est très bien, la qualité est quasiment tout le temps au rendez-vous, du moins dans l’animation et on ne peut renier le travail formidable de toutes les équipes. Cependant, il existe d’autres choses, comme les studios Laïka, Folimages dont la société est basée à Valence dans la Drôme ou encore Aardman. Et c’est sur ces derniers que l’on va s’arrêter quelques instants, car Aardman ont une patte, et je dirais même plus une pâte, à modeler celle-ci, puisque tous leurs films sont à base de ce matériau. C’est à eux que l’on doit les personnages de Wallace & Gromit, qui donneront lieu à plusieurs films, mais aussi Shaun le Mouton, qui était à la base un personnage secondaire de Wallace & Gromit et qui trouve aujourd’hui une place de choix. Après l’excellent premier film du mouton, sorti en 2015, voici que déboule sa suite, qui va s’amuser avec les codes de la science-fiction.

Bien évidemment, la première chose qui va frapper avec ce film, c’est la qualité incroyable et riche de l’animation. Il faut un temps fou pour préparer toutes ces petites figurines, tous ces décors superbes, et il est difficile de critiquer la qualité du travail sur ce film. C’est beau, c’est coloré, l’animation est ultra fluide, les décors sont variés, passant d’une forêt à un champ, en allant dans un supermarché, pour finir carrément sur une autre planète, bref, ça fourmille dans tous les sens et c’est tout bonnement bluffant. A l’heure où les images de synthèse sont partout et font de plus en plus dans le photoréalisme, ici, on retrouve une certaine candeur, une réelle fraîcheur qui donne de suite le sourire. Car cette naïveté que peut imposer la pâte à modeler va servir un double propos intéressant et très intelligent. Et puis c’est agréable de voir une animation comme celle-ci car elle respire l’humain. C’est con à dire, mais on voit les traces des doigts sur les personnages, on voit la sculpture et cela rend finalement le produit encore plus authentique, plus vrai.

Ce qu’il faut savoir, c’est que derrière ces atours enfantins et presque candides, il y a plusieurs messages sous-jacents. Il y a clairement deux niveaux de lecture dans Shaun le Mouton le Film : La Ferme Contre-Attaque. Le premier concerne bien évidemment les enfants et sera le leitmotiv de l’intrigue. Une intrigue qui rappelle E.T. L’Extraterrestre de Steven Spielberg, puisqu’il s’agit ici de ramener un alien à sa maison avant qu’il ne se fasse prendre par une agence secrète. Dès lors l’entraide va être de mise et Shaun va endosser le costume du sauveur, mais surtout de l’adulte qui garde l’enfant. Car oui, s’il y a entraide et altruisme, avec tous les moutons qui aident, il y a aussi une notion d’évolution, de responsabilités. Shaun est obligé de grandir et d’arrêter ses bêtises farfelues pour aider cet extraterrestre loufoque et sans limite. Avec un tel message, les enfants comprennent la notion d’aide pour réussir, un message lambda que l’on retrouve dans de nombreux dessins animés, mais  il y a aussi cette notion de grandir, de l’accepter, pour finalement devenir quelqu’un d’altruiste. Ce message se focalise surtout sur les animaux et l’alien.

Pour les adultes, il va y avoir autre chose à se mettre sous la dent, et cela concerne les humains. Dans ce film, ils sont tous bêtes. Mais pas bêtes dans le sens cons ou pénibles, juste idiots, crédules et vénaux. C’est bien simple, le fermier ne pense qu’à se faire de l’argent sur le dos des extraterrestres qui arrivent, quitte à arnaquer des gens. Il y a une vague populaire pour les soucoupes volantes, et les gens vont croire tout ce qu’il voit, ici, même une pizza volante va devenir une navette lors d’un selfie. Dans ce film, l’humain est montré comme vide de toute responsabilité (le vigile du magasin qui lit le journal avec des écouteurs et ne voit pas ce qu’il se passe), mais aussi de toute intelligence. On se moque fortement de ces agences secrètes qui travaillent sur la possibilité d’une vie extraterrestre, où tous les scientifiques dont des êtres stupides, cupides et intellectuellement limités. Et oui, derrière son air naïf, le film prend le parti de dézinguer l’humanité, et on n’est pas très loin de la réalité.

Enfin, histoire de montrer que les studios Aardman sont toujours dans le coup, le rythme du film est complètement déjanté. Ca n’arrête pas une seule seconde et il y a toujours quelque chose qui bouge dans le film. Cela en est presque frénétique, mais c’est une frénésie assez posée, qui prend le temps de poser ses gags et de mettre en avant ses références. Et les références, il y en a une pelletée, qui font écho à toute la culture science-fiction. Si la marque de la confiture est Roswell et si un magasin se nomme H.G. Wells, c’est surtout dans le septième qu’il faut se tourner pour trouver d’énormes clins d’œil. On aura droit à du E.T. bien sûr, puisque la trame générale ressemble au film de Spielberg, mais il y a aura aussi du Rencontres du Troisième Type à travers des bruitages, du X-Files avec la musique, du Men in Black avec la méchante agente secrète, du Transformers avec un véhicule qui devient un robot, du 2001 l’Odyssée de l’Espace au détour de deux séquences, de l’Armageddon rien qu’avec le nom de l’attraction finale et même de l’Alien lors d’une scène au début. Et ça, ce n’est qu’un échantillon, car de nombreuses autres références doivent être présentes et sont passées sous mon radar. Bref, ça fourmille de partout, c’est drôle, c’est bien trouvé et ce n’est jamais putassier.

Au final, Shaun le Mouton le Film : La Ferme Contre-Attaque est une belle réussite. Si l’effet de surprise du premier métrage n’est plus présent, en confiant le projet à deux nouvelles têtes, les studios Aardman ont su garder une certaine fraîcheur et une envie de bouffer du cinéma. Rythmé, drôle, référencé, intelligent sur les deux propos qu’il tient, franchement, de l’animation de cette qualité, on aimerait en avoir un peu plus tous les jours dans de nombreux cinémas, tout en étant aussi bien distribué que des Disney. Encore une fois, il y a d’autres films d’animation qui sortent, qui valent grandement le coup, comme celui-ci, et ce serait dommage d’en priver vos enfants.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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