avril 24, 2024

La Chaîne

Titre Original : The Defiant Ones

De : Stanley Kramer

Avec Tony Curtis, Sidney Poitier, Theodore Bikel, Charles McGraw

Année : 1958

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Drame

Résumé :

Joker Jackson et Noah Cullen sont deux prisonniers qui se vouent une haine mutuelle. Alors que le véhicule qui les transporte est impliqué dans un accident, les deux hommes en profitent pour prendre la fuite. Seulement, enchaînés l’un à l’autre et sans moyen de se défaire de leur entrave, Cullen et Jackson vont devoir s’entraider pour échapper au shérif du comté, lancé à leur poursuite.  

Avis :

Stanley Kramer est un grand réalisateur américain qu’on aurait tendance à oublier et c’est bien dommage. En avance sur son temps, Stanley Kramer a bien souvent, à travers ses films, traité de sujets sensibles. Le réalisateur a traité de la cupidité, du nazisme, de la guerre nucléaire avec « Le dernier rivage« , et là je le cite car le film est bien trop méconnu et vaut amplement le détour. Et bien sûr, le réalisateur a traité du racisme et de la tolérance, notamment avec le désormais culte « Devine qui vient dîner« , mais aussi avec le film sur lequel on s’arrête aujourd’hui, « La chaîne« .

Troisième long-métrage de Stanley Kramer, « La chaîne » est un très grand film qu’il me tardait de découvrir, tant j’aimais l’idée de son synopsis, surtout quand ce dernier est traité par Stanley Kramer. Beau, fort, efficace, intense et encore plus si on le remet dans son époque, si je dois avouer que le film a quelque peu vieilli, il reste cependant un sacré morceau de cinéma qui porte en son sein un superbe message de tolérance. Tenu par un duo d’acteurs on ne peut plus charismatique, « La chaîne » est assurément l’un des plus grands films de Stanley Kramer !

Johnny Jackson, dit Joker, et Noah Cullen sont deux prisonniers qui sont en route vers leur nouvelle prison avec d’autres détenus. Pendant le trajet, un accident de la route survient et les deux hommes arrivent à s’échapper. Le souci dans cette cavale, c’est que les deux hommes se vouent une haine mutuelle, Joker étant blanc et Cullen noir, et l’autre souci, c’est qu’ils sont enchaînés l’un à l’autre et s’ils veulent s’en sortir, ils vont devoir mettre leur différend de côté…

Stanley Kramer à la réalisation, Tony Curtis et Sidney Poitier devant la caméra… La vraie question est comment ne pas avoir envie de découvrir ce film au plus vite ? En pleine période de lutte pour les droits civiques, Stanley Kramer ose sortir un tel film. Le film sera d’ailleurs récompensé par deux Oscars, notamment celui du meilleur scénario.

Et c’est tout d’abord sur ce scénario justement qu’on va s’arrêter, car ce dernier est tout simplement magnifique. Partant sur une idée assez simple, mais en même temps très originale, Stanley Kramer va tisser un film beau, touchant, profond et important. A travers l’histoire de ces deux hommes enchaînés l’un à l’autre, le réalisateur aborde les préjugés aussi bien de l’homme blanc sur l’homme noir, que l’inverse. Le réalisateur aborde les différences, la condition de l’homme noir aux Etats-Unis, les envies, les désirs, tout comme il parle aussi de la liberté, avec le racisme ambiant, l’envie de vivre, mais aussi de mourir s’invite alors à la réflexion. Le réalisateur livre un scénario et un film qui restent très subtils, osant aller jusqu’au bout de son sujet, sans jamais donner l’impression de faire une leçon de morale. Ce qui est fort avec ce film, c’est la façon dont les barrières et les préjugés s’effondrent petit à petit entre les deux hommes. Alors bien sûr, c’est évident, sur l’ensemble, surtout à notre époque, le film est peu surprenant, mais quand on le replace dans son époque, c’est couillu, c’est osé et surtout c’est fort.

Le final est d’ailleurs merveilleux et très marquant. Bon, là encore, le schéma est connu de tous et l’on n’imaginait pas autre chose, et c’est en ça que le film a quelque peu vieilli, mais malgré tout, devant la caméra de Stanley Kramer soixante ans après sa sortie, le tout reste fort, beau et bouleversant. Seul petit hic dans le décor, une romance qui, si elle véhicule beaucoup de sujets en peu de temps, a bien du mal à se faire crédible, et laisse une impression de prétexte pour aller jusqu’à ce final.

Du côté de la mise en scène, là aussi Stanley Kramer fait des merveilles, puisque « La chaîne » a des allures de road trip qui se mélange à une quête existentielle qui est involontaire pour ses personnages. Si on peut regretter une absence de tension, le film reste haletant et en permanence intéressant dans sa mise en abîme, notamment parce que les deux personnages restent accrochés par cette chaîne. Rythmé, précis, efficace, Stanley Kramer n’oublie pas de livrer un divertissement qui tient alors la route jusqu’à son final.

Enfin et c’est évident, « La chaîne« , c’est aussi deux grands acteurs, Tony Curtis et Sidney Poitier. Les deux acteurs impriment le film à jamais. Passionnants à tout instant, ils attisent notre attention en permanence et l’on reste comme scotché à leurs lèvres. Très complémentaire, l’un ne va pas sans l’autre, et tout deux sont magnifiés par la mise en scène de Stanley Kramer.

Je ressors donc terriblement conquis par ce film signé Stanley Kramer. Grand film qui prône la tolérance de tous les côtés, « La chaîne » est un essentiel du cinéma de Stanley Kramer et au-delà de ça, un essentiel du cinéma américain des années 50 et plus largement encore du cinéma tout court. Bref, un immanquable !

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.