avril 19, 2024

Korn – The Nothing

Avis :

La vie de Jonathan Davies, et donc indirectement de Korn, ne fut pas de tout repos. Dès son plus jeune âge, le leader va subir les affres d’une vie violente et douloureuse. Si ces parents divorcent alors qu’il n’a que trois ans, c’est avec son beau-père qu’il va avoir du mal. Celui-ci le bat, et est même soupçonné de viol. Arrivé au collège, le jeune Jonathan décide de se démarquer de la foule en portant des jupes et en mettant du khôl sous les yeux. Un look qui va lui valoir les brimades de ses camarades et une adolescence pas forcément rigolote. C’est en cela que les enfants et la jeunesse sont des thèmes récurrents chez le groupe et que les pochettes possèdent toujours un élément qui rappelle cela (la peluche de Issues ou encore les gamins aux gueules cassées de Untouchables). Si l’avant-dernier album de Korn avait pour thématique la souffrance, il s’est passé un évènement tragique dans la vie du frontman, la perte de son ex-femme, une ancienne actrice porno accro à l’alcool et à la drogue, avec lauquelle il a dû divorcer pour protéger ses enfants. Une perte qui résonne comme un échec pour le chanteur et qui va s’exorciser à travers cet album, The Nothing, le vide, le rien, symbolisé par un homme dont l’intérieur est tout simplement vide.

Le skeud débute avec The End Begins et cela met de suite dans l’ambiance. Un son de cornemuse, un semblant d’enterrement, un Jonathan Davies en pleurs. Bref, le ton est donné et surtout, la souffrance du frontman est terriblement palpable, encore plus quand on connait les conditions d’enregistrement de cet album qui est un travail de deuil. Cold aura alors la lourde charge de faire la véritable entame de l’album, et la lourdeur sera le maître-mot de ce titre. Le début est tonitruant, l’ensemble est terriblement énergique tout en étant presque désespéré et symbolise ce moment où l’on ne sent plus rien après un immense drame. Tout en restant du pur Korn avec la voix si caractéristique de Davies, le morceau affiche des intentions de catharsis, permettant au chanteur de se libérer d’un poids. You’ll Never Find Me sera du même acabit, profitant d’une introduction très lourde pour enclencher sur un couplet langoureux et aérien au niveau de la voix, jurant finalement avec la puissance des instru, mais permettant un pré-chœur bien percutant et qui fonctionne à plein régime. Le pont est tonitruant et on fait face à un titre très nerveux, très puissant et pourtant très touchant dans ce qu’il véhicule, pointant du doigt la perte de repères du chanteur (I’m lost, you’ll never find me). The Darkness is Revealing va montrer une autre facette du groupe, sur un morceau plus travaillé au niveau de la structure, mais détenant toujours ce poids du deuil en lui. Plus torturé, le morceau fonctionne pourtant à plein régime. Avec Idiosyncrasy, le groupe reste fidèle à lui-même avec une basse qui claque, des riffs assassins et une envie de mettre en avant un refrain en chant clair qui va vite rentrer en tête. Puis arrive le premier interlude, The Seduction of Indulgence, toujours dans une ambiance très sombre et qui va permettre d’attaquer la seconde moitié avec une certaine boule au ventre.

Parce que malgré cette violence inhérente au groupe, The Nothing est un album touchant et qui montre toute la tristesse du leader, qui souffre encore de la disparition de sa femme qu’il aimait encore. Finally Free sera un titre moins percutant, mais avec un sens terriblement profond, où il essaye de se dire que finalement, sa femme est désormais libre et loin de ses démons qui la bouffaient de l’intérieur. Un morceau poignant, différent du reste de l’album, mais peut-être le plus touchant. Can You Hear Me sera dans le même moule, avec les inspirations électro que le groupe aime manipuler, pour montrer toute la détresse du chanteur et cette solitude qui le bouffe petit à petit. The Ringmaster sera un titre court, mais d’une lourdeur rarement atteinte dans son introduction. Il s’agit peut-être du titre le moins fort de l’album, même s’il reste efficace et donne toujours envie de hocher la tête dans tous les sens, hormis sur le refrain, terriblement aérien et doux. A noter une partie en beatbox qui part en couilles rapidement pour faire du 100% pur Korn. Gravity of Discomfort va quant à lui avoir un groove assez inattendu dans un album au concept si lourd. Il s’agit d’un titre très intéressant dans sa structure et dans son refrain hyper catchy, mais aussi dans son pont ultra virulent et qui claque des riffs tout simplement incroyable. H@rd3r est un morceau particulier, dans lequel le chanteur se demande pourquoi sa vie est toujours de plus en plus dure. Il s’agit d’un titre particulièrement violent, relativement dépressif, mais qui fonctionne grâce à son refrain percutant et à son pont particulièrement violent qui donne envie de sauter dans tous les sens. This Loss sera un titre encore une fois très touchant malgré sa lourdeur, notamment grâce à son travail sur le deuil et la tristesse qui émane de ce morceau, évoquant toujours la mort injuste de son ex-femme. Un titre à la fois percutant, triste (everything that I love is always taking back from me) et qui est la pure synthèse de tout l’album, hurlant à la fois sa colère et sa mélancolie. Bref, c’est beau, violent, et dans la mort, le chanteur trouve tout ce qui nous lie à la vie. Pour conclure, Korn propose alors Surrender to Failure, dans lequel le chanteur susurre son impuissance pour sauver son amour et estime alors avoir échoué. Une fin touchante, simple et finalement nécessaire.

Au final, si l’on devait symboliser cet album en une image d’Epinal, ce serait cet homme à genoux devant le corps de sa femme et hurlant sa tristesse. Avec The Nothing, Korn et plus précisément Jonathan Davies, livre une copie d’une justesse rarement atteinte par le groupe, alliant parfaitement deux émotions étroitement liées, la colère et la tristesse. Il en résulte un album passionnant, percutant, intelligent et démontre que malheureusement, la douleur est toujours un vecteur d’émotions puissantes. Bref, ça faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu un album de Korn de cette trempe.

  • The End Begins
  • Cold
  • You’ll Never Find Me
  • The Darkness is Revealing
  • Idiosyncrasy
  • The Seduction of Indulgence
  • Finally Free
  • Can You Hear me
  • The Ringmaster
  • Gravity of Discomfort
  • H@rd3r
  • This Loss
  • Surrender to Failure

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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