décembre 9, 2024

Earthless – Black Heaven

Avis :

Quand on écoute des groupes que l’on ne connait pas, on a tendance à les rapprocher de choses que l’on connait bien, comme pour leur donner une forme, un genre particulier. La filiation est une chose importante car elle permet de se conforter dans ses choix d’écoute et surtout de se construire une base solide dans tel ou tel genre. Le problème, c’est que lorsque les groupes durent, ils ont tendance à changer de style, à varier les plaisirs pour éviter l’ennui ou la redite. Pour autant, il y a toujours un fond qui reste. Earthless est un groupe américain que l’on va forcément rapprocher de Black Sabbath, de par leur sonorité très métal progressif, mais aussi de par la voix du chanteur qui ressemble un peu à celle d’Ozzy Osborne. Formé en 2001 à San Diego, le groupe se veut technique et ne propose, à la base, que des titres instrumentaux. Autant dire qu’il faut avoir de sacrées corones pour faire cela, un genre qui n’est pas forcément radiophonique avec des titres qui dépassent souvent les huit minutes. Mais après presque vingt ans d’existence, le groupe est toujours là, avec sa formation d’origine et livre avec Black Heaven un cinquième effort de toute beauté.

Le skeud débute avec Gifted by the Wind et on nage en plein délire psychédélique dès le départ. Une introduction que ne renierait pas un certain Jimmy Hendrix, avant de prendre les bases de ce que pourrait nous servir un Led Zeppelin. Car oui, on nage en plein dans un rock psyché à tendance Hard qui renifle bien les années 70. C’est propre, le chant clair est aérien et rappelle du Ozzy Osborne et le morceau rentre immédiatement en nous. C’est bien simple, on a l’impression de revivre un Woodstock avec une énergie qui galvanise et une certaine lourdeur dans les riffs. Pour autant, c’est très technique, les solos sont magiques et malgré la longueur du titre, plus de six minutes, ça passe bien trop vite. Avec End to End, le groupe va partir vers un sentier différent dans son introduction, vers quelque chose de plus sombre et de plus dissident. L’ambiance rappelle bien évidemment l’aspect dark d’un Black Sabbath, la construction n’est pas sans évoquer War Pigs par exemple, mais le groupe s’en détache assez vite par la suite avec un démarrage en trombe et des solos d’anthologie. Encore une fois, en peu plus de cinq minutes, Earthless envoûte et démontre un sacré talent. Talent qui va se confirmer avec Electric Flame et ses plus de huit minutes. C’est long, mais c’est aussi très bon. Se raccrochant plus à un rock conventionnel dans ses premières minutes, les notes saturées vont vite prendre le dessus pour offrir un titre flamboyant et d’une grande richesse.

Pas besoin d’en faire des caisses pour montrer l’étendue de son talent et de sa technique, et le groupe le sait bien. Avec Volt Rush, teinté de ses airs Blues Rock, le groupe démontre que l’on peut faire danser et bouger dans tous les sens en moins de deux minutes. Et ce qui pourrait paraître comme un interlude devient alors un exutoire, un break rapide et funky entre deux longs titres plus construits, plus grandiloquents, mais toujours savamment orchestrés. Et Black Heaven va ébouriffer nos tignasses. Toujours entre Led Zeppelin et Black Sabbath, le groupe offre un très long titre de plus huit minutes sans aucune parole, comme à ses débuts, où les guitares sont finalement les seules chanteuses. D’une rare densité, varié et ne créant jamais aucun ennui, Earthless prouve sa capacité à accrocher dès les premières notes tout en s’émancipant de ses héros de musique. Car oui, si ça ressemble aux groupes précédemment cités, cela reste unique, notamment dans le côté un peu Desert Rock qui se dégage de l’album dans sa globalité. Et ce n’est pas Sudden End qui va nous faire dire le contraire. Car oui, il n’y a que six morceaux dans cet album, mais six gros titres dont un finish splendide qui invite au voyage tout comme il annonce une fin prématurée au sein d’un désert aride. A la fois beau, touchant et nerveux, le groupe finit en beauté un album qui mérite toutes les éloges.

Au final, Black Heaven, le dernier album en date de Earthless, est une pure tuerie. Il s’agit d’un album rare et précieux qui démontre que le rock, le vrai, celui qui puise son essence dans les meilleures années, est toujours aussi vivant et vivace. En seulement six pistes, le groupe montre sa palette technique, son émotion, pose ses tripes sur la table sans jamais céder aux cloches sinistres des maisons de disques et des tubes radiophoniques. On sent la liberté de faire ce que l’on veut, on sent le souffle chaud du désert sur nos tympans et c’est terriblement grisant.

  • Gifted by the Wind
  • End to End
  • Electric Flame
  • Volt Rush
  • Black Heaven
  • Sudden End

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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