De : Dexter Fletcher
Avec Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, Bryce Dallas Howard
Année: 2019
Pays: Angleterre
Genre: Biopic
Résumé:
Rocketman
nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès
jusqu’à sa consécration internationale.
Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige
timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton
John.
Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star –
nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province
devenu icône de la pop culture mondiale.
Avis :
Réalisateur britannique, Dexter Fletcher a tout d’abord commencé en tant que comédien. S’il n’a jamais été très connu de ce côté-là, il a toutefois fait son petit bonhomme de chemin. Après donc une vingtaine d’années, en 2011, Dexter Fletcher passe à la réalisation. Ses deux premiers films passent quelque peu inaperçus par chez nous, puis il eut le feed good movie « Eddie The Eagle » qui, s’il n’a pas vraiment marché en salle, il s’est largement rattrapé en vidéo. Après s’être fait la main sur « Bohemian Rapsody« , film qu’il a terminé après le départ de Bryan Singer, quelques semaines avant la fin du tournage, Dexter Fletcher se fait son biopic à lui seul et autant dire que ça dépote.
Biopic fantasmé sur le plus que célèbre Elton John. Biopic qui n’hésite pas à s’aventurer dans les parts d’ombre de la star, « Rocketman » est un bijou de cinéma. Innovant, fou parfois, drôle, émouvant, humain, Dexter Fletcher livre-là sans aucun doute l’un des meilleurs biopics qu’on verra cette année, mais aussi l’une des meilleures comédies musicales qu’on verra. Bref, le film est une belle réussite.
Elton John est à l’apogée de sa carrière et pourtant, rien ne va dans sa vie. Un jour, il débarque dans une clinique pour une cure de désintoxication et il se présente ici « : bonjour, je suis Elton John, je suis alcoolique, cocaïnomane, accro au sexe, aux médicaments sur ordonnance, et au shopping ». Pendant sa thérapie, Elton John va revenir sur son passé…
Sorti à quelques mois d’intervalle avec le « Bohemian Rapsody » de Bryan Singer qui, comme je le disais plus haut, Dexter Fletcher avait terminé dans « l’urgence », « Rocketman » souffre alors qu’une comparaison presque instantanée, mais cette dernière va s’arrêter net au fait que ce soit tout deux des biopics et tout deux « réalisés » par Dexter Fletcher. Pour le reste, il faudra repasser, tant les films sont terriblement différents.
« Rocketman » est donc une œuvre totalement fantasmée, qui s’inspire très grandement de la vie d’Elton John, mais qui va prendre aussi beaucoup de liberté, afin de jouer avec le répertoire du chanteur anglais, pour donner encore plus d’écho à sa propre vie, au point d’en redécouvrir le sens de certaines chansons (« Sorry Seems to Be the Hardest Word » encore plus bouleversante). D’entrée de jeu, Dexter Fletcher donne un le ton, ouvrant son film avec un Elton John sortant de scène habillé en diable, qui va dire lors d’une réunion en cure toutes les addictions qu’il peut avoir. Si certains ont trouvé « Bohemian Rapsody » très lisse, « Rocketman » va se poser comme une sorte d’antithèse du film de Singer, montrant Elton John avec tous ses démons.
Mais bien avant tout ceci, ce qui va être très touchant avec le film de Dexter Fletcher, c’est la façon dont le réalisateur et son scénariste vont s’arrêter sur l’enfance d’Elton John. Si la vie du chanteur n’est pas racontée de manière chronologique, le biopic, lui, résonne dans sa construction comme assez linéaire. Alors avec ce choix, on aurait pu craindre un possible ennui, ou du moins un côté déjà vu, mais il ne va rien en être, car Dexter Fletcher, pour mettre en scène et raconter la vie d’Elton John, va s’aventurer autre part. Il va s’aventurer sur la route du fantasme, tout en livrant un drame humain prenant qui, par le biais de son histoire, va aborder tout un tas de sujets aussi beaux qu’importants. « Rocketman« , avant de se consacrer dans sa deuxième partie à Elton John, va tout d’abord se consacrer à Réginald Dwight, le véritable nom du chanteur. Oscillant entre le drame et la comédie musicale, ce qui est une surprise totale, Dexter Fletcher et Lee Hall (scénariste d’un certain « Billy Elliott« ) vont s’attarder sur le tout jeune Elton John et surtout sur ses relations avec ses parents. Le scénario est beau et touchant, et le film se suit alors avec autant d’émotions que de magie et de spectacle. Au fur et à mesure que le métrage évolue, que l’intrigue se met en place et que Réginald disparaît peu à peu pour laisser place à Elton John, Dexter Fletcher construit une œuvre cohérente, passionnante, surprenante, folle… Bref, une œuvre riche et profonde qui ressemble à Elton John.
« Rocketman« , c’est un scénario très bien construit, logique et cohérent, mais « Rocketman« , c’est aussi plus que ça, et là il faut faire un arrêt sur la mise en scène qui est flamboyante. Après s’être fait la main sur le film de Singer, Dexter Fletcher laisse libre cours à toutes ses envies, pour ne part dire toutes ses folies. « Rocketman« , c’est à la fois un biopic, une comédie musicale, un drame, une comédie, une romance, un trip, un film de costumes, un film humain, un film d’amitié, bref Dexter Fletcher mélange tout ça, et l’ensemble est magique. On en prend plein les yeux (à noter l’incroyable travail sur les costumes !), plein les oreilles, c’est bourré d’inventivité, de moments de grâce, et l’idée de faire un biopic qui relève de l’ordre du fantasme est merveilleuse, car elle donne encore plus de fond à la vie qui nous est racontée à l’écran. Certaines scènes, certains instants de la vie du chanteur, mis en écho avec certaines de ses chansons, sont ici presque bouleversantes, tant fond et forme sont parfaitement mélangés.
Pour ce qui est du casting, si l’on mentionnera Jamie Bell, Richard Madden, Stephen Graham, Bryce Dallas Howard, Gemma Jones, Steven Mackintosch ou encore Tate Donovan, qui sont tous parfaits, il est clair que « Rocketman« , c’est avant tout et surtout Taron Egerton ! L’acteur est incroyable dans la peau d’Elton John. Outre une ressemblance frappante, on peut surtout dire qu’avec ce film, il entre dans la cours des grands, livrant une performance hors pair. Ici, il chante, il danse, il offre une grande palette d’émotions, arrivant à être aussi touchant que drôle, puis au-delà de ça, il faut noter toutes les mimiques qu’il a réussi à chopper, c’est bien simple, si au départ on croit voir le comédien, il finit pas totalement s’effacer et l’on ne voit plus que le chanteur à la fin.
« Rocketman » est donc une très belle réussite. Biopic surprenant, comédie musicale merveilleuse, drame humain bouleversant, bourré de subtilités, d’inventivités, de réinventions, on en prend plein les yeux et les oreilles. Dexter Fletcher livre-là un film fabuleux qu’on a déjà envie de revoir !
Note : 17/20
Par Cinéted