De : Claude Lelouch
Avec Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée, Pierre Barouh, Valérie Lagrange
Année : 1966
Pays : France
Genre : Romance
Résumé :
Une script-girl inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur, rencontre à Deauville un coureur automobile dont la femme s’est suicidée par désespoir. Ils s’aiment, se repoussent, se retrouvent et s’aiment encore.
Avis :
Claude Lelouch est un grand réalisateur, et s’il est si reconnu, une des sources de ce succès se trouve ici, avec ce film, « Un homme et une femme« . Quand Claude Lelouch tourne « Un homme et une femme« , il est un réalisateur qui n’arrive pas vraiment à décoller. Le cinéaste a déjà une belle tonne de clips et pas moins de cinq longs-métrages à son actif. Parmi ces cinq films, un seul a su se trouver un petit public, mais rien de bien folichon. La légende veut alors que Lelouch, déprimé par ses échecs, s’est évadé à Deauville et c’est dans cette ville, par un matin pluvieux, sur les planches, que Claude Lelouch, observant une jolie femme marcher seule, eut l’idée de « Un homme et une femme« . La suite, on la connaît, le film devient un immense succès, allant même jusqu’à remporter les Oscars du meilleur film étranger et du scénario.
Cinquante-trois ans après sa sortie et alors que le réalisateur s’apprête à présenter le troisième volet des « aventures » d’Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, je découvre enfin « Un homme et une femme« . « Un homme et une femme« , c’est un film qui jouit d’une très belle aura, mais j’avoue que j’avais des craintes à me lancer dedans, dans le sens où j’avais la crainte de trouver un film qui n’ait pas forcément bien vieilli. J’avais aussi la crainte terrible qu’il y ait eu beaucoup de bruit pour pas grand-chose, ou plutôt pour une histoire d’amour comme une autre, offrant un schéma narratif trop emprunté, même s’il pouvait en être, dans une certaine façon, une source. Heureusement, « un homme et une femme » fut loin de tous ceux-là. Beau, humain, tendre, amoureux et vivant, Claude Lelouch livre un film magnifique, qui émeut autant qu’il envoûte. Cinquante-trois ans après sa sortie, ce premier chapitre n’a pas pris une ride et il est un pur plaisir à découvrir et au-delà de ça, à vivre.
Anne Gauthier est une jeune femme triste. Parisienne, elle paye pourtant une école privée à sa fille loin de Paris, à Deauville. Un soir, alors qu’elle a raté son train, elle fait la connaissance de Jean-Louis. Lui aussi est parisien et lui aussi paye l’école privée à son fils. Cette rencontre banale va alors être le début d’une passion et peut-être même d’une belle et grande histoire d’amour.
Une rencontre, un amour naissant, des personnages magnifiques, une mise en scène folle, des bagnoles, une mustang, une musique de Francis Lai culte, bref « Un homme et une femme » a fait bien plus que combler mes attentes. Sixième long-métrage de Claude Lelouch, « Un homme et une femme« , c’est une échappée belle, c’est une rencontre en dehors du temps. D’ailleurs, le temps qui a passé a très certainement rendu encore plus beau et romantique cet aparté cinéphilique.
Si dans un sens l’intrigue que nous présente-là le metteur en scène n’a rien de follement incroyable, on peut même dire qu’on la connaît déjà, elle est pourtant sublimée par l’envie de cinéma de Claude Lelouch. Pour ce film, le cinéaste a fait tous les bons choix.
« Un homme et une femme« , c’est la rencontre formidable de deux écorchés de la vie. Deux personnages qui n’ont pas eu la vie tendre. Magnifiquement écrit, offrant énormément de profondeur à ses personnages et au-delà de ça, à son intrigue, Claude Lelouch nous raconte cette histoire avec justesse, romantisme et romanesque, tout en évitant de tomber dans le piège de trop appuyer les sentiments, le pathos ou encore un effet « cul-cul la praline ».
Le réalisateur sait parfaitement comment nous raconter cette rencontre. Il sait gérer le rythme, il sait prendre son temps sans jamais nous ennuyer. Il sait comme offrir quelque chose de grand dans sa mise en scène (sûrement l’une de ses plus pointues, ingénieuses et inventives), tout en gardant un côté très intime. Plusieurs fois, on va être transporté par la force de ces personnages, dont l’intrigue nous dévoile peu à peu les maux qui les hantent et dont ils aimeraient bien s’affranchir.
Et quand on parle des personnages, il est impensable de ne pas citer la tendresse de Jean-Louis Trintignant et l’élégance d’Anouk Aimée. Outre le fait que les deux comédiens sont fabuleux dans leur rôle, avec ce film, Claude Lelouch a réussi à capturer une alchimie, une spontanéité, quelque chose qui ne s’explique pas et qui les rend iconiques dès qu’on les voit. Ensemble, ils sont beaux, ils sont évidents et mieux que cela, ils nous donnent en permanence l’envie de les suivre, d’aller plus loin, de les découvrir encore et encore. Et finalement, la seule petite ombre qui s’invite dans le décor, c’est que finalement, il n’y ait pas d’autres personnages marquants.
Un film mythique, un couple mythique, une BO mythique, des scènes mythiques… « Un homme et une femme » a bien mérité tous ses louanges et sa réputation. Beau, poétique, triste, vivant, Claude Lelouch livre un moment de cinéma à part. Un moment qu’on aimerait ne pas être aussi court finalement. Bref, il ne fait nul doute qu’ »Un homme et une femme » s’inscrit dans les sommets de la filmographie de son réalisateur et de ses acteurs. Un classique du cinéma français.
Note : 18/20
Par Cinéted