novembre 11, 2024

AqME – Requiem

Avis :

Il est toujours délicat de dire adieu à un groupe qui a bercé notre adolescence et qui a remué en nous des émotions importantes. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que je signe mes critiques du nom du groupe, tant il fut important pour moi dès la sortie du premier album, Sombres Efforts. A la fois mélancolique, nerveux, insidieux et puissant, le son d’AqME a toujours su trouver des résonances en moi et ce fut avec une tristesse infinie que j’accueillis la nouvelle de la séparation, de l’arrêt brutal du groupe après vingt ans de bons et loyaux services. Changeant souvent de cap, parfois de line-up au point de ne garder qu’Etienne et Charlotte du groupe de base, AqME a toujours trouvé son originalité, son identité et son envie de faire bouger les choses. D’abord dans le nu-métal, puis dans un métal alternatif plus doucereux avant de repartir vers quelque chose de plus hardcore, de plus percutant. Aujourd’hui, le groupe nous dit adieu, mais il le fait avec l’art et la manière, car ce qui ne devait être qu’un EP de compos plus ou moins abandonnées va devenir un vrai album, écrit dans la précipitation, laissant place à une vivacité salvatrice, mais exploitant au maximum un thème redondant, la vie après la mort, comme si finalement, cet album n’était qu’un au revoir et pas un adieu.

Le skeud débute avec Entre les Mains qui correspond exactement à ce que l’on attend d’AqME. Un son bien lourd, des riffs assassins, un refrain ultra catchy et des paroles qui restent en tête de par leur noirceur et leur licence poétique. Le groupe ne cherche pas à faire dans la complexité et sait que la meilleure recette est d’être fidèle à soi-même, surtout quand on signe une sorte de chant du cygne. Néanmoins, on notera une nette amélioration dans le chant de Vincent, qui s’écarte volontiers des hurlements qu’il affectionne pour peaufiner sa voix, son talent et laisse passer plus d’émotion, faisant du titre quelque chose de touchant et de plus profond. On retrouvera ces sensations avec Enfer, un hit en puissance, qui ne fait que monter crescendo et correspond presque au début du groupe, alors que Thomas était encore au chant. D’autres titres assez courts viendront consolider cette impression de simplicité et d’efficacité, correspondant toujours à l’identité du groupe, comme par exemple, Un Adieu, superbe morceau très mélancolique ou encore Paradis, plus léger, mais qui démontre la puissance vocale du chanteur ainsi que des paroles très intéressantes et, comme toujours, assez poétiques, presque cryptiques. On pourrait croire que le groupe ne prend pas de risques avec ce neuvième album, mais c’est sans compter que d’autres compos plus complexes et plus denses qui viennent enrichir un album très équilibré.

En effet, tout comme le fut La Fin des Temps, Requiem possède son lot de titres plus longs, plus complexes et qui permettent de trouver un juste équilibre entre des moments plus primaires et d’autres passages plus aériens. Ainsi, Illusion est le titre le plus long de l’album, dépassant les sept minutes, et mettant en avant la qualité d’écriture du groupe, pas seulement sur les textes, mais aussi sur l’instrumentalisation. On se rapproche d’un rock/métal prog par moments, avec une introduction éthérée avant d’attaquer des riffs lourds et puissants, offrant une montée en puissance qui sera bénéfique pour Vincent, jouant constamment avec sa voix et ses nuances. C’est à la fois lourd et touchant, à l’image du groupe, qui a toujours travaillé cette double-facette, à la fois sombre, mais avec une touche de lueur à la fin. A contrario, avec Un Autre Signe, le groupe signe un long titre qui démarre sur les chapeaux de roue et ne lâche jamais sa rythmique puissante pour offrir quelque chose qui respire la scène et l’énergie communicative. Encore une fois, c’est assez dark au niveau des paroles, mais ça nous hante un long moment. Enfin, avec Sans Oublier, le groupe renoue avec ce qui a fait son succès durant les années 2000, c’est-à-dire un titre puissant, sombre, mélancolique, mais qui possède un break surpuissant dans sa façon d’apporter du poids aux paroles et donne envie d’apprendre tout ça par cœur. Alors bien évidemment, il y a un manqué dans cet album, à savoir le titre éponyme, qui manque de mordant, d’impact et fait un peu tache sur l’album, ne parvenant à être intéressant. C’est un moindre mal quand on voit la qualité du reste.

Au final, Requiem, le dernier album d’AqME, et qui restera certainement le dernier, est un joli chant du cygne. Après avoir dit au revoir à Ben, puis Thomas, il faut se résigner à dire adieu à l’un des meilleurs groupes français qui fut, et qui continuera malgré tout à exister dans nos cœurs. C’est avec un gros vague à l’âme que j’écris ces quelques lignes sur ce dernier album, tant il n’est pas le meilleur du groupe, mais son plus équilibré, et finalement le plus synthétique de la carrière de la formation, qui nous manquera plus que jamais. On ne peut alors que leur souhaiter une bonne route, et leur adresser un grand merci pour tout ce qu’ils ont apporté au métal français et à mon petit cœur qui saigne encore un peu.

  • Entre les Mains
  • Enfer
  • Un Adieu
  • Illusion
  • Paradis
  • Sous d’Autres Cieux
  • Requiem
  • Un Autre Signe
  • Sans Oublier

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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