avril 25, 2024

Headshot

De : Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto

Avec Iko Uwais, Chelsea Islan, Julie Estelle, Sunny Pang

Année : 2017

Pays : Indonésie

Genre : Action

Résumé :

Un amnésique dont le mystérieux passé de machine à tuer revient à la charge alors qu’il doit combattre un baron de la drogue.

Avis :

Le cinéma indonésien ne s’est pas fait une place rapidement sur les écrans français. Et même encore aujourd’hui, c’est la grosse galère pour trouver des films de ce pays dans les salles obscures. Pourtant, en 2011, une grosse surprise va révéler le cinéma d’action à une grande majorité de cinéphiles, The Raid. Même si on savait que le cinéma asiatique avait un énorme potentiel en matière d’action sévèrement burnée, le film de Gareth Evans a complètement changé la donne, offrant quelque chose de visuel, de viscéral et de très addictif. Il réitérera l’expérience en 2014 avec The Raid 2, plus percutant que le premier en matière d’action et finalement, cela a ouvert la porte à d’autres films du même genre qui ont commencé à pulluler sur les plateformes de streaming, Netflix en tête. Ainsi donc, les producteurs de The Raid et The Raid 2 ont eu la main lourde pour proposer d’autres spectacles, d’autres histoires, avec de la castagne décomplexée et du gore presque à outrance. Et si The Night Comes For Us a fait grand bruit lors de sa sortie sur Netflix, il laissait tout de même un goût amer en bouche, à cause d’un scénario indigeste et souvent incompréhensible. Avec Headshot, sorti avant, la donne n’est pas la même.

D’entrée de jeu, on sait que l’on ne rentre pas dans n’importe quel film. Une prison, un taulard qui semble dénué de remords face à des photographies d’enfants maltraités, puis une scène d’action d’anthologie commence, iconisant avec précision et classe le bad guy de l’histoire, un gourou terroriste qui semble avoir du réseau. Par la suite, le film va délaisser ses filtres verts et bleus pour revenir à quelque chose de plus classique, avec un homme devenu amnésique à cause d’une balle bloquée dans la tête. Une jeune médecin tombe sous le charme de cet homme et le réalisateur va s’efforcer à tisser des liens entre les deux protagonistes. Cette façon de faire va permettre de ressentir de l’empathie pour les deux personnages qui naviguent un peu en eaux troubles, mais qui vont se trouver, l’un aidant l’autre à se souvenir d’un passe qui ne veut pas revenir. Bien évidemment, cela va mal se passer pour la jeune médecin qui va se faire kidnapper par les hommes de main du gourou, qui a un passif avec le héros de l’histoire. Et petit à petit de faire remonter les souvenirs pour avoir le fin mot de l’histoire. Néanmoins, ce qui est intéressant avec ce film, c’est qu’il y a un effort de fourni sur les personnages et le film possède un fond autour du passé et sur le fait de pouvoir se reconstruire par la suite, malgré des méfaits ignobles. C’est bien fait, et même si ça reste simple, on peut s’identifier aux personnages et leur relation est saine et donc crédible. C’est tout ce qui manquait dans The Night Comes For Us, qui assurait au niveau castagne, mais qui manquait d’impact émotionnel.

Avec Headshot, même si ça ne va pas pisser bien loin, on ressent une profonde sympathie envers Ishmael, qui semble ne pas vouloir se souvenir, et la médecin qui est simple, souriante et attachante. De plus, le film s’évertue à créer un méchant charismatique et qui n’a clairement peur de rien. Un homme malsain, puissant, qui peut faire penser de temps à autre au Joker du The Dark Knight de Christopher Nolan. Il y a une folie qui se dégage du personnage, même s’il reste plus terre à terre que l’ennemi du Batman. Cependant, la réalisation est telle qu’elle permet de glorifier cette ordure, de le rendre puissant et avec une certaine classe. Et il en sera de même avec certains de ses sbires, qui respirent la folie, apparente ou douce et qui seront autant de mini-boss à affronter avant d’avoir la crevure finale. Car oui, Headshot est pensé comme un jeu vidéo. Petit à petit, Ishmael va rencontrer des ennemis qui seront de plus en plus forts et il faudra qu’il trouve des parades pour les vaincre. Cela donnera bien évidemment lieu à des combats dantesques, chose pour laquelle on jette un œil sur ce genre de production. Et là, on ne va pas être déçu.

Headshot est un énorme concentré de baston en tout genre et de fusillades à tout va. C’est bien simple, le film tient un rythme spectaculaire, peut-être un peu moins dense que dans The Raid, mais qui marque les esprits grâce à une mise en scène virevoltante et pourtant totalement lisible. Les deux réalisateurs ont vraiment d’excellentes idées et livrent une copie quasiment irréprochable en ce qui concerne la mise en avant des combats. Car non seulement on est souvent au plus proche des combattants, avec une caméra qui tourne autour et qui montre toute la prouesse technique dont sont capables acteurs et metteurs en scène, mais on aura aussi une sensation de lisibilité très forte. Les fights ne sont jamais cutés, à un tel point que l’on ressent l’impact et on se surprend parfois à avoir peur pour les protagonistes. On se dit qu’à quelques millimètres près, le coup part vraiment et peut faire très mal. Cela rajoute un certain stress au métrage, qui se veut très percutant et très violent. Le gore est de mise aussi et certaines séquences sont clairement viscérales. On peut par exemple citer la bagarre dans le commissariat qui est très puissante et livre un combat final dantesque. On pourra cependant reprocher au film d’être un peu redondant sur les scènes de combat, car si elles changent les lieux, on jouera peu avec les éléments du décor et on aura souvent droit à des bastons à mains nues. Et même si cela reste impactant, on peut y voir une certaine redondance.

Au final, Headshot est un pur concentré d’action qui n’oublie pas néanmoins de mettre un peu d’émotion là-dedans, histoire d’avoir quelque chose à raconter. Le scénario, simple, permet de mettre en avant des bastons impressionnantes et un talent indéniable pour une mise en scène virtuose qui permet de rendre lisible n’importe quelle phase d’action. Si le film ne révolutionnera pas le genre et restera un ersatz de The Raid, il n’en demeure pas moins généreux et réalisé avec une main de maître, qui impressionne toujours autant par sa qualité technique qui doit rendre jaloux pas mal de réalisateurs dans la monde.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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