novembre 9, 2024

Seoul Station

De : Sang-Ho Yeon

Avec les Voix Originales de Ryu Seung-Ryong, Eun-Kyung Shim, Joon Lee, Lee Sang-Hee

Année : 2016

Pays : Corée du Sud

Genre : Animation

Résumé :

La nuit dernière, un incident, parti d’une petite émeute, s’est répandu dans le monde entier, qui est désormais dominé par les zombies. 

Avis :

Les films de zombies sont une récurrente qui peine de plus en plus à convaincre. Il faut dire que depuis les années 40, et surtout l’avènement dans les années 60 grâce à George Romero, les bouffeurs de chair ont le vent en poupe et que ce soit au cinéma ou dans les DTV, on les retrouve tout le temps et à toutes les sauces. Horreur, drame, comédie, science-fiction, les morts-vivants sont devenus une véritable figure de la pop culture, ravageant tout sur son passage. Alors bien évidemment, quand un film de zombies est réussi, on prend un panard pas possible, et ce fut le cas avec Dernier Train Pour Busan, relativement classique dans son fond, mais terriblement efficace dans sa forme. On savait que le cinéma sud-coréen était en grande forme, et avec ce métrage, Sang-Ho Yeon avait frappé un grand coup, nous faisant frissonner autant qu’il nous touchait avec ce père courage. Malheureusement, qui dit succès, dit forcément suite ou préquel. Et parfois, il ne vaut mieux rien toucher.

Mais le génie coréen est sans limite, et plutôt que de fournir une suite qui n’aurait pas de sens ou même un préquel avec de vrais acteurs racontant les débuts de l’épidémie, le réalisateur a décidé d’en faire un film d’animation, avec de nouveaux personnages et une histoire pour le moins étrange. En effet, avec Seoul Station, le réalisateur décide de revenir sur des évènements antérieurs à Dernier Train Pour Busan, pour montrer à partir de quels moments l’épidémie s’est lancée. Il en résulte un film d’animation hybride, pour adulte bien évidemment, mais très étrange et pas forcément aussi réussi que prévu. Comme quoi, faire des préquels et des suites à rallonge, quel que soit le format, ça ne sert quasiment à rien, si ce n’est à capitaliser sur un succès et espérer gagner quelques thunes.

Pour la petite histoire, on va suivre trois personnages au sein de cette histoire, une jeune fille qui n’a pas un rond et qui vend ses services sur un site de charme, son petit copain qui profite de la situation pour la sous-traiter, et un homme qui se dit être son père et qui ne souhaite qu’une chose, la retrouver. Au tout début, on va suivre les déboires de cette jeune fille qui risque d’être mise à la rue à cause de loyer impayé et qui se retrouve avec quelques sans-abris. Alors qu’un vieil homme décède d’une blessure au coup, une horde de morts-vivants se met à attaquer n’importe quel quidam. Une course contre la mort se met alors en place. C’est à partir de là que l’on va suivre les déambulations de cette jeune femme et la tentative inespérée de son père et de son petit copain pour la retrouver saine et sauve. On remarquera donc un pitch classique qui va servir à critiquer une société qui part à vau l’eau et d’autres thématiques assez importantes aux yeux des coréens, mais qui ne racontera rien sur les origines du problème.

Et c’est peut-être là le plus frustrant dans tout ça. On nous a vendus le projet comme une préquel à Dernier Train Pour Busan, nous promettant des explications sur la venue des monstres, et finalement, on retrouve un schéma similaire, avec d’autres personnes et dans un contexte différent. Point de père souhaitant sauver son enfant des morsures des zombies, mais une jeune femme un peu livrée à elle-même et qui tente de survivre en attendant de l’aide. Le scénario du film est très frustrant de ce point de vue, n’arrivant pas vraiment à surprendre ou à afficher une vraie volonté d’explication. On se retrouve donc devant un film d’animation d’action et d’horreur qui n’a pour lui que son format. Un format assez étrange d’ailleurs et qui ne réussit pas forcément au film. L’animation est saccadée, les personnages ne sont pas forcément bien dessinés et il y a un décor très épuré, peut-être trop, masquant une faiblesse technique évidente. Le pire étant lors des courses-poursuites ou dans les moments d’action, car la caméra se place assez mal, la dynamique n’est pas au point et il faudra un temps d’adaptation pour se faire à ce dessin animé pour adulte. Non, il n’y a pas de sexe, mais du sang et un brin de folie.

On regrettera aussi le côté impersonnel de la chose. Hormis les trois personnages principaux, les seconds rôles sont très faiblards et ne retiennent pas l’attention. Ils seront d’ailleurs pour la plupart des sans-abris à moitié alcoolisés dont on ne connaîtra pas les noms. On peut y voir une volonté de montrer que la société se fiche pas mal des gens, au point de ne pas connaître leur patronyme, mais ce serait peut-être prêter des intentions intellectuelles à ce film qui n’en possède pas des masses. Mais on pourra tout de même y ressentir une certaine critique de la société. Comme d’habitude dans ce genre de film, on va voir que le gouvernement mis en place est incapable de gérer une crise et que dans la panique, les forces de l’ordre préfère sacrifier une partie de la population au lieu de trouver des solutions viables pour le bien commun. Cependant, ce n’est pas la critique la plus acerbe de ce film. Là où le film tente de faire mal, c’est sur l’immobilier et cette propension à la crise du logement en Corée du Sud. On avait déjà une telle critique dans le film Dream Home, même s’il était originaire de Hong-Kong, et dans ce dessin animé, on va voir qu’il y a beaucoup de sans-abris, de problèmes sanitaires, mais aussi de problème pour trouver un logement décent. Ce n’est pas pour rien que la fin se déroule dans un showroom d’appartement, où les trois personnages sont confrontés à leurs échecs et se battent dans un univers qui alimente leurs fantasmes.

Néanmoins, Seoul Station n’arrive pas vraiment à convaincre durant tout son long. Peu surprenant, peu dense, assez répétitif dans sa démarche avec des personnages peu attachants, il faudra attendre le twist final pour être vraiment surpris. Car c’est bien là que réside l’essence même du métrage, dans cette fin improbable et d’une violence inouïe. Une violence qui ne vient pas forcément des zombies, mais de l’être humain, capable des pires atrocités pour de l’argent, même en plein chaos. Le film nous rappelle alors que l’homme est un loup pour l’homme et qu’il est bien plus cruel que le zombie, qui ne chasse que pour se nourrir. Un twist bien trouvé, qui relève le niveau de tout le film, même s’il ne change en rien tout l’enrobage boursouflé du métrage.

Au final, Seoul Station est un film d’animation sympathique mais qui n’est pas du tout à la hauteur de son aîné. Assez long, répétitif, avec des personnages pour lesquels on ne ressent rien du tout et surtout, une animation complètement aux fraises, le film ne tient pas vraiment la route si ce n’est dans sa critique acerbe sur le logement, mais aussi dans son twist final complètement barjot. Bref, un film assez moyen et donc décevant quand on sait qui est aux commandes derrière.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.