De : Philippe Godeau
Avec Omar Sy, Lionel Louis Basse, Fatoumata Diawara, Germaine Acogny
Année : 2019
Pays : France, Sénégal
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Depuis son village au nord du Sénégal, Yao est un jeune garçon de 13 ans prêt à tout pour rencontrer son héros : Seydou Tall, un célèbre acteur français. Invité à Dakar pour promouvoir son nouveau livre, ce dernier se rend dans son pays d’origine pour la première fois. Pour réaliser son rêve, le jeune Yao organise sa fugue et brave 387 kilomètres en solitaire jusqu’à la capitale. Touché par cet enfant, l’acteur décide de fuir ses obligations et de le raccompagner chez lui. Mais sur les routes poussiéreuses et incertaines du Sénégal, Seydou comprend qu’en roulant vers le village de l’enfant, il roule aussi vers ses racines.
Avis :
Philippe Godeau, c’est tout d’abord un producteur et distributeur de cinéma. Il monte sa société Pan Production en 1992 et il peut se vanter d’avoir un catalogue, puisque c’est en partie à lui qu’on doit les productions de « Le Huitième Jour« , « Mr Nobody« , tous deux de Jaco von Dormael, « L’odyssée » de Jérôme Salle, « Baise-moi » de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, une bonne partie des films de Jean-Pierre Améris, ou encore le premier film en tant que réalisateur de Roschdy Zem (pour ne citer qu’eux). En 2009, la carrière de Philippe Godeau prend un nouveau tournant, puisque ce dernier passe à la réalisation avec un joli premier film, « Un dernier pour la route« , film mettant en scène un François Cluzet qui se bat contre une addiction à l’alcool.
Depuis, Philippe Godeau a retrouvé Cluzet en 2013 pour « 11.6« , un film sur Toni Musulin. Après six ans d’absence, Philippe Godeau est de retour derrière la caméra avec « Yao« . Plaçant sa caméra au Sénégal, en compagnie d’Omar Sy, Philippe Godeau livre un joli film dans sa forme, plus que dans son fond. Et même si « Yao » aborde des thématiques fortes, il ne va jamais plus loin que des évocations, ce qui est dommage. Reste alors un petit moment dépaysant, qui se laisse regarder, offrant parfois de jolies envolées.
Yao, treize ans, habite dans un petit village quelque part au Sénégal. Yao a une idole, Seydou Tall, un acteur et romancier français. L’acteur est invité à Dakar pour faire la promotion de son nouveau livre. Yao entreprend du haut de ses treize ans un voyage de près de quatre cent kilomètres pour rencontrer Mr Tall et lui faire dédicacer son livre. Sa rencontre avec l’acteur va aller encore bien plus loin que tout ce qu’il aurait pu imaginer.
Sorti quelque peu mitigé du nouveau film de Philippe Godeau, car dans le fond, « Yao » est loin d’être un mauvais film, c’est même au contraire, un joli petit film qui mérite d’être vu, mais c’est aussi un film qui méritait bien plus.
Dans son exécution, le nouveau film de Philippe Godeau a beaucoup d’atouts pour lui. L’idée est jolie, le parcours est aussi dépaysant qu’il est agréable à suivre. La mise en scène est certes simple, aucune surprise, mais elle demeure là encore agréable, Philippe Godeau offrant de belles images, une très bonne ambiance (la musique du film est signée M) étant immergé au Sénégal, ses couleurs, ses habitants, ses visages, ses costumes, ses paysages, sa photographie chaude… Bref, c’est joli et c’est bon.
« Yao« , c’est aussi une belle alchimie entre les personnages. Le duo Omar Sy et le jeune Lionel Louis Basse, dont c’est le premier rôle, fonctionne très bien et ensemble le duo réserve quelques jolies envolées qui nous feront sourire. On notera la présence incroyable de Germaine Acogny, pleine de charisme et de poésie.
« Yao« , c’est aussi un parcours à travers lequel Philippe Godeau va aborder des thématiques fortes. Ce qui fait la force, mais aussi le sentiment mitigé qui reste en sortant du film, c’est le fait que le réalisateur tienne un très bon sujet, la découverte de ses racines. Plus que le parcours, ou l’alchimie entre les deux personnages, c’est bien cette thématique-là qui marque le film. Et pourtant, c’est aussi cette thématique que Philippe Godeau bien souvent survole. On est pris par ce voyage, on est pris par ce que ce voyage fait auprès du personnage d’Omar Sy, mais finalement, quand on y regarde de plus près, le film de Philippe Godeau ne va jamais plus loin que l’évocation de tel ou tel évènement sur la vie du personnage. Un personnage qu’on laissera sans vraiment de final, qui ne conclura pas vraiment son histoire, alors que le film avait ouvert plein de pistes. On a l’impression qu’il manque une résolution à cette histoire et c’est bien dommage, car en plus de laisser un petit sentiment mitigé sur l’ensemble du film, « Yao » se laissait bien regarder et le film aurait facilement pu durer plus longtemps que cela n’aurait pas été dérangeant. Reste néanmoins quelques petits moments en dehors du temps, où d’un coup charme, intrigue, profondeur, et mise en scène trouvent leur parfaite cohérence. Les scènes entre Germaine Acogny et Omar Sy méritent à elles seules le coup d’œil. Ou encore quelques instants avec Fatoumata Diawara. Si le personnage qu’elle incarne, au final, ne sert pas vraiment à grand-chose, il y a une telle force, un charme qui s’élève d’elle, que là encore, le film mérite son coup d’œil.
Dans le fond, « Yao » est un film qui se laisse voir. C’est un joli et bon divertissement, Philippe Godeau nous envoûte, et ce petit road movie mérite qu’on s’y intéresse, même s’il aurait aussi mérité de creuser ses thématiques. Bref, avec ses qualités et ses défauts, sans être essentiel, « Yao » mérite son petit coup d’œil.
Note : 13/20
Par Cinéted