Titre Original : The Night Watchmen
De : Mitchell Altieri
Avec Ken Arnold, Dan DeLuca, Kevin Jiggetts, Kara Luiz
Année : 2017
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Horreur
Résumé :
3 gardiens de nuits aidés d’un stagiaire et d’un journaliste vont devoir se battre contre une horde de vampires.
Avis :
La comédie horrifique est un vraiment un sous-genre très difficile à maîtriser. Tout simplement car il faut trouver le bon dosage entre l’humour et l’horreur, afin que l’un ne grignote pas l’autre. On a de nombreuses réussites dans le genre comme Shaun of the Dead ou encore Bienvenue à Zombieland. Cependant, on a beaucoup plus de très mauvais films qui n’arrivent jamais à trouver les bonnes limites. C’est le cas de La Nuit des Clowns Tueurs, ou The Night Watchmen en version originale (si on peut surfer sur le succès de Ca et la mode des clowns horrifiques, autant en profiter). C’est ici le premier film réalisé par Mitchell Altieri, qui s’écarte de son pote Phil Flores, avec qui il a déjà fait quelques méfaits dont The Violent Kind ou le remake infâme de April Fool’s Day. Il ne fallait donc pas s’attendre à quelque chose de mirobolant.
Le pitch de base est très simple. On va suivre trois veilleurs de nuit dans un immeuble qui abrite les locaux d’un journal. Alors qu’ils recrutent un quatrième acolyte, ancien batteur e rock, des transporteurs se trompent de bâtiment et livrent un cercueil dans les sous-sols. Manque de bol, dans ce cercueil se cache la dépouille de Blimpo le clown qui a été attaqué lors de sa tournée en Roumanie, et qui va se réveiller avec une forte envie de sang. Sans trop perdre de temps, le film démarre sur les chapeaux de roues avec des attaques dans tous les sens et cinq personnes qui vont tout faire pour survivre. Le scénario est donc basique, et il ressemble à n’importe quel film de zombies se déroulant dans un grand bâtiment, sauf que là, ce sont des vampires déguisés en clowns. Il ne faudra donc pas chercher de l’originalité là-dedans.
Forcément, à pitch simpliste, histoire simpliste. Voire même débile, puisqu’ici, les cinq survivants vont accumuler les mauvais choix et s’enfermer de plus en plus dans un bâtiment infesté. Cela permettra alors de multiplier les rencontres, d’ajouter une pléthore de nouveaux gags, et de mettre les personnages dans des situations délicates. Mais il est très compliqué de s’attacher à cette bande de tocards, qui n’arrive jamais à trouver de bonnes solutions pour se débarrasser des suceurs de sang. Cela donne alors lieu à un humour bas du front et une empathie qui est aux abonnées absentes. Difficile d’éprouver une quelconque émotion sur Ken, le chef des veilleurs, tant il est obnubilé par le cul de la stagiaire. Et encore pire avec son meilleur ami, qui ne pense qu’à bouffer, même lorsque leurs vies sont en danger. Et c’est bien là tout le problème de ce film : la nuance.
Il est l’exemple typique de mauvais choix scénaristiques en ce qui concerne l’humour. C’est très rapidement graveleux, avec des vannes en dessous de la ceinture, mais c’est aussi très stupide, avec notamment des clichés raciaux désespérant (le coup de l’italien qui est forcément un gars de la mafia…). De plus, on a souvent droit à des situations scatophiles qui n’ont aucun sens. Le coup des vampires qui lâchent une caisse avant de mourir, ça va bien une fois, mais quand c’est sur tous les cadavres, le running gag finit par devenir insupportable. Et que dire de certaines situations ubuesques, à l’image de ces personnes qui doivent danser pour prouver qu’ils ne sont pas des vampires, ou encore de l’autre qui survit grâce à sa mauvaise digestion. Le problème, c’est que toutes ces situations sont improbables, en plus d’être peu cinématographiques.
C’est-à-dire que l’on peut prendre pour exemple Shaun of the Dead, où certains gags (comme la clôture) s’imbriquent parfaitement dans le récit et demeurent inattendus, créant alors le rire. Là, soit on devine les punchlines, soit les situations sont tellement en dehors du récit que ça en devient rasoir. Et il ne faut pas parler non plus des acteurs, qui sont tous aux fraises, n’arrivant jamais à donner corps à leur interprétation. On reste face à des types qui ont des rôles fonctions à jouer, avec le chef un peu nul, celui qui bouffe tout le temps, l’italien mystérieux, le jeune premier ou encore la nénette canon. Les comédiens sont en roue libre, prouvant dès lors leur incapacité à jouer correctement. Même James Remar (producteur sur le film) n’est que l’ombre de lui-même en patron libidineux et faisant des références au sexe tout le temps.
Néanmoins, le film possède quelques atouts dans sa manche, et en premier lieu, son rythme. Très court (le film fait une heure et quart), La Nuit des Clowns Tueurs ne tergiverse pas et balance son pitch dès le départ, après avoir exposé ses personnages une dizaine de minutes. Si cela empêche de s’attacher aux personnages, au moins, le film se veut généreux en action et ne s’arrête quasiment jamais. Ensuite, la bande originale, très rock, permet de soutenir ce rythme. Forcément, à travers le personnage du jeune batteur, on retrouve des clins d’œil à la musique du diable, et on aura même des moments qui permettront de dire que la musique sauve les âmes, notamment lors des baguettes de batteur sont utilisées comme pieux pour buter des suceurs de sang. Ce sont de petits points positifs, mais au moins, ils sont là. On se raccroche à ce qu’on peut.
Au final, La Nuit des Clowns Tueurs est un bon gros navet qui n’arrive jamais à trouver le bon équilibre entre humour correct et horreur gorasse. On se retrouve face à des blagues sexistes ou pipi/caca, avec des vampires déguisés en clown qui ne sont pas vraiment très intéressants. Comédie random à la Shaun of the Dead, Mitchell Altieri continue à prouver qu’il est un vrai gros tâcheron derrière la caméra, et que la comédie horrifique est un véritable exercice de style, et pas seulement un délire pour atrophié du cerveau.
Note : 05/20
Par AqME