D’Après une Idée de : Justin Roiland et Dan Harmon
Avec les Voix de Justin Roiland, Chris Parnell, Sarah Chalke, Spencer Grammer
Pays : Etats-Unis
Nombre d’Episodes : 10
Genre : Animation
Résumé :
Un brillant inventeur et son petit-fils un peu à l’Ouest partent à l’aventure…
Avis :
En règle générale, quand une série commence à dépasser le stade de la deuxième saison, c’est que les audiences se sont bien normalisées et que cette série possède un vrai potentiel marketing et que son succès n’est pas forcément démérité. En fait, le principal souci des séries qui dépassent bien souvent les trois ou quatre saisons, c’est qu’elles ne savent plus où s’arrêter ou comment s’arrêter. On a le cas par exemple avec The Walking Dead qui aujourd’hui ne vaut plus rien et se regarde tels les zombies qui l’occupent. Le but alors est de constamment créer du « buzz » ou bien d’arriver une ligne éditoriale constante afin de plaire aux fans, mais de toujours apporter du grain à moudre. C’est par exemple le cas avec Rick et Morty, qui se paye le luxe d’être devenu la série animée américaine qui monte en grade, et cela en très peu de temps. Vulgaire, baignant souvent dans un humour débile ou scatologique, la série créée par Justin Roiland et Dan Harmon arrive pourtant à faire exploser les chiffres et à proposer un fond toujours aussi sérieux et intéressant. Mais est-ce suffisant pour durer ? La réponse semble être oui car cette troisième saison se révèle presque meilleure que les deux précédentes.
Comme à son habitude, la série va être drôle, mais dans cette troisième saison, elle va aussi se faire très triste et aborder des sujets plus difficiles, comme le divorce et la relation qu’entretiennent les enfants avec leurs parents séparés. Une situation qui peut vite virer au dramatique et qui trouve pour élément central le côté très égoïste de Rick, qui souhaite avoir sa fille pour lui tout seul, ou faire ses petits trafics sans être importuné par gendre qu’il considère comme un loser. C’est là l’ouverture de cette saison qui voit l’évasion de Rick, mais aussi la séparation des parents, lorsque le père de famille demande à sa femme de choisir entre lui et son père. Un choix presque impossible mais qui va trouver des résonnances dans tous les autres épisodes de la saison. Et c’est là la véritable intelligence de cette saison qui trouve un joli fil rouge, apportant du liant entre les épisodes, même si certains seront décrochés. C’est d’ailleurs ce qu’il manquait aux deux saisons précédentes, qui enfiler les épisodes drôles avec du sens, mais qui n’avaient pas vraiment de liant pour raconter une longue histoire. Alors oui, ça reste assez mince mais on sent un vrai effort d’écriture sur la durée.
Les thématiques seront alors plus centrées sur la famille et les relations entre les personnages quand quelqu’un n’est plus là. Ici, Jerry part de la maison pour habiter un motel miteux dans lequel il noie sa dépression devant les débilités de la télé. On aura donc droit à la difficulté de trouver un travail, à ces gens que l’on laisse pour compte, aux relations entre père et mère divorcés, ces moments où l’on s’ennuie de l’autre et que l’on passe le temps en faisant n’importe quoi (comme des sculptures en sabots de chevaux morts). Des thématiques aussi riches que dans les deux premières saisons et finalement, Rick et Morty évite la redite grâce à un savant mélange de mondes parallèles et de situations familiales dysfonctionnelles.
Mais ce qui marque vraiment dans Rick et Morty, et encore plus sur cette saison, c’est sa qualité d’écriture dans les gags visuels et l’intelligence dans les mondes présentés. Les références au septième art sont multiples, comme les guests qui s’invitent de plus en plus au fil des épisodes. Des invités de marque comme Danny Trejo qui se moque de lui-même dans un rôle de super-héros proche de Machete lors d’un épisode dantesque, incroyable et gore, Pickle Rick. Il s’agit tout simplement de l’un des meilleurs épisodes d’animation de tous les temps dans lequel Rick se transforme en cornichon pour éviter une réunion de famille chez une psychologue. Le résultat est non seulement hilarant, mais il montre aussi la volonté de Rick d’être tout seul avant de se rendre compte que tout ce qui compte dans la vie, c’est sa fille et ses petits-enfants et qu’il ferait mieux de les chérir plutôt que de les bousculer sans arrêt. C’est clairement l’épisode qui ressort le plus de cette saison qui ne manque pourtant pas de piquant et de moments savoureux, comme lorsque Jerry tombe amoureux d’une alien chasseresse à trois seins et qui va avoir du mal à s’en dépêtrer à cause d’un mensonge et du fait qu’il n’assume pas ses actes. Encore une fois, on retrouve des messages intéressants sur l’être humain et propre à chaque personnage comme la lâcheté ou encore le manque de confiance en soi. On aura même droit à un épisode qui rappelle L’Attaque des Titans et qui parle du mal-être des adolescents à cause d’une culture de la perfection physique. Bref, quand on vous dit que c’est très riche.
Au final, cette troisième saison pour Rick et Morty continue sur la lancée des deux saisons précédentes et ne réserve que peu de surprises, si ce n’est une qualité toujours plus grandissante d’épisode en épisode. Si le troisième épisode survole tout le reste par son délire hallucinant et son rythme haletant, c’est dans sa globalité que la série réussit le pari de faire mieux, abordant toujours des thématiques graves dans des situations ubuesques. Bref, Rick et Morty est réellement ce qui se fait de mieux en ce moment en matière d’animation, aussi bien dans son délire visuel bourré de clins d’œil appuyés au cinéma que dans ses sujets bien plus profonds qu’ils ne le laissent paraître.
Note : 17/20
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Par AqME