De : Terry Miles
Avec Tiera Skovbye, Kirsten Prout, Michael Karl Richards, Craig March
Année : 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Deux jeunes femmes se font enlever. Séquestrées, violées, une fois évadées, l’heure de la vengeance a sonné.
Avis :
Le cinéma horrifique ne se contente pas de montrer de l’hémoglobine avec zéro scénario pour plaire à des fans que la masse populaire pense être crétins. En effet, le cinéma horrifique est peut-être le genre dans lequel les réalisateurs sont les plus libres, laissant ainsi parler toute leur créativité dans des projets parfois complètement loufoques ou très réussis. On peut penser au Evil Dead de Sam Raimi comme au Piranhas 2 de James Cameron. Et surtout, le cinéma d’horreur sait se diversifier, tant et si bien que l’on y accorde divers sous-genre comme le slasher, le Home Invasion, le Survival, le film de monstre ou encore le Rape & Revenge. Derrière ce dernier terme se cache un sous-genre sulfureux qui fait bien souvent grincer des dents car il applique la loi du talion et l’auto-justice. Deux choses qui peuvent choquer la populace quand elle prend ce que les histoires nous racontent pour argent comptant. Ce style est pourtant très codifié, avec la séquence choc qui est le viol et les blessures, puis la partie vengeance qui exercée par la victime elle-même ou quelqu’un de son entourage. Parmi les films les plus intéressants, on retrouve La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven (et son remake qui est très bien) ou encore I Spit on Your Grave (et son remake qui est pas mal). Est-ce que Even Lambs Have Teeth fait partie du haut du panier de ce genre ? Non !
L’histoire se révèle assez simpliste comme tout bon Rape & Revenge qui se respecte. En gros, deux nanas, qui sont meilleures amies dans la vie, se font enlever et sont séquestrées dans des containers au milieu d’une forêt. Elles vont alors se faire violer par des personnes qui payent les kidnappeurs. On va vite comprendre qu’une famille s’amuse à faire commerce de jeunes filles. Elles vont alors réussir à s’échapper et plutôt que de se rendre aux flics (ou à l’oncle de l’une d’elles qui bosse au FBI), elles décident de faire des emplettes dans un magasin de bricolage et de flinguer tous les participants de cette petite sauterie. Le film est très court, il ne dépasse pas une heure vingt et il faut donc aller droit au but, ce qui peut être une bonne chose afin de ne pas créer l’ennui. Le problème, c’est que si l’on veut rentrer dans ce genre de métrage, il faut ressentir de l’empathie pour les victimes et avoir mal pour elles. De ce fait, il faut une construction solide et montrer quelqu’un de crédible, de doux, de gentil, qui ne mérite pas son sort. Tout le contraire de ce que nous fait Terry Miles, nous montrant deux nanas qui prennent de la drogue pour s’amuser, qui sont complètement libres de faire ce qu’elles veulent et qui n’ont presque aucune limite dans la provocation. D’ailleurs, la meilleure amie ne se gênera pas pour draguer l’oncle de sa copine, ce qui créera un vil malaise. Du coup, on se fiche un peu de ce qui va arriver à ces deux jeunes femmes, car de toute façon, on ne les aimera pas.
Avec une présentation aussi sommaire des victimes, il va falloir qu’elles en chient pour que l’on puisse ressentir quelque chose, comme du dégoût ou de la révolte. Pour que cela marche, il faut alors que les sévices subis soient ignobles ou humiliant. Alors certes, il y a du viol, et on aura un flic pourri ainsi qu’un prêtre vraiment maboul, mais toutes les séquences qui pourraient apporter un rejet, ou qui pourraient titiller nos viscères, sont hors-champs, voire carrément occultées. On sent bien évidemment un budget amoindri, mais il a surtout été réservé aux mises à mort de la troisième partie. Le vrai problème de ce film, outre les actrices imbuvables, c’est le montage. Tout est coupé à l’envers, même les scènes les plus anodines, même les champs/contre-champs. On se retrouve avec des passages qui ont quatre voire cinq coupures alors que l’on voit juste les protagonistes monter dans une bagnole. Tout cela ne sert à rien. Du coup, on voit les salopards qui abusent des filles, mais on ne verra jamais l’acte et les séquences abjects seront écartées. Alors d’un côté on peut se dire que c’est plutôt bien et que cela évite une grosse interdiction, mais ça manque de volonté de rentrer dans le lard et de faire un film trop factice. D’ailleurs, toute l’ambiance sera plombée par un humour douteux, que l’on retrouve même lorsque les nanas se font violer.
Et c’est là que s’enclenche la troisième partie, lorsqu’elles se libèrent et décident de mener une vendetta personnelle. Plusieurs points sont oubliés dans le film, comme par exemple comment elles font pour retrouver le prêtre ou le père de famille qui ne semble pas vivre au même endroit. Le film semble faire fi de n’importe quel moment crédible, tant qu’il y a du sang et de la vengeance. Une vengeance qui oscille constamment entre le gore gentillet et l’humour potache complètement à côté de la plaque. Prenons le premier mort, qui se prend des balles de tennis cloutées dans la tronche et qui se fera sodomiser dans une barre de fer. C’est ringard au possible, et les deux jeunes femmes font alors de l’humour sur la pratique de ces balles customisées. Et tout cela va s’enchainer non sans mal, accumulant le grotesque et les incohérences, comme le coup du prêtre trainé derrière la bagnole durant un long trajet et que personne ne remarque. Bref, si on ajoute à cela un jeu du chat et de la souris avec l’oncle qui mène son enquête qui prend des tournures de Titi et Grosminet, on obtient un pot-pourri absolument insupportable. Et n’oublions pas que le film n’a aucun fond. C’est-à-dire qu’il ne démontre rien, hormis que deux gueules d’ange peuvent devenir dangereuses quand on les pousse à bout. Sauf que dans ce film, la transformation en monstre se fait trop rapidement, sans étape et que cela amuse les deux nénettes plus qu’autre chose. Bref, c’est du grand n’importe quoi.
Au final, Even Lambs Have Teeth est un rape & revenge complètement raté et qui ne fait pas du tout honneur à un genre qui a déjà du mal à briller. Entre des personnages ratés et insupportables, une mise en scène anecdotique pourvue d’un montage syncopé et une absence complète de fond, le film de Terry Miles est une véritable catastrophe à la fois misogyne pour les plans sur les culs des jeunes filles, et vain dans ce qu’il veut raconter. Bref, un film à éviter au possible, qui rate même ses moments gores, alors que tout le budget est passé là-dedans…
Note : 02/20
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Par AqME