De : Christophe Honoré
Avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Mélodie Richard, Damien Chapelle
Année : 2014
Pays : France
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Devant son lycée, une fille se fait aborder par un garçon très beau mais étrange. Elle se laisse séduire par ses histoires. Des histoires sensuelles et merveilleuses où les dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Le garçon propose à la fille de le suivre.
Avis :
Christophe Honoré est un réalisateur français dont je suis presque instantanément tombé amoureux lorsque j’ai découvert son superbe « Les chansons d’amour« . C’était en 2007 et depuis, je me suis presque religieusement employé à découvrir tout ce que le metteur en scène avait pu tourner et à ma grande surprise, sa filmographie ne fut pas à la hauteur de mon premier amour. Christophe Honoré, c’est une filmographie capable du meilleur, « Non ma fille, tu n’iras pas danser » ou son film précédent « Les bien-aimés« , comme du pire, « Ma mère« , « Homme au bain« , arrivant très largement en tête.
Du côté des pires, c’est avec tristesse que j’y ajoute aujourd’hui ce « Métamorphoses« . Projet à part, projet aussi étrange qu’il laissait apparaître quelque chose d’intéressant, notamment cette volonté d’adapter un poème datant de l’antiquité grecque à nos jours, « Métamorphoses » demeurera cependant une belle déception, Christophe Honoré livrant un film ennuyant, sans charme et surtout sans poésie. Si on y trouvera bien deux ou trois idées de mise en scène sympathiques, ainsi que la découverte de Damien Chapelle (qui connaît une jolie carrière depuis), ce sera bien le tout, car pour le reste, entre ennui et incompréhension, on attend qu’une chose, le générique de fin.
Un jour après l’école, Europe, une jeune fille d’à peine dix-huit ans, voit un séduisant jeune homme. Séduite pour les histoires du jeune homme, Europe le sent sans même s’en rendre compte. Commence alors pour elle une « aventure » mystique, poétique et pleine de rencontres. Des rencontres improbables avec des jeunes hommes, fils de dieux qui vont lui raconter des histoires d’amour, d’amitié et de famille…
« Métamorphoses« , c’est le genre de film qui sur le papier avait clairement quelque chose, entre son réalisateur et l’idée de voir celui-ci transposer l’antiquité grecque à nos jours. De plus, l’idée de voir Christophe Honoré livrer un poème visuel plaisait beaucoup. Puis après un joli retour à la comédie musicale avec « Les bien-aimés« , l’idée de voir le réalisateur s’essayer à autre chose, avec en plus de ça de jeunes acteurs inconnus, offrait bien des arguments pour que « Métamorphoses » pique notre curiosité. Mais voilà, comme je le disais plus haut, ça s’arrête-là et finalement, dans ce projet, il n’y aura eu que l’idée qui fut intéressante, car pour le reste, « Métamorphoses » fut une très longue et très malaisante séance de cinéma.
Le problème ne vient pas forcément de ce qu’a choisi de filmer et raconter Christophe Honoré. Non, le souci vient plutôt de comment il a choisi de raconter et filmer ce poème. « Métamorphoses » est un poème d’Ovide et c’est un poème qui s’étale sur près de quinze livres, on peut donc qu’imaginer l’immense travail que le poème a donné à Christophe Honoré pour le transposer en scénario, et même si l’on peut saluer ce travail, force est de constater qu’à l’écran, ça ne fonctionne pas. Coupé en trois chapitres qui vont être trois rencontres et trois histoires racontées au personnage d’Europe, Christophe Honoré n’arrive pas à nous intéresser.
Le scénario est terriblement difficile d’accès et le côté réplique balancée à la va-vite, comme un élève peu motivé balancerait des vers qui l’ennuient, se ressent à tout instant. Alors que « Métamorphoses » n’aurait dû être que poésie, il n’a pas de relief et il n’arrive pas à nous charmer. Pire encore, on s’ennuie ferme et plus les vers sont balancés, et plus les rencontres se font, et plus on se détache de ce que le réalisateur essaie tant mal que mal de nous raconter. Ce sentiment est d’autant plus dommage, parce que parfois, le film tient de jolies idées et il tient, pris seuls, de jolis moments. Malheureusement, ce ne sont que des moments et il y en a trop peu pour nous accrocher et le film s’écoute parler, on n’y comprend pas grand-chose et l’on reste surtout dans l’attente interminable qu’il nous envoûte.
« Métamorphoses » fut donc une séance de cinéma longue, très longue. Une séance de cinéma où Christophe Honoré s’est essayé à quelque chose, et il se rate en beauté. S’écoutant parler, livrant un film lourd et appuyé, on s’ennuie devant cette œuvre qui nous rappelle constamment qu’elle est une œuvre, alors que nous, nous aurions préféré regarder un film qui nous entraîne, qui nous charme et nous passionne. Ici, ce ne sera pas le cas, et ces « Métamorphoses » nous laissent sur le bas-côté et l’on attend, piégé, que Christophe Honoré ait terminé son ovni, que lui seul finalement comprenne pleinement. Dommage.
Note : 06/20
Par Cinéted