avril 26, 2024

Seule, la Terre – L’Amour est dans le Pré

Titre Original : God’s Own Country

De : Francis Lee

Avec Josh O’Connor, Alec Secareanu, Gemma Jones, Ian Hart

Année : 2017

Pays : Angleterre

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais.

Avis :

Acteur britannique, « Seule la terre » est le premier film de Francis Lee. Acteur principalement pour la télévision, cela fait une vingtaine d’années que Francis Lee traîne sa barbe dans les séries anglaises. Puis en 2012, Francis Lee passe à la réalisation de courts-métrages documentaires. Le comédien, désormais réalisateur, passe alors à la fiction avec un film intime et mûrement réfléchi.

Pour son premier long-métrage, Francis Lee a décidé de ne pas faire dans la facilité. Présenté en film d’ouverture du festival Chéries Chéris à Paris, avec « Seule la terre« , le réalisateur se lance dans une histoire d’amour entre deux hommes perdus dans la sublime campagne anglaise. Presque autobiographique, Francis Lee livre ici un premier film somptueux, aussi sensible qu’il est majestueux. Loin des clichés du genre, loin des stéréotypes, avec énormément de bienveillance, Francis Lee nous emporte dans ce qui est l’une des plus belles histoires d’amour de 2017 !

Johnny, la trentaine, travaille dans la ferme de ses parents. Ayant peu de temps à lui, Johnny se sent coincé entre un père malade et ce grand domaine qu’il doit gérer tout seul. Alors pour se détendre, il se perd la nuit dans les bars de la petite ville, enchaîne les coups d’un soir ou d’un jour. N’arrivant pas à s’en sortir, la famille décide d’engager un saisonnier afin d’aider ce fils dépassé. Alors que Johnny pensait son quotidien sans surprise, il voit arriver dans sa vie Ghoerghe, un jeune Roumain qui a quitté son pays dans l’espoir d’un avenir meilleur en Angleterre.

Ce premier film pour Francis Lee met en lumière un réalisateur tout à fait remarquable. La première chose qui frappe dans « Seule la terre« , c’est son authenticité. Plus que réaliste, loin de clichés habituels, Francis Lee livre un film juste dans tous ses aspects.

Doté un très bon scénario, « Seule la terre » est une histoire d’amour sublime entre deux garçons qui n’avaient pas grand-chose en commun pour se trouver. Des histoires d’amour, le cinéma en regorge et malgré tout, on n’en a pas encore fait le tour et Francis Lee nous le prouve en un film. Original, même si l’on ne peut que penser au « … secret de Brokeback Mountain » d’Ang Lee tant le film retrouve certaines de ses thématiques. Thématiques qui ne sont qu’involontaires, puisque Francis Lee, dans cette fiction, y a toutefois rajouté énormément de choses personnelles et intimes, dont le milieu fermier dans lequel l’intrigue évolue.

Ce qui est magnifique avec ce premier film, c’est le fait que son réalisateur ait énormément travaillé son sujet dans les détails. Que ce soit dans l’écriture, dans la mise en scène délicate ou dans le jeu des acteurs, le film est très riche et particulièrement subtil. Ici, tout raconte quelque chose et dessert son histoire. Les regards, les silences, les larmes, l’alcool… Chaque geste a son importance et raconte quelque chose sur ses personnages, sur leurs envies, leurs désirs, leurs craintes, leurs frustrations. Chaque toucher, chaque baiser, est un très beau moment de sensualité qui est magnifiquement filmé. « Seule la terre » est un film intime, qui analyse avec un regard incroyable ses personnages, et plusieurs de leurs réactions, hétéros ou non, nous revoient à nos souvenirs.

On appréciera énormément que Francis Lee ait évité les leçons de morale, les messages politiques, (même si avec ce film, le réalisateur parle des petits paysans et des conditions de travail), allant même jusqu’à faire un film où l’homophobie demeure absente, et ça fait du bien et c’est aussi ce pourquoi le film est si original.

Avec ce film, Francis Lee ne fait que raconter une belle histoire d’amour, perdue dans la campagne anglaise. Une histoire qui a ses hauts et ses bas. Une histoire qui a sa prévisibilité, mais aussi ses surprises. Une histoire qui n’hésite pas à aller au plus proche de ses personnages et au plus authentique dans leur relation. Rarement une relation aura été aussi bien écrite. Que ce soit dans le doute, la drague, le sexe (incroyable de réalisme et de romantisme), les sentiments, l’envie, un film n’aura su prendre en beauté et émotion ses spectateurs.

Cette authenticité et cette alchimie, on la doit énormément à ce duo d’acteurs qui forment un couple de cinéma remarquable. Porté par deux comédiens qu’on découvre, et qui vont être de sublimes révélations, chacun différent et complémentaire. « Seule la terre« , c’est d’abord Josh O’Connor qui en jeune fermier à la dérive, seul et en colère, saura nous bouleverser de par la fragilité et la sensibilité de son personnage. En face de lui, et tout aussi beau, on trouvera Alec Secareanu, incroyable de naturel, de virilité, d’amour et de compréhension. C’est un véritable délice, pour ne pas dire un fantasme, de les voir se tourner autour, se regarder, se désirer, s’amuser, rire ou pleurer ensemble. Bref, Francis Lee, aidé de ses acteurs, nous entraîne avec passion et émotion dans l’intimité de ces personnages et finalement, c’est même avec regret qu’on quitte le film aussi vite.

Si le film de Francis Lee est délicat, plus haut, j’ai aussi employé l’adjectif majestueux, et c’est aussi ce qu’il est. Plongé, immergé et perdu dans la campagne anglaise, Francis Lee filme sa région avec un amour infini, au point qu’elle en devient elle-même un personnage, le témoin indiscret d’un amour passionné au petit matin.

Bref, « Seule la terre« , c’est plus qu’un coup d’amour. Romantique au possible, passionnant, et tout simplement beau, ce premier film de Francis Lee, en plus de nous présenter des acteurs incroyables, nous présente un réalisateur dont la maturité est plus que surprenante.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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