Titre Original : Disobedience
De : Sebastian Lelio
Avec Rachel Weisz, Rachel McAdams, Alessandra Nivola, Anton Lesser
Année : 2018
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Romance
Résumé :
Une jeune femme juive-orthodoxe, retourne chez elle après la mort de son père. Mais sa réapparition provoque quelques tensions au sein de la communauté lorsqu’elle avoue à sa meilleure amie les sentiments qu’elle éprouve à son égard…
Avis :
Sebastián Lelio est l’un des plus beaux espoirs (espoir déjà bien établi) du cinéma chilien. Réalisant depuis plus d’une dizaine d’années, c’est avec « Gloria« , très beau film dont il est en train de réaliser son propre remake américain, que Sebastián Lelio attire les regards. Depuis, le réalisateur nous a offert en 2017, « Une femme fantastique« , film plus beau encore que son « Gloria« , qui lui valut de remporter un Oscar du meilleur film étranger.
Moins d’un an après cette « … femme fantastique« , Sebastián Lelio est retour avec son premier film en anglais. Abordant ses thèmes de prédilection, le réalisateur chilien nous revient donc avec un film aussi dur qu’il est sublime. « Désobéissance » est sûrement le film le plus abouti de son réalisateur. C’est un cri d’amour et de liberté, très loin de tous les clichés qu’on peut voir dans ce genre d’intrigue. Magnifique, subtil, révoltant et en même temps romantique, ce premier essai en anglais est une très, très belle réussite !
Ronit a quitté la communauté juive orthodoxe qui l’a vu naître, il y a bien des années. Son père est le rabbin de la communauté, et il est très aimé de ses fidèles. Quand ce dernier meurt, Ronit revient pour « enterrer » son père. Mais ce retour est assez mal vu par la communauté. Tensions et incompréhensions sont les maîtres-mots. Et les tensions ne vont faire que s’accroître quand Ronit revoit Esti, qui était il y a bien des années « sa meilleure amie ».
Sebastián Lelio est un cinéaste qui ose s’aventurer sur des sujets assez difficiles. Des sujets d’autant plus casse-gueule quand ce dernier vient du Chili. On se souvient de « Navida » et ses questions adolescentes sur l’amour. On sent souvient de la tendre « Gloria« , qui à l’aube de la soixantaine cherchait toujours l’amour. Puis il y a eu cette « … femme fantastique« , sublime et injuste histoire d’amour entre Orlando et Marina transsexuelle, incarnée par la divine Daniela Vega. Avec « Désobéissance« , Sebastián Lelio va s’intéresser au poids de la religion « extrême », et des communautés. Magnifique réquisitoire sur l’amour, la liberté et le choix, « Désobéissance » est de ces grands drames qui vont marquer 2018.
Osé, audacieux, tout en étant respectueux, avec ce film, Sebastián Lelio nous plonge dans un drame lourd, triste et difficile. Très basique dans les grandes lignes de son scénario, le réalisateur nous offre pourtant un film puissant, qui tient par le regard qu’il pose sur cette religion, ses traditions et sa communauté, mais aussi avec la beauté incroyable et magnétique de ce couple de cinéma qui s’aime en cachette.
Particulièrement riche, « Désobéissance » est un film qui va décrire avec énormément de subtilité, la vie d’une communauté qui va être dérangée par le retour d’un de leur membre qui a déserté. Avec cette idée, le cinéaste abordera alors la religion sous tous ses angles, mais sans jamais la juger. D’ailleurs, ici, il aborde la partie plus dure de la religion juive, mais grâce à la bienveillance de son réalisateur, on pourrait la remplacer par n’importe laquelle des autres religions, tant les thèmes qu’il aborde sont finalement universels et parlent à tout le monde. « Désobéissance« , c’est un film sur l’amour, sur le regard de l’autre, sur le jugement de l’autre. C’est un film qui parle de la liberté. La liberté de choisir sa vie, d’avoir son libre-arbitre. Une liberté et un choix magnifique décrit et opposé par les destins contraires de ces deux personnages féminins, terriblement touchants. Des personnages incroyablement tenus par Rachel Weisz et Rachel McAdams. Les deux actrices tiennent ici de grands rôles qui marquent leurs carrières bien riches. On n’oubliera pas non plus Alessandro Nivola, acteur trop peu connu, qui tient là peut-être le rôle le plus difficile de sa carrière, celui d’un Rabbin aussi austère que compréhensif.
Entre le poids de la religion, des traditions, le regard des autres, la culture juive orthodoxe, et son histoire d’amour controversé, Sebastián Lelio aurait très bien s’emmêler les pinceaux et se perdre, mais il n’en est rien. Bien au contraire, son « Désobéissance » est sublime, beau, dur et vraiment très touchant. Bravo, on attend maintenant son propre remake de « Gloria » avec beaucoup de curiosité.
Note : 17/20
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Par Cinéted