Le cinéma est une véritable machine à rêve qui permet de mettre en images des choses que l’on ne peut pas voir dans la vraie vie. Que ce soit des boogeymen implacables sortis des pires cauchemars, des créatures célestes qui font le bien ou encore des dinosaures gigantesques, le septième art permet de donner vie à de nombreuses choses. Et les dinosaures justement semblent être un grand fantasme pour de nombreux cinéastes et autres cinéphiles. Pour preuve, aujourd’hui encore la licence Jurassic Park (ou World maintenant) fait toujours recette et cartonne au box-office et le premier film de la licence signée Spielberg continue à fasciner autant de jeunes. Pour faire court, le dinosaure est clairement un élément fortement bankable du cinéma, pour peu qu’on le mettre sur le devant de la scène. Mais cette fascination pour les reptiles géants ne date pas d’hier et très rapidement le cinéma s’est emparé de cette brèche pour montrer aux spectateurs des créatures soit gentilles, soit féroces, mais toujours impressionnantes. Avec la sortie de Jurassic World Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona, nous avons décidé non pas de faire un top, ce qui serait inutile et redondant, mais plutôt un tour d’horizon des films de dinosaures depuis leurs sorties et de voir comment la bestiole a évolué au fil des âges.
1. Les Débuts
Le tout premier film mettant en scène un dinosaure sera un court-métrage d’une douzaine de minutes, Gertie le Dinosaure. Dans ce petit film, il ne sera pas question de montrer les crocs de la bestiole, mais plutôt de confronter le public à une créature gigantesque qui parcourt un environnement tout mignon. Prouesse technique à l’époque, Gertie est considéré comme le premier dinosaure du septième art. Le succès est tel que rapidement, on va vouloir se mettre à produire des films avec des dinosaures dedans et certains romans vont être pris à parti, comme Le Monde Perdu d’Arthur Conan Doyle qui deviendra un vrai film en 1925. Bien évidemment, les effets spéciaux seront rudimentaires, mais ce film garde un charme désuet assez plaisant. Là par contre, le dinosaure est vu comme une menace, comme dans L’île Inconnue, Le Monstre des Temps Perdus ou encore King Dinosaur. On remarquera avec ces films qu’ici, le dinosaure apparait au bout d’un certain temps, laissant place à de l’aventure et de l’exploration et représente en quelque sorte la quintessence, le climax du métrage. On met en avant un certain fantasme de pouvoir animer des créatures disparues dans des histoires assez simplistes, mais qui rempliront de joie les spectateurs avides d’exploration et de danger. Les choses changeront légèrement durant la fin des années 60 et les années 70, notamment grâce à un certain Ray Harryhausen.
2. La Transition
Les films d’aventure commencent un petit peu à battre de l’aile durant cette période, et les spectateurs commencent à s’intéresser à un autre genre, la science-fiction. Il faut dire qu’entre l’évolution technologique et la découverte spatiale, le monde est en émoi devant de nouvelles découvertes, qui pourraient potentiellement s’avérer dangereuses. Du coup, les producteurs vont avoir une idée de génie, mélanger la science-fiction avec l’aventure et les dinosaures. Le film le plus emblématique de cette période-là est clairement La Vallée de Gwangi, mélangeant alors western et dinosaures pour un résultat sublime, encore aujourd’hui, et même si l’aspect SF est assez invisible dans ce métrage, on ne peut s’empêcher d’y voir un mélange des genres savoureux et une grande envie de découvrir des terres inconnues, même sur notre belle planète. Les grandes explorations surviendront alors avec des films comme Le Sixième Continent ou Le Continent Oublié, donnant aux spectateurs un certain vertige, celui de découvrir des lieux inédits sur notre planète et de trouver des races que l’on croyait éteintes. Il n’est pas question encore de donner vie à des animaux préhistoriques, mais d’en trouver dans des lieux secrètement cachés. On pourrait même rajouter King Kong dans cette liste, puisque l’on retrouvera même des dinosaures sur l’île du crâne.
Par contre, quand les années 80 vont pointer le bout de leur nez, la donne cinématographique va complètement changer et le dinosaure ne sera plus une source de menace pour l’homme, mais plus de distraction pour les enfants.
3. Les Comédies Préhistoriques
Avec les années 80 arrive l’insouciance. Les films sont plus légers, les comédies américaines cartonnent, et on sent que le public répond de façon favorable à des films fantastiques familiaux, comme par exemple S.O.S. Fantômes. Et les producteurs vont vite se rendre compte que les enfants sont complètement fascinés par les dinosaures (dont votre humble serviteur qui collectionnait les encyclopédies sur ces lézards géants) et qu’il y a là une manne non négligeable pour gagner de l’argent. Cela commence alors tout doucement avec des dessins-animés, comme Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles de Don Bluth en 1988. Le dessin animé sera alors un énorme succès et aura droit à plusieurs suites. On pourra aussi noter Les Quatre Dinosaures et le Cirque magique en 1993. Mais le plus étonnant viendra du cinéma dit « live » avec des comédies complètement loufoques où des dinos en latex vont côtoyer de vraies personnes. On pense alors à Dinosaures de 1992, T-Rex avec Whoopi Goldberg, ou encore La Famille Pierrafeu. Ces films sont clairement faits pour attirer la petite tête blonde dans les cinémas afin de faire gagner des sous à des producteurs peu regardants sur la qualité de leur bobine. Mais finalement, qu’importe, ça fonctionne et ça fait rêver l’enfant, ce qui est un point essentiel du cinéma. D’ailleurs, aujourd’hui encore on retrouve des films pour enfants avec des dinosaures dedans, comme Dinosaures de Disney ou encore Le Voyage d’Arlo de chez Pixar.
Mais dans tout ça, il manque clairement une catégorie pour le dinosaure, celle de l’horreur, où le reptile ferait de l’humain un petit casse-croûte. C’était sans compter sur un certain Roger Corman.
4. Le Bis et l’Horreur
Les années 90 ne seront pas qu’un terrain de jeu pour les enfants, mais aussi pour les carnivores. Le dinosaure avait vu quasiment tous les genres (bon, sauf le drame mais ça semble compliqué d’inclure un dino dans un film dramatique) sauf celui de l’horreur. Roger Corman, nabab du bis fauché va alors créer une franchise à base d’un dinosaure mangeur d’hommes, Carnosaur. Le film sera tellement un petit succès en 1993, qu’il deviendra une trilogie dont certains cerveaux ne se sont pas vraiment remis, tant la qualité baisse de manière drastique. On notera alors que les dinosaures sera avant tout un vecteur de peur dans les nanars, non pas pour leurs prouesses à découper de la chair fraîche, mais plutôt par leurs représentations pleines de pixels. On peut parler alors de Dinocroc, ou encore de Ptérodactyles de Mark L. Lester. Bref, même si le dinosaure s’incruste sur les pellicules horrifiques, ce ne sera jamais un succès, même quand c’est du found-footage comme sur The Dinosaur Project.
5. Et Jurassic Park dans tout ça ?
Comment expliquer le succès de Jurassic Park au milieu de cette multitude de projets. Pour faire simple, c’est peut-être le premier film à avoir un budget conséquent et une ambition démesurée. Mais c’est surtout le premier film qui arrive à faire un véritable mélange de tous les genres dont on vient de parler. Le côté exploration sera bien présent, puisque l’on va visiter un parc avec différentes personnes, qui vont alors découvrir des animaux extraordinaires. L’aspect SF est bien traité, puisque les dinosaures sont créés à partir d’ADN et que l’on a toute une visite des laboratoires. La comédie sera aussi de la partie et l’aspect familial sera bien présent avec les deux enfants et la relation qu’ils vont avoir avec les adultes de l’histoire, formant ainsi une jolie famille avec quelques répliques intéressantes. Enfin, l’horreur sera de mise avec les raptors, un petit aspect gore et surtout un passage hyper stressant dans la cuisine. Spielberg a vite compris que pour contenter les fans de dinosaures et les fans de septième art, il fallait faire un savant mélange de tout ce qui fait la sève de ces reptiles, à savoir la découverte, l’émerveillement, mais aussi la crainte et la peur. C’est pour ça que cette licence marche aussi bien et qu’elle continue aujourd’hui de donner la « Hype », car elle sait titiller notre âme d’enfant, tout en nous offrant des moments bien adultes.
Par AqME