mars 29, 2024

Bullet Head

De : Paul Solet

Avec Adrien Brody, John Malkovich, Antonio Banderas, Rory Culkin

Année: 2018

Pays: Etats-Unis, Bulgarie

Genre: Thriller

Résumé:

Après un casse audacieux, trois fugitifs se retrouvent piégés dans un entrepôt. Ils espèrent échapper aux forces de l’ordre, mais aussi et surtout rester en vie.

Avis :

Les films de braquage sont une manne providentielle pour des réalisateurs qui ne désirent pas forcément se cantonner à un genre. Mélange des influences, montée en tension constante, casting de choix et budget moins contraignant qu’à l’accoutumée… Les atouts ne manquent pas. Or, l’approche se base généralement sur la préparation du casse et son déroulement. L’épilogue est bien souvent expédié à la va-vite ou n’occupe qu’une part minime dans la trame principale. Avec Bullet Head, c’est exactement le contraire. L’histoire débute après un vol de coffre-fort pour mieux s’arroger les codes du huis clos dans un entrepôt désaffecté. Enfin, presque…

On peut parfois reprocher à certaines productions leur scénario anémique ou leur maladresse dans leur exposition, de préférence avec une tripotée d’incohérences en stock. En revanche, il est d’autres métrages qui n’ont rien à raconter, tout simplement. Dès lors, les subterfuges de remplissage ont toutes les difficultés du monde à dissimuler une errance sans fin en évoquant tout et n’importe quoi. C’est le cas du film de Paul Solet. Cinéaste qui avait pourtant créé une petite surprise avec son thriller horrifique Grace. Ici, l’attente des protagonistes se communique auprès du spectateur par la plus pénible des manières. À savoir, une progression statique entrecoupée par des séquences toutes plus inutiles les unes que les autres.

D’ailleurs, l’histoire principale est constamment lardée de flash-back censés nous éclairer sur le passé nébuleux des personnages. En soi, l’idée n’est pas déplorable, mais plutôt son traitement. Sous prétexte d’évoquer une enfance chaotique ou une opportunité de fonder un couple, l’auto-apitoiement est de circonstance. Non satisfait de casser le récit à intervalles réguliers (suffisamment lénifiant pour ne pas en rajouter), ce choix narratif retrace des événements saugrenus. Un trafic de truffes, un vol de poissons d’aquarium, l’entraînement d’un chien de combat… Autant d’éléments accablants qui n’apportent strictement rien à l’ensemble.

Très vite, l’on se rend compte que Bullet Head n’a rien d’un film de braquage. Il ne se supporte même pas la comparaison avec Nid de guêpes dont la thématique et le cadre autorisaient un rapprochement relativement succinct. D’ailleurs, l’objet du vol n’est pas au centre des préoccupations. On dispose d’un coffre fermé et on guette l’arrivée du chauffeur. Pour le reste, l’attente s’éternise en découvrant l’univers des combats d’animaux, plus précisément de pitbulls. Au-delà de l’aspect glauque que génère ce type de sujet, il est une seule occurrence qui aurait pu rattraper la catastrophe annoncée : la présence d’un chien qui traque les trois braqueurs.

Au-delà de la simple ironie que procure une telle situation, certains tenants du survival animalier sont évoqués. L’espace restreint, la bestiole tenace, sans oublier les fuites à répétition vers des endroits « sécurisés ». Le fait d’octroyer au chien une réelle importance aurait pu apporter de la tension et un semblant d’originalité. Cela passe par une intelligence inhabituelle et des capacités physiques surprenantes. Pour autant, le chien n’intervient que trop irrégulièrement pour être une donnée essentielle. Tout juste peut-on se satisfaire de rares séquences amusantes, comme lorsque Stacy (Adrien Brody) est contraint de jouer les gymnastes du dimanche. À noter que le chien a également droit à ses flash-back.

Au final, Bullet Head pâtit d’une histoire indigente à laquelle il est difficile d’apporter un crédit quelconque. D’une profonde vacuité, elle s’écarte de ses ambitions initiales pour se complaire dans un discours contre la maltraitance animale. Dénonciation effectuée en mettant en avant des combats clandestins tout en édulcorant la brutalité de telles pratiques. Et ce ne sont pas les têtes d’affiche qui porteront l’intrigue par leur simple présence. Entre un Rory Culkin largué, un Adrien Brody rebelle et vaillant, un John Malkovich fatigué et un Antonio Banderas aussi absent que cabotineur, le film de Paul Solet ne suscite guère l’enthousiasme. Un pseudo-thriller aux vagues élans dramatiques dont la profondeur réside uniquement dans sa vacuité.

Note : 06/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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