avril 20, 2024

My Name is Bruce

De : Bruce Campbell

Avec Bruce Campbell, Ted Raimi, Grace Thorsen, Ellen Sandweiss

Année: 2007

Pays: Etats-Unis

Genre: Comédie

Résumé:

Confondu avec son personnage de la saga horrifique « Evil Dead », le comédien Bruce Campbell est enlevé par les habitants d’un petit village pour affronter un véritable monstre…

Avis:

La grande machine Hollywood est une vieille garce qui aime torturer certaines de ses stars. Combien de jeunes acteurs ont connu un succès éphémère grâce à un film et n’ont pas su faire face à une industrie qui formate et broie les âmes les plus fragiles? Combien de jeunes acteurs n’ont pas su correctement diriger leur carrière montante au point de sombrer dans la drogue, l’alcool et la dépression? C’est un état de fait et Hollywood ne fait pas dans le sentiment, pouvait se comparer à une immense moissonneuse-batteuse fauchant les âmes les plus faibles. Mais ils arrivent que parfois, certains acteurs, qui ont une carrière moyenne, voire déclinante au fur et à mesure des années, arrivent à avoir assez de recul pour se moquer d’eux-mêmes ou accepter leur notoriété de niche. Bruce Campbell, star des années 80 grâce à Evil Dead, fait partie de ces acteurs qui ont réussi à passer outre une carrière étiolée, pour se forger un statut de personnalité cool, drôle et attendrissante. Mais est-ce bien suffisant pour faire un film auto-dérisoire sur sa propre carrière et le regard que portent les gens sur l’acteur, le confondant souvent avec son personnage Ash? La réponse est non.

My Name is Bruce part déjà sur une idée assez bancale. Le film raconte la descente en enfer de Bruce Campbell, dans son propre rôle, qui tourne des navets à cause d’un producteur complètement incompétent. Pendant ce temps, dans un bled minier paumé, un jeune homme, fan de l’acteur, va libérer un démon chinois qui décime tout le monde. Il kidnappe alors Bruce Campbell pour qu’il puisse les aider à combattre cette créature moustachue. Bruce va alors devoir faire appel à son courage et sa détermination, passer outre son statut de star déchue pour faire face à la réalité. Le problème premier avec ce film, c’est qu’il soit réalisé par l’acteur lui-même, qui joue ici son propre rôle. Alors certes, on est loin du récit hagiographique, mais il n’empêche que l’on ne peut s’empêcher d’y voir une volonté cynique de se mettre sur le devant de la scène. Si Bruce Campbell est un connard de prime abord, un queutard notoire et un colérique stupide, on reste dans le domaine de l’humour et donc d’un personnage qui n’est pas vraiment lui. En fait, tout le film respire le faux et la supercherie, jusque dans les effets spéciaux ou le choix des comédiens.

On a beau savoir que c’est volontairement mauvais, on aura du mal à s’attacher au film tant celui-ci pue le cynisme et la volonté de toujours faire dans le nanar. Les répliques sont complètement nazes, le personnage de Bruce Campbell est détestable en gros crétin bourrin alcoolique qui se force à surjouer dès qu’il trouve une bouteille, la réalisation est pathétique, pour ne pas dire complètement transparente et pire que tout, l’histoire n’a ni queue ni tête. My Name is Bruce est un véritable long moment de solitude, aussi bien pour l’acteur, qui ne se met pas en valeur et fait étalage de son humour pipi/caca, mais aussi pour le spectateur qui voit, incrédule, la mascarade qui se joue sous ses yeux. Si la réalisation est complètement bordélique et essaye à chaque fois de faire plus lourd scène après scène (on va voir le tournage débile de Cavealien 2 par exemple), il en va de même pour l’ambiance qui reste inexistante. Grossissant tous les traits, que ce soit des personnages ou des décors, le film n’arrive jamais à accrocher le spectateur et fait dans le volontairement débile (le coup de l’eau citronnée qui est de la pisse ou encore les interludes chantés façon Délivrance). Le film ne fait donc pas peur, mais ce n’était pas son but premier, mais il ne fait pas rire non plus, ce qui est clairement un aveu d’échec.

Néanmoins, le film tente par quelques divers moyens de faire réfléchir sur certaines choses dans l’industrie du cinéma. A titre d’exemple, on pourra voir que l’acteur est immédiatement remplaçable, même par un mannequin en mousse dans un très mauvais film d’alien sans que cela choque tout le staff technique autour. On verra aussi que la notoriété n’est pas universelle, et que dans certains endroits, la culture n’est pas la même et on se rend compte de sa petitesse, comme lorsque l’acteur se retrouve au milieu des miniers dans ce petit village où personne ne le connait. Avec ce film, Bruce Campbell jette un regard assez acerbe sur sa carrière, mais aussi sur le tout Hollywood et la faculté qu’ont les gens de juger certaines œuvres, notamment des films d’horreur que beaucoup qualifie de série Z. Des messages intéressants donc, mais qui sont noyés dans une masse de bêtise, ce qui ne leur rend pas service. En fait, malgré toutes les bonnes intentions de l’acteur/réalisateur, on reste dans quelque chose de potache et de complètement non maîtrisé. Si on ajoute à cela des acteurs en roue libre comme Ted Raimi, son ami de toujours, qui cabotine à mort dans les trois rôles qu’il joue, on est vraiment dans une dynamique d’abaisser le film au plus bas et de faire de l’humour bas de plafond. Rajoutant aussi les raccourcis et autres ellipses temporelles et on obtient un film qui ne possède aucune consistance.

Au final, My Name is Bruce est une cruelle déception. Ce n’est pas parce que l’on est fan de l’acteur qu’il se permettre de faire et dire n’importe quoi. Le film ne rend absolument pas hommage à l’acteur, ni même à sa carrière, bien au contraire, il le montre comme un incompétent notoire qui a eu les bonnes relations au bon moment, ce qui n’est absolument pas vrai. Bruce Campbell se tire lui-même une balle dans le pied dans ce film dispensable, cynique au possible et qui ne possède aucune moment drôle, un comble pour une comédie. Bref, un film qui loupe complètement le coche, ce qui est dommage.

Note: 06/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=pfROegSomiw[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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