avril 26, 2024

Magic Mustard – M²

Avis :

Le Stoner Rock est un genre qui apparait dans les années 90 avec des groupes comme Kyuss ou encore Sleep. Il s’agit d’un genre qui possède des basses très lourdes, une structure répétitive et dont le rythme ne va pas très vite mais entraine une chape lourde sur l’ensemble. Il s’agit d’un genre très peu radiophonique car bien souvent, les morceaux sont très longs (dépassant allègrement les cinq minutes) et il peut arriver que les groupes ne soient qu’instrumentaux. Avec par exemple Magic Mustard. Alors on ne va pas s’attarder sur le nom étrange de ce groupe, mais plutôt sur sa musique et ce premier album qui est une sublime réussite. Et pourtant, alors que le Stoner a des origines plutôt américaines, le groupe nous provient d’Allemagne et signe un album qui sent la sueur, le sable chaud et le désert brûlant. Avec , le groupe teuton montre un savoir-faire unique, avec une base technique impressionnante, mais surtout un sens du rythme incroyable, car en seulement six titres, il fournit un album de plus de 45 minutes, avec notamment un dernier titre dépassant les onze minutes, sans jamais, ô grand jamais, susciter de l’ennui ou un quelconque vague à l’âme. Magic Mustard est clairement un groupe qui gagne à être connu.

Le skeud débute avec Confusion Frog et comme le groupe le dit sur son « Bandcamp », ils sont là pour faire vivre un trip psychédélique à ses fans, et c’est un peu ce que l’on va ressentir. Dépassant les huit minutes, le morceau démarre lentement, avec quelques pointes de sonorités aériennes, avant de rentrer progressivement dans le vif du sujet, avec des riffs lourds, une rythmique lancinante qui pénètre le corps et surtout une structure redondante mais qui ne fait que monter crescendo avant d’atteindre des sommets de grave et saturation. Tout ça marche du tonnerre et donne irrémédiablement envie de se jeter tête la première dans le deuxième titre. Avec Giant of the Dwarfs (j’aime la contradiction de ce titre), le groupe va faire autre chose. On pourrait même dire que la structure est à l’inverse du premier. En effet, le titre commence assez fort, avant de ralentir lors d’un break psychédélique très marqué et qui fait penser aux heures de gloire de Led Zeppelin sur Whole Lotta Love par exemple, les vocalises en moins. Avec ce titre, Magic Mustard appuie sa technique, livre un solo d’anthologie en arrière-plan, faisant de ce morceau un trip intéressant et de toute beauté. Enfin, pour marquer la fin de la première moitié, le groupe offre Karma, un titre plus simple, mais aussi plus dense dans sa mélodie, offrant un mélange psychédélique mais aussi très lourd dans les riffs de gratte. C’est très bien foutu, même si ça reste moins en tête que les deux précédents morceaux. Mais il permet de voir toute la maestria du groupe et cette facilité qu’il a de monter en parallèle deux rythmiques différentes, l’une lourde et l’autre plus légère, complètement aérienne.

Pour attaquer la seconde moitié de l’album, le groupe choisit Buffalow Muff et l’introduction du titre fait de suite penser à Black Sabbath, et il y a pire comme comparaison (plaçant le groupe d’Ozzy comme l’un des meilleurs de tous les temps). Le morceau démarre rapidement, avec une mélodie catchy qui colle de suite aux tympans et s’imprime dans notre matière grise. C’est à la fois puissant et mélodieux et en plus de cela, on a rapidement envie de bouger la tête au son saturé des deux grattes qui se répondent parfaitement. Bien évidemment, on retrouve des variations dans ce morceau, comme une partie plus lente mais très lourde, qui va faire prendre conscience que nous sommes bel et bien dans du Stoner pur et dur. Avec Echoes of Earth, Magic Mustard change un petit peu de registre, même s’il garde toujours son identité très Stoner. Avec ce titre, le groupe va partir sur le rock psychédélique, offrant quelque chose de plus psychédélique, de plus léger, tout en gardant quand même des riffs lourds pour ne pas sortir d’une ligne de conduite que les membres suivent avec rigueur. Enfin, pour clôturer tout ça, le groupe offre Raging Snail et son début très aérien, poursuivi par des sonorités arabisantes qui donnent toute sa splendeur à ce long titre tout simplement parfait, qui ne conduit à aucun ennui, aucun temps mort et qui démontre que le groupe maîtrise parfaitement son art, le renouvelant sans cesse tout en restant dans un genre qui les caractérise vraiment.

Au final, , le premier vrai album de Magic Mustard, est une belle et franche réussite. Alternant entre le Stoner et le Psychédélic, le groupe fait étal de son talent fou et livre un album quasiment parfait, autant dans sa production que dans sa structure, préférant faire peu de pistes, mais d’une qualité indéniable. On se retrouve donc avec six morceaux qualitativement excellents et il est juste dommage que le groupe ne soit pas plus mis en avant, surtout avec un talent technique aussi fort.

  1. Confusion Frog
  2. Giant of the Dwarfs
  3. Karma
  4. Buffalow Muff
  5. Echoes of Earth
  6. Raging Snail

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=raklPZs3I2c[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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