De : Jean Becker
Avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck, Jean-Quentin Chatelain
Année : 2018
Pays : France
Genre : Drame, Thriller
Résumé :
Dans une petite ville, écrasée par la chaleur de l’été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d’une caserne déserte. Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes. Trois personnages et, au milieu d’eux, un chien, qui détient la clef du drame…
Avis :
À quatre-vingt-quatre ans, Jean Becker continue sans faire de vagues son petit bonhomme de chemin. Fils de l’immense Jacques Becker, Jean Becker a commencé à réaliser dans les années 60 et depuis, il ne cesse de nous offrir avec plus ou moins de réussite bien sûr, de petites madeleines pleines de douceur. On se souviendra de « L’été meurtrier« , « Les enfants du Paradis« , « Deux jours à tuer« , « Un crime au paradis« , ou encore celui que je considère personnellement comme son chef d’œuvre, « L’effroyable Jardin« .
On avait laissé Jean Becker sur une note amusante avec le huis-clos « vaudevillien » « Bon rétablissement » et voici que quatre ans plus tard, le réalisateur nous revient avec un film qui aborde l’après Première Guerre mondiale. Sans être un grand cru pour Jean Becker, ce petit « … collier rouge » arrive à tenir son petit effet jusqu’à son joli final et l’on quitte le film avec la sensation d’avoir passé un bon petit moment de cinéma. Un moment plein de charme, un moment plongé dans un France d’antan, et un moment qui montre et démontre encore que malgré son grand âge, Jean Becker peut étonner et c’est déjà très bien.
1919, dans la chaleur de l’été, le commandant et juge Lantier est envoyé dans un petit village afin de juger Jacques Morlac, un paysan envoyé à la guerre et revenu décoré des plus hautes distinctions. Jacques Morlac, peu de temps après la fin de la guerre, a commis un outrage si grand qu’il en est passible de la peine de mort. Lantier est décidé à découvrir pourquoi cet homme qui a tant donné à la mère patrie se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés.
« Le collier rouge » est donc le dernier-né d’un de nos réalisateurs les plus tendres (dans sa filmographie, j’entends). Avec ce film, Jean Becker nous revient en jolie forme, même si son nouveau film ne sera pas non plus un inoubliable dans sa carrière.
Pour ce quinzième film, Jean Becker s’arrête sur les ravages de la Première Guerre mondiale à travers un joli face à face de deux poids lourds du cinéma Français, François Cluzet en juge et Nicolas Duvauchelle en accusé. Ce qui est joli, prenant, intéressant et bien fait, ce sont tous les sujets que ce « … collier rouge » va brasser à travers le face-à-face des deux hommes. Revenant sur les conditions de vie et le sort des soldats, ce film mettra en lumière l’engagement pour la patrie, les morts au combat et ces familles décimées à travers le pays. Jean Becker y parlera des jeunesses sacrifiées pour la liberté. Jean Becker interroge aussi sur la notion de héros de la nation, posant de bonnes réflexions. Et bien sûr, comme une obligation, mais sans en faire trop, le cinéaste parlera des ravages de la guerre dans le cœur et l’esprit des hommes. Tout ceci est certes loin d’être neuf, mais il y a beaucoup de sincérité qui se dégage de ce petit film. On notera, soit dit en passant, que Jean Becker démontre qu’il en a encore un petit peu sous le capot, avec des scènes de bataille, certes très simples, mais très efficaces.
De plus, le scénario arrive à nous tenir en haleine, allant presque, et je dis bien presque, chercher du côté du thriller, puisque Jean Becker, en mélangeant les intrigues pour mieux les confondre, tiendra le secret sur ce qu’a pu faire son accusé.
Après, comme je le disais plus haut, « Le collier rouge » n’est pas non plus le meilleur film de son réalisateur. On lui reprochera un côté un peu trop plat et sans grande surprise. On lui reprochera une histoire de cœur qui, si elle demeure jolie, nous écarte dans son dernier quart des ravages de la guerre. Le film manque aussi d’émotion et si l’on est touché, par moments, il est vrai qu’il nous tient plus par cette intrigue autour de ce qu’a pu faire son accusé que sur ce qui lie ou même arrive à ses personnages. Puis enfin, dernier petit hic et peut-être des plus agaçants, un chien (important dans l’intrigue) qui aboie en permanence.
Malgré tout, on ressort donc du dernier-né de Jean Becker plutôt satisfait. Entre qualités et défauts, on s’est finalement laissé prendre dans cette petite histoire et tous les sujets qu’elle aborde. « Le collier rouge » ne sera donc pas le film de l’année, ni même celui qu’on retiendra de cet excellent auteur, mais à aucun moment personnellement, je regrette de m’y être arrêté.
Note : 11/20
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Par Cinéted