mars 28, 2024

Mayhem

De : Joe Lynch

Avec Steven Yeung, Samara Weaving, Steven Brand, Caroline Chikezie

Année: 2017

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Fraîchement remercié par ses employeurs, un col blanc prépare son départ en ruminant sa rancœur. Au même moment, un mystérieux virus éclate, transformant chacun des membres de la firme en infecté assoiffé de sang…

Avis:

Joe Lynch est un réalisateur qui navigue dans les sombres et vastes étendues des direct To DVD et ça depuis ses débuts. Si « Mayhem » est son cinquième film en dix ans (on lui doit entre autre « Détour mortel 2« , « Knights Of Badassdom » ou dernièrement « Everly » avec Salma Hayek, qui avait fait parler de lui), Joe Lynch reste méconnu et c’est bien dommage, car le monsieur a un bon cinéma à nous vendre et ce n’est pas sa dernière mise en scène qui nous dira le contraire.

Présenté hors compétition au PIFFF, « Mayhem » est la surprise explosive de ce festival. Fun, barré, déjanté, jouissif, décomplexé, critique, Joe Lynch nous sert ici une bombe imprévisible devant laquelle il est impossible de ne pas s’éclater. Emporté par un duo d’acteurs au top, « Mayhem » sème le chaos à tous les étages de sa tour infernale et on le quitte bien trop vite. Il est donc fort dommage que ce genre de pépite ne sorte pas en salle, car autant d’audace, mais aussi de pertinence, mérite bien plus qu’une sortie, on l’imagine discrète, dans nos rayons.

Il y a quelque temps de cela, le virus ID7 a fait son apparition dans notre monde. Ce dernier ne transforme pas les gens en zombie, d’ailleurs, il ne les tue même pas. Non, ce dernier est comme un interrupteur et ce qu’il éteint, c’est le contrôle de soi. Ce virus, littéralement, désinhibe les gens, libère les pulsions primaires. Violence, sexe et meurtres sont une petite partie des effets secondaires et des catastrophes que le virus, dit de l’œil rouge, véhicule avec lui. Derek Cho est un employé plein d’ambition, mais ce dernier s’est fait piéger et virer sans même pouvoir s’expliquer. Alors qu’il aimerait bien monter au huitième étage où se trouve les dirigeants de sa boite, cette dernière est mise en quarantaine, car le virus de l’œil rouge vient d’être détecté dans les couloirs de ventilation…

« Mayhem » est un survival en forme de huis-clos dingue, piégé dans la tour d’une société. Inattendu, le film de Joe Lynch est un moment de cinéma aussi délirant qu’il est aussi sérieux, critiquant (certes un peu dans la caricature) le monde du travail, le management et le stress que le travail apporte.

« Mayhem« , c’est un scénario généreux. Alors certes, on pourra lui reprocher de ne pas vraiment s’attarder sur le dit virus (d’ailleurs, on peut se demander si le virus n’est pas un prétexte à cette critique). Certes, on pourra lui reprocher de ne pas avoir de seconds rôles plus approfondis, mais finalement, le scénario fonctionne si bien comme ça que ces faiblesses s’effacent face au plaisir barré qu’on a de suivre cette folle ascension vers le haut de cette tour. D’ailleurs, cette ascension a des allures de jeu vidéo, allant d’étage en étage, comme si ces derniers étaient des niveaux et bien entendu, le huitième est tenu par le boss final.

Ce qui est terrible avec « Mayhem« , c’est que Joe Lynch arrive à développer son intrigue au fur et à mesure des étages que nos deux compères infectés et ultras excités montent. À travers cette quête, et les réflexions que les deux personnages se font sur le monde de l’entreprise, du travail, et plus largement du capitalisme, Joe Lynch livre un film qui ne mâche pas ses mots. On peut même dire que certaines de ces caricatures apportent une dérision, une moquerie, de ce monde froid, où bien souvent chacun n’est qu’un pion interchangeable. Bien souvent, l’intrigue, dans ses rebondissements, tourne autour d’une négociation, un rapport de force, et un intérêt, et c’est très bien vu, en plus d’être subtil à plus d’une reprise.

Si le fond est là, et s’avère intéressant, « Mayhem » est aussi une forme de folie. Une forme qui s’accorde à la perfection avec le mot hystérie, car une fois les employés contaminés (ce qui se résume à un petit quart d’heure avant d’arriver à ce résultat), « Mayhem » n’arrête pas une seule seconde. Rythmé, badass, décalé, barge, gore, l’ambiance vire au chaos et la mise en scène de Joe Lynch est tout simplement géniale. Inventive (les bastons sont folles et violentes et ça, même au second, voire troisième plan) nerveuse, sachant aussi ne pas se prendre au sérieux, afin de nous divertir autant que de nous tenir.

Enfin, « Mayhem« , c’est Steven Yeun, qui depuis son départ d’une certaine série, démontre qu’il choisit très bien ses projets. Après un bon rôle dans le « Okja » de Bong Joon-ho (une autre bombe de l’année), il trouve un rôle étonnant, dingue, fou, et il l’emporte jusqu’au bout. Pour l’accompagner jusqu’au huitième étage, on trouvera à ses côtés la jeune et tout aussi folle que lui, voire plus perverse encore, Samara Weaving. Hilarante, l’actrice se lâche complétement, au point d’en être parfois terrifiante. On notera une excellente composition pour Dalles Robert dit la faucheuse…

Bref, Joe Lynch nous régale, et surtout, avec un tel film, il pique notre intérêt à vif. Triste que « Mayhem » n’ait pas les honneurs de nos salles de cinéma, mais une chose est sûre, on attend la sortie DVD et Blu-ray avec impatience, histoire de se rejeter dans cette hystérie collective avec jouissance.

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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