De : Robert Crombie et Sofya Skya
Avec Christian Slater, Sofya Skya, Cole Hauser, Angus Macfadyen
Année : 2015
Pays : Etats-Unis, Russie
Genre : Action
Résumé :
Maya, une jolie ballerine est poursuivie par la mafia Russe après l’assassinat de son mari, un homme d’affaires puissant. Certains documents d’une valeur de plusieurs millions de dollars sont portés disparus. Refusant de coopérer et entourée de flics corrompus, elle est jetée en prison. Bientôt elle découvre que sa fille est kidnappée. L’instinct maternel de Maya va alors s’avérer mortel car elle se prépare à tuer toute personne qui l’empêchera de retrouver sa fille…
Avis :
Quand on se penche sur la filmographie de Christian Slater, on trouve des rôles de premier plan, des séries avortées, des participations secondaires et des DTV clairement dispensables. Production russo-américaine, Assassins Run joue sur ces deux derniers tableaux. En termes d’action et de thriller, le marché est bien fourni en navets et autres métrages éventés par un manque de talents, d’ambitions et de moyens. Ici, l’on peut ajouter la publicité mensongère et racoleuse avec une affiche complètement hors sujet. Non, Christian Slater n’est pas un ancien militaire ou un mercenaire. Non, Moscou n’est pas sous le joug d’une attaque d’envergure, comme c’est le cas dans La chute de la maison blanche. Mais alors, qu’avons-nous là ?
C’est bien le problème. Autant le pitch que le trailer ne peuvent aider à distinguer exactement l’objet en question sans créer la confusion ou éventer l’entièreté du scénario. Pire que cela, l’intrigue s’étire en longueur pour exposer l’insouciance et le confort matériel des protagonistes. Cette lénifiante évolution brouille le fil directeur. Dès lors, on ne sait pas trop où les réalisateurs veulent en venir. Description d’une Russie « terre d’opportunité », portrait du succès d’un businessman bien sous tous rapports ou, pourquoi pas, le parcours chaotique d’une danseuse étoile ? Chaque aspect entre en collision avec les précédents sans parvenir à trouver une orientation générale clairement établie.
On ignore encore dans quel genre on peut classer Assassins Run quand, soudainement, tout s’accélère. On précipite les éléments perturbateurs, parce qu’on se rappelle que le film ne dure que 88 minutes. Après une demi-heure de tergiversations inutiles, on sombre dans une sorte de conspiration politico-mafieuse obscure destinée à briser le destin des protagonistes. Autre escroquerie à l’horizon. On en profite à ce stade pour mettre un terme à la participation furtive de Christian Slater pour se concentrer sur Sofya Skya, également coréalisatrice. Après un retournement de situation aussi alambiquée que farfelue, sa compagne à l’écran lui vole donc la vedette.
Et l’on va de mal en pis avec une descente aux enfers qui multiplient les poncifs (flic véreux, dissimulation de preuves, enlèvement et tentatives de viol…) tout en décrédibilisant le peu de réalisme d’une telle histoire. On demeure constamment dans le flou où l’on évoque des papiers, de l’argent perdu, détourné ou obtenu bizarrement. Si les tenants sont loin d’être clairs, le récit s’essaye au thriller carcéral sans jamais convaincre. Enfermement, dureté des conditions de vie et élaboration d’un plan d’évasion sont esquissés à la va-vite. Cette parenthèse inattendue et inutile tente même une incursion dans les combats clandestins.
L’idée de concilier les chorégraphies d’une ballerine aux arts martiaux n’est pas mauvaise. Mais à l’écran, le concept sonne faux et paraît plus ridicule qu’efficace. Notre (nouveau) personnage principal effectue ses pas de danse avec une certaine redondance. Les coups portés sont vite expédiés, l’architecture des affrontements se révèle basique et la pertinence de cette technique pour le moins originale reste très discutable dans la réalité, notamment quand il faut faire face à des armes à feu. Comme pour enfoncer le clou, l’épilogue se paye le luxe de laisser une fin ouverte, négligeant par la même certaines motivations et interrogations. Qu’importe, l’ensemble est déjà suffisamment brouillon !
Au final, Assassins Run est un mélange improbable d’action et de thriller en essaimant un peu tout et n’importe quoi dans son sillage. Affublé d’une intrigue fumeuse et sans intérêt, ce métrage souffre aussi d’une campagne marketing douteuse qui multiplie les mensonges et les maladresses. Ces flashbacks incessants tentent de titiller la fibre émotionnelle, mais ne font qu’agacer puisque l’on passe en boucle les mêmes séquences avec des effets de mise en scène d’une autre époque. Il en ressort un moment ennuyeux, plus pénible que divertissant. Une approche prétentieuse et complexe qui dissimule une linéarité et une simplicité confondantes.
Note : 04/20
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Par Dante