Fiche technique :
Auteur : Ted Alspach
Joueurs : 1 à 4
Durée : 90 min
Première parution : 2012
But du jeu :
Augmentez le plus la population de votre ville en accroissant votre réputation !
Règles :
Suburbia place les joueurs dans la peau d’un urbaniste gérant une ville qu’ils vont agrandir au fil de la partie. Ils vont devoir gérer en permanence leurs niveaux de Revenus (chiffres dans des ronds) et de Réputation (chiffres dans des carrés). Chacun démarre avec 15 dollars et 3 tuiles : 1 Banlieue, 1 Usine, 1 Parc. Ces tuiles, tout comme les autres, offrent des bonus lorsqu’elles sont mises en jeu. La plupart ont un effet qui dépend des tuiles adjacentes. Les joueurs tirent également 2 objectifs et en gardent 1 devant eux face cachée. Ils possèdent également 3 jetons Investissement représentés par un « x2 ».
On place le plateau servant à accueillir l’argent et le plateau central représentant le Marché. Chaque joueur débute la partie avec un Revenu de 0 et une Réputation de 1, et une Population (les points de victoire) de 2. Un certain nombre d’objectifs sont révélés en fonction du nombre de joueurs, communs à tout le monde. On créé les 3 piles de bâtiments, A, B et C, que l’on place sur le plateau dédié. Puis on révèle les premières tuiles sous le Marché.
Lors de son tour, un joueur effectue une action parmi plusieurs choix :
- Acheter une tuile et la placer à côté d’une de sa cité, en payant le coût de la tuile + le coût du Marché. Si les niveaux de Revenu, de Réputation ou de Population changent, l’effet est immédiatement appliqué et les effets sont rétroactifs. Même chose si le placement de la tuile provoque un gain d’argent.
- Transformer une tuile en lac. Pour cela il suffit de la retourner de l’autre côté, et de supprimer une des tuiles du Marché en payant le coût indiqué sur celui-ci. Un lac rapporte 2 dollars par tuile non-lac adjacente, placée avant ou après le lac.
- Acheter une tuile de base (Usine, Balnieue ou Parc). Même principe que les deux précédentes, payer le coût puis supprimer une tuile du Marché en en payant le coût.
- Utiliser un jeton Investissement pour doubler l’effet d’une tuile. Tous les chiffres présents dessus sont doublés et tous les niveaux sont réajustés en conséquence, même rétroactivement. Il suffit de payer le coût de la tuile, de placer dessus et de supprimer une tuile du Marché en payant le coût adéquat.
Une fois son action effectuée, le joueur touche son Revenu, puis gagne autant de Population que sa Réputation. On décale les bâtiments du Marché pour remplir les espaces de plus faible valeur et on rajoute une tuile dans l’emplacement le plus cher.
La piste de score est marquée de paliers à intervalles divers. Lorsqu’un joueur dépasse un des paliers, il baisse son Revenu et sa Réputation d’1 point. De la même façon, s’il perd de la Population et redescend d’un palier, il regagne ce qu’il avait perdu.
Parmi les tuiles de bâtiments C se trouve celle qui met fin à la partie, on termine le tour en cours puis chaque joueur joue une dernière fois, de sorte que tout le monde ait joué autant. Puis on vérifie les objectifs communs, le ou les joueurs ayant l’avantage dans le critère concerné gagnent la Population correspondante (posséder le plus d’argent, avoir le moins de Réputation, avoir bâti le plus de lacs, etc). Tous les adversaires révèlent ensuite leur objectif individuel. Il est résolu de la même façon mais contrairement aux objectifs communs, il faut avoir l’avantage pour remporter les points (les égalités ne comptent pas). Puis chacun gagne 1 Population tous les 5 dollars qu’il possède. A l’issue de ces rajouts, celui qui possède le plus de Population est le gagnant !
Avis :
Suburbia est donc un jeu de gestion d’argent et d’espace. A chaque tour il va s’agir d’optimiser notre capital et l’emplacement de la tuile que le joueur achète pour garder un Revenu et une Réputation élevés, ou du moins au niveau que l’on souhaite. Les premiers tours sont souvent pénibles et frustrants car on a l’impression de ne rien pouvoir faire. En effet, le Revenu de base est de 0, ce qui implique que le joueur ne gagnera aucun dollar à la fin de son tour s’il n’y remédie pas. Le grand nombre de tuiles augmentant cette donnée fait que cela ne pose aucun souci mais il faut être prêt à miser sur le long terme : les tuiles, surtout en début de partie, rapportent beaucoup moins que ce qu’elles coûtent. Il est habituel de faire des lacs tôt dans une partie pour se renflouer et faire un tour de jeu décent juste après.
Comme dans tout bon jeu de gestion d’argent, les achats se jouent généralement à 1 dollar près et il n’est pas rare de se voir soulagé de pouvoir acheter le bâtiment que l’on désirait en ayant juste la somme requise, ou au contraire de rager en voyant que le sous manquant avait été dépensé quelques tours avant lors d’un choix délicat entre deux bâtiments équivalents. Il est donc nécessaire d’optimiser chaque achat, comme dit précédemment. Et dans la mesure où les niveaux de Revenus et de Réputation baissent à mesure que l’on engrange la Population, il faut sans cesse la remettre à niveau.
Il est fait mention dans la règle que les tuiles ont des effets selon le type de bâtiments adjacents. C’est pourquoi chaque placement a son importance. Enfin chaque… Certaines tuiles font effet indépendamment de leur emplacement, certaines fonctionnent quand c’est un adversaire qui en place une, mais la plupart interagissent avec leurs voisines. Ne serait-ce que les lacs, qui perdent en intérêt s’ils sont placés à côté d’autres lacs.
L’utilisation du jeton Investissement est également à prendre en considération. Celui-ci double tous les effets d’une tuile, qu’ils soient positifs ou négatifs. Bien utilisé, il peut renverser une partie en accroissant fortement les deux niveaux du jeu. Il est même possible de l’utiliser sur un lac pour toucher de nouveau l’argent qu’il a rapporté, et faire en sorte que chaque tuile placée à côté octroie 4 dollars au lieu de 2. Et quand on sait qu’un petit dollar peut tout changer… Néanmoins ce bonus a un coût, prohibitif selon la tuile que l’on veut améliorer (les lacs sont gratuits).
A propos des interactions entre joueurs, celles-ci sont très limitées. En fait, il s’agit simplement d’acheter voire de supprimer des tuiles qui pourraient être intéressantes pour les autres joueurs. De rares bâtiments offrent des avantages lorsqu’un joueur acquiert un bâtiment d’un type spécifique mais cela s’arrête là. Il s’agit surtout de jouer dans son coin mieux que tout le monde.
La rejouabilité est assez bonne, à chaque partie un certain nombre de bâtiments sont tirés parmi tous ceux disponibles, mélangés puis empilés pour former une pioche, qui ne sera donc jamais la même d’une partie à l’autre. Cela permet de réiventer sa façon de jouer à chaque fois.
Là où le bât blesse c’est au niveau du design global. Le plateau destiné à accueillir les sous de la banque est bien trop petit pour la quantité de pièces, à moins de perdre son temps à les empiler. Du coup les pièces sortent du plateau, ce qui laisse à penser qu’il ne sert à rien. Dommage car les autres plateaux sont très clairs et pratiques, avec les zones délimitées, les prix du Marché, etc.
Les récapitulatifs sont très pratiques. Recto verso, ils permettent de voir en un clin d’oeil comment se déroule un tour de jeu et dans quel ordre appliquer les effets d’arrivée en jeu d’un bâtiment. Le code Rond = Revenu et Carré = Réputation fonctionne très bien et n’entre en conflit avec aucun autre du jeu.
Le souci majeur vient d’une traduction approximative et d’une signalétique aléatoire. Certains bâtiments ont des mots en gras et d’autres pas, mais tous les mots en gras ne se réfèrent pas à la même chose d’une tuile à l’autre. Il est fréquent de devoir vérifier sur l’annexe décrivant l’effet des bâtiments si le texte est correct ou non car il est parfois indiqué, par exemple, que telle tuile fonctionne pour tous les bâtiments d’un type choisi, alors qu’il ne fait effet que pour les bâtiments de ce type, mais que l’on possède, et non possédés par tout le monde. Ce qui fait une énorme différence, alors que pour les deux cas le texte est souvent le même. Ce qui fait que l’on s’y perd souvent.
Malgré tout, le jeu possède de bonnes qualités et plaira à ceux qui veulent jouer les urbanistes en herbe, et ceux qui aiment les jeux de banquiers comme Megawatts. Pour peu que l’on passe outre la rédaction inexacte de beaucoup de bâtiments…
Note: 13/20
Par Flippy Who