Titre Original : Roger Corman’s Death Race 2050
De: G. J. Echternkamp
Avec Manu Bennett, Malcolm McDowell, Marci Miller, Folake Olowofoyeku
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction, Action
Résumé :
En l’an 2050, M. Président règne en maître sur l’Amérique. L’événement de l’année est désormais La Course à la Mort où tous les coups sont permis afin de remporter le titre suprême ! Mi-homme, mi-machine, Frankenstein est le champion de la discipline et le favori pour cette nouvelle édition qui réservera encore son lot de surprises…
Avis :
Roger Corman est un dinosaure du cinéma. Alors qu’il est âgé de 91 ans à l’heure où j’écris ces lignes, il est un cinéaste et producteur connu, reconnu et respecté. Malgré sa propension à partir vers la série B, voire le Z, on doit tout de même à Roger Corman des lancements de carrières incroyables comme Francis Ford Coppola en produisant Dementia 13, Martin Scorsese ou encore Joe Dante, j’en passe et des meilleurs. En 1975, il va sortir un film que l’on pourrait qualifier d’anticipation avec La Course à la Mort, voulant tirer à boulets à rouge sur une société spectacle qu’il juge futile. Condamnant par la même occasion le gouvernement, les médias et les nouvelles technologies, Roger Corman a réussi à faire un film qui continue de faire parler de lui aujourd’hui. Si le film a connu plusieurs remakes, dont un plutôt sympathique (dans le sens bourrin et débile) avec Jason Statham, le seul vrai film qui semble être une relecture du matériau d’origine est La Course à la Mort 2050 qui n’a eu droit qu’à une sortie DVD de par chez nous. Et on comprend totalement pourquoi.
L’histoire se déroule dans un futur plus ou moins proche et l’Amérique est devenue le seul pays au monde. Devant sa toute puissance et l’asservissement des peuples, on a décidé de créer un nouveau jeu, une course à la mort où tous les coups sont permis et les pilotes gagnent des points en tuant des gens. Frankenstein est le meilleur dans cette discipline, mais au fur et à mesure de cette dernière course, il va ouvrir les yeux sur une société qui part à vau-l’eau. Dans le fond, le film essaye d’exploiter à fond les tollés du film d’origine. Ici, on s’attaque à la politique, avec une corruption qui n’est même plus cachée, mais aussi à la société qui ne meurt plus et qui doit être régulée par des courses meurtrières ou encore la religion avec des fanatiques dans tous les coins du monde. Cette propension à vouloir parler de tout et de démontrer tous les méfaits de ces excès fait de La Course à la Mort 2050 un pot-pourri où tout se mélange sans vraiment de cohérence, avec un débit proche de l’hyperactivité.
Le problème, c’est que le film veut être un bon gros nanar dégueulasse afin de marquer par l’absurde. Malheureusement, ce n’est pas comme cela que se construit un nanar. Par définition, il s’agit d’un film qui se prend au sérieux et qui loupe complètement son but à cause d’une histoire rocambolesque, d’une mise en scène incohérente ou encore d’acteurs complètement à la masse. Parfois, les trois combinés offrent un spectacle tétanisant. Sauf que ce n’est pas voulu par le réalisateur à la base. Avec ce film, tout est calculé et tout est fait pour rendre l’image, la réalisation et les acteurs dégueulasses. On sent un réel opportunisme et une volonté de « ringardiser » son métrage. Et ça se voit. De ce fait, il est bien impossible de rire des mauvais effets spéciaux, des punchlines complètement débiles que se lancent les concurrents ou encore des messages tellement grossiers qu’ils donnent presque envie que ce monde finisse comme cela. Il y a un réel problème de perception dans ce film. On ne peut pas faire un nanar volontairement, car cela tourne rapidement au navet, et c’est ce qui arrive à ce film.
Alors on ressent bien cette volonté de tout détruire sur son passage et de montrer tout ce qui ne va pas dans notre société, mais c’est tellement vilain que rien ne se transmet. C’est bien simple, Malcolm McDowell en fait des caisses, c’est insupportable, Manu Bennett en acteur au chômage post Arrow de demande ce qu’il fout là et la seule actrice qui s’en sort bien, c’est Marci Miller, mais parce que c’est une fille callipyge. Les mises à mort sont ridicules avec des effets numériques imbuvables, tout ça pour montrer la décadence de notre société. Et que dire des relations entre les personnages qui sont navrantes de bêtise, à l’image de cette homme créé en éprouvette et représentant la perfection, mais qui se bagarre avec un boxer en lycra doré. A force d’en faire des tonnes, d’en rajoutant jusqu’à plus soif, le film se perd dans un marasme qui n’est ni drôle, ni intéressant. C’est d’ailleurs étonnant que certains acteurs plus ou moins connus aient accepté de jouer là-dedans, car c’est vraiment une souffrance à regarder. Même au niveau du rythme c’est loupé, recréant sans arrêt les mêmes scènes sans une once d’originalité et se voulant faussement hystérique dans son montage.
Au final, La Course à la Mort 2050 est une bouse incroyable qu’il faut à tout prix éviter de voir. Le film est tout ce qu’il ne faut pas faire dans le cinéma. On ne peut pas faire de nanar volontaire et ce film en est l’exemple même, n’arrivant jamais à avoir du recul sur sa médiocrité et sur sa surenchère de bêtise (on aura même droit aux ninjas). Bref, il s’agit-là d’un pur produit marketing qui surfe sur le nom de Roger Corman, mais qui ne crée pas l’empathie que l’on peut avoir pour les nanars et les mauvais films attrayants, bien au contraire, il attise une certaine haine.
Note : 00/20
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Par AqME